Etienne de Callataÿ © Lies Willaert

« Il y a de la suffisance dans la success-story flamande et c’est dangereux »

Han Renard

« Les politiciens parlent trop d’argent », déclare Étienne de Callataÿ. « Il ne s’agit presque jamais de bonheur ». Pour le célèbre économiste, c’est là une explication importante pour les victoires électorales du PTB et du Vlaams Belang. Entretien.

Comment lisez-vous les résultats du 26 mai ?

Étienne de Callataÿ: Le succès du PTB en Wallonie et du Vlaams Belang en Flandre est évidemment remarquable. Les explications sont en grande partie les mêmes. Il y a un sentiment de perte chez les électeurs des deux partis : en pouvoir d’achat, en perspectives d’avenir, en protection formelle par la sécurité sociale et la protection informelle par la famille, en sécurité sur le marché du travail. Les gens subissent aussi une perte de respect de la part des politiciens ou de leurs patrons, qui semblent les considérer uniquement comme des pions dans une partie d’échecs. Aujourd’hui, celui qui n’obtient pas de bons résultats, se retrouve à la rue. Les électeurs du PTB et du Vlaams Belang exigent avant tout plus de protection.

Il n’est pas non plus surprenant que les électeurs d’extrême droite et d’extrême gauche aient les mêmes motifs. En France, les anciens électeurs du Parti communiste sont massivement passés au Front national – aujourd’hui Rassemblement national. Je ne dirais donc pas sur base des résultats du 26 mai que la Belgique se compose de deux démocraties.

Est-il possible de justifier objectivement le sentiment de perte que vous venez d’évoquer ?

Bien sûr. La famille, par exemple, offre moins de protection aujourd’hui qu’il y a deux générations. Et un emploi à vie n’est plus la règle – les gens entendent à la radio que la robotisation et l’intelligence artificielle vont changer presque la moitié des emplois et en faire disparaître beaucoup d’autres. En outre, les gens sont mieux informés sur les conflits internationaux, ce qui les inquiète également. Ou prenez la migration : encore une source d’insécurité et de peur.

Manifestement, la migration a joué un rôle important dans les isoloirs flamands.

C’est ce qu’on dit, oui. Il y a, bien sûr, une grande polarisation autour de la migration, mais ce n’est pas le coeur du problème. La migration est un phénomène périphérique où l’insatisfaction sociale se cristallise.

La véritable cause de l’insatisfaction est-elle socio-économique?

Non. Je suis économiste, mais je pense que l’on accorde trop d’attention à l’économie et aux portefeuilles des gens. Les politiciens parlent trop souvent d’argent: « Augmentez les indemnités, réduisez les impôts ». On ne parle jamais de bien-être, de bonheur ou d’avenir. Ou prenez l’Europe. Elle devrait être une source d’inspiration, mais les politiciens font l’éloge de l’Union auprès des citoyens avec des arguments tels que : « Grâce à l’UE, notre produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 1,5% ». Qu’est-ce que ça veut dire ? Les gens ont l’impression que les choses allaient mieux à l’époque, même si le PIB a augmenté.

Les politiciens doivent adapter leur discours. Ils devraient se préoccuper davantage du déclin de la mobilité sociale dans notre société. C’est un vrai problème. Les gens sont prêts à fournir des efforts financiers tant qu’ils peuvent améliorer leur vie ou celle de leurs enfants. Mais aujourd’hui, par exemple, il semble que la plupart des enfants américains – nous avons de meilleures statistiques en provenance des États-Unis – auront plus de mal que leurs parents.

Le gouvernement Michel sortant a pu se vanter d’avoir augmenté le pouvoir d’achat et de créer de nouveaux emplois, mais les électeurs ne l’ont pas récompensé.

Je ne suis pas surpris. Un slogan tel que « jobs, jobs, jobs » n’est tout simplement pas un bon argument de vente. La plupart des Belges qui ont un emploi n’ont pas remarqué grand-chose. Et tous ceux qui ont trouvé un emploi ne se diront pas : c’est grâce à Charles Michel !

Et puis il y a le débat sur le nombre exact de nouveaux emplois créés.

La KULeuven le dit, l’UCL le dit. Et le gouvernement Michel n’a tout simplement pas communiqué honnêtement, ni sur le nombre de nouveaux emplois ni sur le budget. Ça me met en colère.

Selon le Bureau fédéral du Plan, nous allons vers un déficit de 10 milliards en 2020. Les économistes avaient prévenu que 2019 serait une année difficile, en partie parce que le tax shift n’était pas entièrement financé – contrairement à ce que le gouvernement avait prétendu – et parce que les budgets 2017 et 2018 étaient enjolivés de mesures non durables. Mais le Premier ministre Michel et la ministre du Budget Sophie Wilmès (MR) ont écarté cette critique. Au niveau de l’honnêteté intellectuelle, je suis très déçu par le gouvernement Michel.

