Hostilité et débats autour des bodycams pour policiers

Le Vif

La question du port de caméras corporelles (bodycams) par des policiers devra encore être creusée, est-il ressorti mardi d’auditions menées en commission de l’Intérieur de la Chambre.

Un syndicat de police -le SLFP- a exprimé très clairement son hostilité à l’égard de cette idée tandis que le président de la Commission de protection de la vie privée a suggéré aux députés d’élaborer un régime spécifique dans la loi sur la fonction de police. Plusieurs propositions et projets de loi relatifs à la police sont en discussion en commission, dont l’un vise la modification de la loi de 2007 sur l’installation et l’utilisation de caméras de surveillance pour permettre, entre autres choses, de tenir compte de l’évolution de la technologie.

L’un des points qui a retenu toutes les attentions est celui des « bodycams » que pourraient emporter des policiers dans une intervention. La ville de Malines s’est lancée dans l’expérience. Si l’agent l’estime nécessaire, il peut porter ce genre de caméra qui peut constituer une aide a posteriori pour reconstituer une scène et rectifier certains éléments ou, au contraire, en découvrir, a expliqué le chef de corps, Yves Bogaerts. Qui plus est, il peut se défendre contre des accusations infondées qui seraient portées contre lui, a renchéri, Bart Somers (Open Vld), député-bourgmestre de Malines.

Au sein des syndicats de police, l’opinion est plus mitigée.
« Nous refusons le système des bodycams », a asséné le président du SLFP Police, Vincent Gilles. Selon lui, la plupart des images seront inutilisables, particulièrement en cas d’altercation physique, et compliquera la tâches des personnes appelées à juger d’une situation qu’elles n’ont pas vécues. Le SNPS s’est montré plus nuancé. Ces caméras corporelles peuvent présenter une plus-value, a fait remarquer le président Gert Cockx, mais un cadre est nécessaire, qui doit laisser au policier le soin de décider s’il porte un de ces appareils. « C’est comme si vous regardez un match de football à travers une caméra portée par un joueur: qu’allez-vous voir du match? », a-t-il ajouté.

Le représentant de la Commission de protection de la vie privée a appelé à bien distinguer les cas d’utilisation de « bodycams »: s’agit-il de missions de police administrative ou judiciaire, pour lesquelles un cadre légal existe, ou doivent-elles protéger les policiers d’accusations infondées? Dans ce cas, leur usage doit être réglé dans la loi sur la fonction de police. « S’il faut protéger le policier en intervention, il faut créer un régime spécifique et bien le penser », a souligné le président, Vincent Verschuere.

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