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Il y a un an, le cdH débranchait la prise: « il n’y a eu ni révolution, ni révélation »

Le 19 juin 2017, mine grave, Benoît Lutgen, le président du cdH, annonçait que son parti se retirait des gouvernements régionaux, « dégoûté » par les affaires à répétition – Publifin et SamuSocial en tête – dans lesquelles le PS était empêtré. Un an plus tard, « il n’y a eu ni révolution, ni révélation », estime Pierre Verjans, politologue à l’Université de Liège (ULg).

Coup de génie pour quelques-uns, attitude suicidaire pour d’autres, l’appel lancé par le président des Humanistes visait avant tout à mettre en place de nouvelles majorités en Région wallonne, en Région bruxelloise et en Fédération Wallonie-Bruxelles afin de « permettre aux francophones d’accélérer la voie du redressement et de la prospérité pour tous, avec la volonté acharnée de la performance, de l’éthique et de la bonne gouvernance », expliquait-il à l’époque.

Aujourd’hui, si des réformes ont bien été votées en matière de gouvernance, seule la Wallonie a changé de majorité, le PS y ayant été renvoyé dans l’opposition pour la première fois depuis 1980. A Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles, au contraire, les majorités sont restées en place, au grand dam du cdH dès lors contraint de faire face à une situation schizophrénique.

« Si les humanistes avaient assumé dès le départ ces majorités et ces alliances différentes selon les Régions, ils auraient pu bénéficier d’une position originale sur la scène politique. Mais ils se sont retirés en cours de législature dans ce qui est apparu comme le résultat d’une grande improvisation même si Benoît Lutgen y pensait sans doute depuis longtemps. Cette position a incontestablement desservi le parti », avec des responsables qui ont dû après coup justifier une décision qui n’était pas la leur, a poursuivi Pierre Verjans. « En un an, il n’y a eu ni révélation, ni révolution. On peut tout de même parler d’une rupture » mais qui ne se reflète pas forcément dans les sondages « et dont on ne sait comment elle va être capitalisée par le parti », a ajouté le politologue.

Lors du dernier grand baromètre Ipsos réalisé pour le compte de plusieurs médias et publié le 8 juin, le cdH recueillait 9% des intentions de vote en Wallonie, loin derrière le PS (23,4%) le MR (20%) et Ecolo (13,2%). Cette absence d’évolution marquante en termes d’intentions de vote « doit être plus qu’une déception pour Benoît Lutgen dont le parti n’a pas gagné en crédibilité vis-à-vis de ses partenaires, y compris du côté du MR », a encore analysé Pierre Verjans. « Cette perte de crédibilité, c’est un élément qui jouera au sein du cdH quand il devra réélire son président. Après les élections de 2019, Benoît Lutgen devra certainement rendre des comptes », a-t-il conclu.

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