Comment évaluez-vous notre situation budgétaire?

Selon le Fonds monétaire international (FMI), le solde budgétaire primaire de nos finances publiques se détériore. Il s’agit de la différence entre les recettes et les dépenses, à l’exclusion des paiements d’intérêts – qui ont diminué grâce aux taux d’intérêt faibles – et les mesures budgétaires ponctuelles. Sur cette base, le FMI conclut : le solde budgétaire de la Belgique semble bien pire aujourd’hui qu’il ne l’était il y a cinq ans. Le gouvernement de Charles Michel n’a certainement pas été un gouvernement d’assainissement. Il aurait pu, par exemple, investir beaucoup sans trop de mal. Mais là aussi, il s’est abstenu.

Le prochain gouvernement doit-il être un véritable gouvernement d’assainissement?

Cela dépend de l’économie. J’appliquerais les recettes de base de Keynes et poursuivrais une politique budgétaire anticyclique : si l’économie va bien, nous devons faire des efforts supplémentaires pour assainir les finances publiques. Si les choses ne vont pas aussi bien – je veux parler d’une croissance inférieure à 1 % – l’état doit investir. Mais vu le taux de croissance actuel, entre 1 et 1,5 %, on ne peut pas parler de « mauvaises conditions économiques ».

Dans ces circonstances, que devrait faire un gouvernement en termes budgétaires ?

Pas énormément. Les circonstances ne justifient ni une position budgétaire expansionniste ni restrictive. Cela dit, je comprends que les recettes de Keynes sont difficiles à mettre en pratique pour les politiciens. Imaginez que l’ancien ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) ait dit ces dernières années :  » Cher citoyen, l’économie va bien, et c’est pourquoi je vais augmenter les impôts. » Qui aurait voté pour lui ?

« Le budget ne mérite pas de prix de beauté », disent les ministres fédéraux démissionnaires, « mais nous avons mené d’importantes réformes : le tax shift, le relèvement de l’âge de la retraite ».

Ce n’est pas une rupture de tendance, même si le gouvernement de Charles Michel a réformé davantage que son prédécesseur Elio Di Rupo (PS). Leurs gouvernements sont d’ailleurs assez similaires, surtout par rapport à ceux de Guy Verhofstadt (Open VLD). Verhofstadt a été Premier ministre dans les années grasses 1999-2007 et n’a rien accompli. Luc Coene, son ancien chef de cabinet et futur gouverneur de la Banque Nationale, a dit un jour dans une interview : « Dans le domaine des pensions et autres réformes, nous avons fait un centième de ce que nous aurions dû faire ». Si Verhofstadt avait gouverné sérieusement, nous serions mieux lotis maintenant. Les économistes qui étudient le passé récent y verront un désastre absolu : zéro pour le budget et zéro pour les réformes.

Mais bon, je suis favorable au tax shift du gouvernement Michel. La taxe la plus stupide est celle sur le travail.

Votre collègue gantois Gert Peersman a calculé pour Knack que le tax shift a surtout augmenté les bénéfices des entreprises.

Évidemment.

Et pourtant, vous êtes gagné à cette cause ?

Ce qu’on a, c’est un tax shift et tax cut. Je ne suis pas en faveur du deuxième. Le gouvernement aurait dû se concentrer davantage sur le transfert de nos impôts, surtout lorsqu’il s’agit d’exempter la main-d’oeuvre peu qualifiée. Et il a été trop généreux en termes d’impôt sur les sociétés. Celui-ci était peut-être un peu élevé dans notre pays, mais un taux de 25% n’était vraiment pas nécessaire. En Allemagne, économiquement le pays le plus prospère d’Europe, il est beaucoup plus élevé.

Vous pouvez croître et créer de la prospérité et les entreprises peuvent contribuer à la société. Au lieu de donner des cadeaux fiscaux aux GlaxoSmithKline et aux Pfizer de ce monde, le gouvernement aurait dû demander plus de compensations, par exemple dans le domaine de la recherche et du développement.

À votre avis, à quoi le prochain gouvernement fédéral devrait-il accorder une attention prioritaire ?

Il faudra faire en sorte que les gens sentent que nous avons compris le mécontentement. Il doit également rechercher de nouvelles formes de protection active. Cela ne signifie pas qu’il faille promettre d’augmenter le pouvoir d’achat demain. Le pouvoir d’achat des Belges augmentera si l’économie va bien, point final. Le gouvernement n’a pas de baguette magique pour y remédier.

Comment le gouvernement peut-il se montrer à la hauteur de la protection active que vous préconisez ?

