Theo Francken (N-VA) le premier ministre Charles Michel (MR). © Belga

‘Il y a de la place en Wallonie pour un parti comme la N-VA’

La présence de Theo Francken (N-VA) dans le gouvernement fédéral met le MR face à des défis de taille, selon l’expert en migration Marco Martiniello de l’université de Liège interviewé par nos collègues du Knack.

La décision du Secrétaire d’État à l’asile et à la migration Theo Francken (N-VA) de rouvrir une unité dans le centre fermé 127bis de Steenokkerzeel pour accueillir des familles d’immigrés avec enfants remue aussi les esprits en Wallonie.

« En même temps, de nombreux partis francophones ont des difficultés à prendre position« , déclare Martiniello, expert en migration à l’université de Liège. « Au final, Theo Francken a mis en oeuvre ce que le gouvernement précédent avait décidé. Le CDH émet des critiques alors qu’il pratiquait la même politique à l’époque.« 

Est-ce que la présence de Francken dans le gouvernement pose des difficultés au MR?

Marco Martiniello: Absolument. Le MR est déchiré en interne sur le débat migratoire. D’un côté, on a les libéraux traditionnels comme Christine Defraigne. De l’autre côté, on a une aile droite qui plaide pour une politique d’asile plus stricte. Dans le même temps, Theo Francken est en Wallonie l’un des hommes politiques les plus populaires, et au MR, ils en sont bien conscients.

En Wallonie, l’extrême-droite n’a jamais mis en avant d’hommes politiques crédibles.

Pourquoi les socialistes francophones sont-ils si absents du débat?

Martiniello: Le PS n’a pas de politique claire sur la migration. On remarque que la grande partie de son arrière-ban reste méfiant sur ce sujet. Jusqu’à présent, le PS a toujours réussi à réfréner cet arrière-ban, à l’instar des autres partis traditionnels.

Pourquoi n’existe-t-il pas en Wallonie un grand parti avec un discours anti-immigration?

Martiniello: l’extrême-droite n’a jamais vraiment réussi à s’ancrer en Wallonie. Cela vient en premier lieu du fait qu’il existe à peine de « nationalisme wallon ». Il y a une poignée de rattachistes qui plaident pour le rattachement à la France, mais ce mouvement ne prend pas d’ampleur.

Il y a aussi une question de leadership : en Wallonie, l’extrême-droite n’a jamais mis en avant d’hommes politiques crédibles. Il s’agit la plupart du temps de personnalités marginales sans soutien politique derrière elle. Il y a quelques années, il y a bien eu une tentative de mettre sur pied une aile du mouvement de protestation radical d’extrême-droite Pegida à Liège : seulement deux personnes étaient prêtes à la gérer. Dans le même temps, il y a certainement un potentiel électoral pour un parti avec un discours fort sur l’immigration, comme celui de la N-VA.

Vous attendez-vous à ce que la migration de transit en Wallonie devienne un thème des prochaines élections communales?

Martiniello: Pas pour le moment. Le problème est un peu moins visible qu’à Jabbeke ou dans le parc Maximilien de Bruxelles, même s’il y a bien des problèmes concernant la migration de transit. Mais les élections n’ont lieu que dans deux mois. Naturellement, il peut encore se passer beaucoup de choses.

Traduction: Caroline Lallemand

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire