Hans Bonte © BELGA

« Il y a encore des dizaines d’Abdeslam qui se promènent à Bruxelles »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

La semaine dernière, le quotidien l’Echo révélait que la police judiciaire fédérale (DR3) avait reçu dès juillet 2014 des informations d’une source considérée comme « fiable » sur des projets d’attentats fomentés par les frères Abdeslam. Interrogé par l’hebdomadaire flamand Humo, le bourgmestre de Vilvorde Hans Bonte (sp.a) craint qu’il y ait encore des dizaines d’Abdeslam qui se promènent à Bruxelles.

Hans Bonte se demande comment on a pu laisser agir les frères Abdeslam comme ils l’entendaient. « La liste de l’OCAM mentionne tous les FTF (NDLR : foreign terrorist fighters). Avec leurs gros casiers judiciaires, les frères Abdeslam répondent parfaitement au profil de terroristes potentiels : beaucoup d’entre eux fuient la justice. Et pourtant rien n’indique que les Abdeslam aient été perturbés dans leurs faits et gestes. Ils ont même pu réserver des voitures et des hôtels pour commettre leurs attentats mortels à Paris. Comment est-ce possible ? »

Hans Bonte rappelle que le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) a envoyé une circulaire relative aux combattants étrangers en août 2015. « Le suivi doit avoir lieu au niveau communal. C’est une interaction ingénieuse entre la police et l’état, qui si elle est bien exécutée, peut être réussie. À Vilvorde, par exemple, depuis mai 2014, plus personne n’est parti en Syrie » explique-t-il à Humo.

Aversion envers la N-VA

Le socialiste flamand accuse les responsables politiques bruxellois de négliger la circulaire de Jambon par aversion envers la N-VA. Selon lui, ils préfèrent pointer du doigt le parquet et la police fédérale. « Napoléon le savait déjà. La base d’une bonne politique sécuritaire, c’est un bon registre de la population. Mais à Molenbeek, ce registre ne vaut rien. ‘On ne peut tenir à jour les habitants de notre commune’, déclare la bourgmestre Françoise Schepmans (MR). Mais quand Jambon propose d’envoyer des fonctionnaires dans sa commune pour mettre de l’ordre, elle rejette son idée : ‘On le fera nous-mêmes.' »

D’après Bonte, Bruxelles est le talon d’Achille de la politique sécuritaire. Bruxelles serait la planque idéale pour les personnes qui souhaitent disparaître, puisqu’on peut s’installer où on veut, sans s’inscrire. Et si on a tout de même un problème, il suffit de déménager dans une autre commune bruxelloise et donc, de changer de zone de police dirigée « par des bourgmestres qui se haïssent parfois ».

Anarchie

« La nonchalance qui caractérise Bruxelles confine à l’anarchie, ce qui pousse de plus en plus de gens à se détourner du droit chemin. Regardez Brahim Abdeslam: 40 procès-verbaux classés sans suite. Je crains qu’en ce moment il y ait des dizaines d’Abdeslam qui se promènent à Bruxelles, et peut-être même des centaines » déclare-t-il. Aussi affirme-t-il qu’il est grand temps de respecter les consignes de la circulaire de Jambon.

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