En prenant la santé publique au sérieux, par exemple. Une interdiction du glyphosate et du désherbant Roundup, par exemple, ne coûterait rien. Pourquoi le gouvernement poursuit-il une politique qui est bonne pour Monsanto et une partie de l’industrie agricole, au lieu de dire : « Nous protégeons la santé des Belges? »

Ou la qualité de l’air. Est-il acceptable qu’elle soit si mauvaise à Anvers et à Bruxelles ? Nous sommes un pays riche, mais l’espérance de vie en Belgique est bien pire que ce qu’elle devrait être.

Si vous instaurez des zones à faibles émissions ou si vous imposez davantage le diesel, les gilets jaunes descendent dans la rue.

D’accord, mais prenez les voitures anciennes. Ce sont les voitures les plus polluantes, mais les propriétaires bénéficient d’un régime d’avantage fiscal. Comment défendre une telle chose en 2019 ? Et pourquoi nos centres de contrôle technique ne peuvent-ils pas mesurer les émissions des voitures diesel ?Pour moi, la protection signifie tout ce qui a trait à la qualité de vie. Et encore une fois, cela ne doit pas nécessairement coûter cher. Les politiciens ne pouvaient qu’entrer en conflit avec les intérêts des groupes de pression.

Eh bien, la vérité c’est que la plupart des politiciens belges n’ont pas la volonté de mener une politique climatique ambitieuse.

Apparemment, les gens n’en veulent pas non plus. Quand Kristof Calvo (Groen) s’est mis à parler des voitures-salaires, la campagne de son parti était terminée.

Alors qu’il avait évidemment raison. L’Allemagne, la France et les Pays-Bas sont compétitifs sans système de voitures-salaire. On peut donc parfaitement le supprimer.

Il y a peu de chances que nous ayons un gouvernement fédéral dans un proche avenir. Dans quelle mesure est-ce problématique pour notre prospérité et nos finances publiques?

Le danger que représente une longue formation de gouvernement est limité. Je n’aime pas le dire, parce que de telles déclarations apportent de l’eau au moulin des populistes. Nos politiciens peuvent bel et bien faire la différence, mais pas en matière de croissance économique, par exemple. Notre PIB dépend des économies de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la France. Et notre taux de croissance actuel nous offre un environnement budgétaire dans lequel, avant tout, vous n’avez rien à faire de grand ou de drastique. En d’autres termes, les conditions économiques sont favorables à une plus longue période sans gouvernement fédéral. De plus, une partie de notre politique vient d’Europe, des régions et des communautés. La répartition des tâches au sein de la Belgique nous aide également à tenir le coup pendant un certain temps.

Pourtant, les informateurs fédéraux Johan Vande Lanotte (SP.A) et Didier Reynders (MR) augmentent la pression. Un nouveau gouvernement est nécessaire, dit-on, pour faire face à un éventuel Brexit et pour établir un budget.

Je ne suis pas d’accord. Nous n’avons pas besoin d’un gouvernement d’urgence avec des mesures de relance à court terme, mais d’un gouvernement stable avec une vision à long terme. Il vaut mieux prendre suffisamment de temps. Si des mesures vraiment urgentes sont nécessaires, la Chambre trouvera un consensus. La même chose s’est produite au cours des 541 jours de formation du gouvernement en 2010-2011.

Selon le président de la N-VA, Bart De Wever, la Belgique est devenue de facto ingouvernable le 26 mai et seules des réformes institutionnelles profondes peuvent garantir une politique efficace.

C’est un écran de fumée avec lequel la N-VA tente de cacher les vrais problèmes. Il suffit de regarder l’éducation en Flandre ou sur le ring d’Anvers, et vous verrez que notre infrastructure institutionnelle n’est pas la cause principale des problèmes de qualité de vie de Monsieur Tout le Monde. Une septième réforme de l’État ne changera pas la vie quotidienne des Flamands ordinaires.

Cela ne veut pas dire qu’on ne doit rien faire du tout. L’éparpillement des compétences dans le secteur de la santé serait un cauchemar. Je suis favorable au maintien d’une solidarité forte, mais je placerais la responsabilité financière des allocations de chômage entre les mains des régions. Je comprends que le Flamand moyen ne comprend pas pourquoi un entrepreneur de Courtrai trouve de la main-d’oeuvre à Lille, mais pas à Tournai.

L’appel au confédéralisme est également alimenté par la mauvaise situation économique de la Wallonie. Que peut faire le prochain gouvernement wallon?

À terme, la reprise wallonne dépendra surtout de la situation économique dans nos pays voisins. À long terme, je ne m’inquiète de toute façon pas pour la Wallonie. C’est conforme aux lois que les économies prospères déclinent et que les économies faibles remontent la pente. La Flandre a fait une réussite extraordinaire, mais ce qui frappait mes collègues et moi lorsque je travaillais encore à la Banque Degroof, c’est que lors des entretiens d’embauche, les jeunes candidats flamands posaient plein de questions à propos des avantages extra-légaux, les congés, leur pension alors que les candidats francophones demandaient seulement: « Je commence quand? »

Il y a de la suffisance dans la success-story flamande?

Oui, et c’est dangereux. Je ne m’attends pas à ce que la Flandre ait des problèmes à court terme, mais supposons que demain elle ferme ses frontières aux migrants : dans une région avec des problèmes démographiques, ce serait économiquement une mauvaise idée. S’il est une chose sur laquelle il existe un large consensus parmi les économistes, c’est que les migrants ont un impact positif sur l’économie de leur pays d’arrivée. Également les migrants peu qualifiés – à condition, bien sûr, qu’ils soient actifs sur le marché du travail. Ce dont nous avons donc un besoin urgent en Belgique, c’est d’une véritable politique d’activation des migrants. Et nous devons faire pression sur les entreprises pour assurer une plus grande diversité sur le lieu de travail.

En attendant, faut-il s’attendre à ce que la Wallonie se rétablisse d’elle-même?

Je comprends que la Flandre ne veuille pas attendre et que les hommes politiques francophones doivent faire de leur mieux pour accélérer ce processus. En ce qui me concerne, l’éducation est ce qu’il y a de plus important. Une réforme de l’éducation, le Pacte d’excellence, vient d’être approuvée dans la Communauté française, mais je crains que les ressources financières ne suffisent pas pour la mener à bien.

En outre, l’économie wallonne souffre d’une ingérence excessive de l’État. Les responsables politiques wallons pensent qu’ils doivent décider eux-mêmes de ce que seront les secteurs d’avenir – pensez aux aéroports et à l’industrie aéronautique wallons – et investir ensuite beaucoup d’argent dans ceux-ci. Mais ce n’est pas du tout au gouvernement de désigner ces gagnants.

De 1996 à 1999, vous avez été chef de cabinet adjoint du Premier ministre du CVP, Jean-Luc Dehaene. On entend parfois dire qu’il n’y a plus de politiciens de son envergure en Belgique.

(sourire) Si vous regardez les ministres des gouvernements fédéral et régionaux sortants, vous pouvez dire en effet que la qualité était relativement faible. Aujourd’hui, il y a trop peu de personnages inspirants en politique. Bien sûr, il y a des exceptions : Koen Geens ou Paul Magnette sont, sans aucun doute, des gens sensés.

Et je voudrais ajouter tout de suite : c’est la même chose dans le monde des affaires. Les CEO sont souvent beaucoup moins intelligents que ce à quoi on pourrait s’attendre.

En tant qu’économiste étiqueté chrétiendémocrate, déplorez-vous les mauvais résultats électoraux du CD&V et du cdH?

Oui et non, parce que rien n’est éternel. Les partis politiques doivent pouvoir s’adapter. Par exemple, il serait bon du côté francophone – et ce n’est même pas une déclaration politique ici – que le PS soit poussé dans l’opposition pendant dix ans. Tout simplement parce que ce parti est au pouvoir depuis trop longtemps. L’ancien président du PSC, Charles-Ferdinand Nothomb, a dit un jour : « Le PSC, c’est-à-dire 20% des voix et 80% des décisions ». Ce n’est pas possible. Pour le CDH, le successeur du PSC, une cure d’opposition est également un bon choix.

À Bruxelles et en Wallonie, le moment est peut-être venu de procéder à une recomposition du paysage politique. J’aimerais voir la création d’un nouveau parti de centre droit vraiment vert. Une fusion entre le DéFI et le CDH pourrait répondre à ce besoin. Ecolo est trop large pour moi. Au sein de ce parti, il y a, à la fois, des gens du centre droit et de l’extrême gauche. Je considère le climat comme une priorité absolue, mais je me tiens au centre droit socio-économique : pour qui devrais-je voter ?

Cette offre politique n’existe pas ?

Non. Le CDH et le CD&V se disent verts, mais c’est totalement invraisemblable. Il en va de même pour le MR et l’Open VLD.

Autre problème : malgré son changement de nom, le CDH est resté fortement lié à la société civile chrétienne. Cela ne correspond plus à la société d’aujourd’hui. Compte tenu de l’évolution démographique, est-il logique que les enfants bruxellois aient encore autant de jours de congé pour les fêtes chrétiennes ? Pourquoi ne donnons-nous pas congé à tous les enfants bruxellois pour les fêtes importantes des musulmans et des juifs ? Prenons le lundi de Pentecôte, un jour qui n’a même pas de véritable signification religieuse pour les chrétiens : ce jour de congé peut facilement être remplacé par un jour de congé pour une fête musulmane, non? Ce serait juste et éthique. Et j’attends de partis comme le CDH et le CD&V qu’ils prennent fait et cause pour cette mesure.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire