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Hooligans à la Bourse: l’ordre public relève de la responsabilité locale

La police fédérale a fourni à la police de Bruxelles les supports demandés lors du rassemblement de hooligans d’extrême droite le dimanche 27 mars à la bourse, dont l’initiative était connue de tous depuis le vendredi 25 mars.

Hooligans à la bourse : L’ordre public relève de la responsabilité locale

La police fédérale a fourni à la police de Bruxelles les supports demandés lors du rassemblement de hooligans d’extrême droite le dimanche 27 mars à la bourse, dont l’initiative était connue de tous depuis le vendredi 25 mars. « Au niveau local, c’est la responsabilité du bourgmestre de prendre des mesures (administratives) adéquates concernant l’ordre public », a indiqué mercredi le ministre de l’Intérieur Jan Jambon interrogé en commission de la Chambre.

Ce rassemblement a eu lieu le dimanche 27 mars alors que le ministre de l’Intérieur Jan Jambon et le bourgmestre de Bruxelles Yvan Mayeur avaient appelé les organisateurs à renoncer, à la suite d’une réunion du centre de crise, à une marche en hommage aux victime des attentats de Bruxelles. Cette demande répondait à la nécessité de mobiliser les équipes de police pour les perquisitions en cours et la protection de la bourse vers laquelle affluaient de nombreux citoyens désirant rendre hommage aux victimes. Dès le 25 mars, les polices de Vilvorde et Bruxelles étaient toutefois au courant de l’initiative de groupes de hooligans appelant à se rassembler le 27. La police de Bruxelles a obtenu à cette fin d’augmenter son dispositif de 2 à 5 pelotons et 2 arroseuses. Elle avait également obtenu le renfort et l’appui de 2 pelotons et une section de cavalerie le 27 mars pour encadrer la commémoration des événements du 22 mars. Sur le déroulé des événements qui ont conduit au rassemblement de 450 hooligans dont un nombre significatif appartenant à l’extrême droite, le ministre n’a pas apporté toute la clarté. Au courant de l’imminence de ce rassemblement dès le vendredi 25 mars, la police de Vilvorde a demandé et obtenu le 27 mars que le service de coordination et d’appui (SCA) de Asse fournisse des spotters de football et prévoie suffisamment d’effectifs « pour l’accompagnement des supporters à risque à Bruxelles ». La destination exacte à Bruxelles des supporters n’était alors pas connue. Le SCA de Asse a assuré que la police locale Vilvorde-Machelen (VIMA) devait uniquement être sur place à la gare de Vilvorde au moment où les supporters s’y rassembleraient. « A ce moment, il a été demandé de ne pas laisser les supporters se rendre à Bruxelles », a précisé M. Jambon. Mais le 27 mars, « un autre groupe de supporters s’est réuni à la Grand-Place de Vilvorde ». Au total, on comptabilisait alors environ 450 manifestants. « Leur état d’esprit n’était pas inquiétant », selon le ministre. Et « à la gare de Vilvorde, il y avait suffisamment d’effectifs de la police des chemins de fer (SPC) présents, conjointement avec la police locale VIMA ». Or, à ce moment, « il n’y avait pas de demande à la police locale VIMA ou au SPC de maintenir les supporters à Vilvorde ». Dès lors, « un premier train avec 300 supporters à risque est parti l’après-midi direction Bruxelles ». Peu après, le chef de corps a reçu une demande de la police administrative de la zone VIMA qui était sur place à la gare. « Celle-ci avait reçu la demande du chef de corps de la zone Bruxelles-Capitale Ixelles de demander au bourgmestre de Vilvorde de maintenir les supporters à Vilvorde ». Et selon le ministre, « le bourgmestre Bonte a été immédiatement averti mais étant donné qu’un train avec 300 supporters était déjà parti (en) direction (de) Bruxelles, il n’était pas possible de maintenir à Vilvorde les 150 supporters restants » car « cela aurait mené à de graves incidents ». Juste avant que la décision du bourgmestre puisse être communiquée, « les 150 supporters restants étaient déjà dans le train et partis (en) direction (de) Bruxelles ». Pour le ministre Jambon, « il appartient à la police locale d’évaluer la situation concernant les événements sur leurs territoires » et « en cas de manque d’effectifs, la police peut faire appel au support de la police fédérale ». La demande de support est évaluée par la police fédérale. Dans le cas précis, elle a été reçue positivement. La députée-échevine de la ville de Bruxelles Karine Lalieux (PS) a jugé troublante la réponse du ministre. 450 personnes à risque ont pu monter dans un train, accompagnés de policiers, vers Bruxelles. Or, une marche pacifique venait d’y être annulée afin de garantir le bon déroulement des perquisitions et la protection de la population à la Bourse, l’endroit où la menace était la plus élevée. « Bruxelles n’avait qu’à se débrouiller, on a permis à 450 personnes de défiler et à certains de faire des saluts nazis, l’image de Bruxelles était déjà dégradée, elle n’en a été que plus négative, et donc à travers elle, c’est aussi l’image du pays qui a été écornée », a-t-elle déploré. « Les moyens étaient prévus pour encadrer des néonazis alors qu’une marche pacifique était interdite, j’y vois un choix politique. Je ne peux que rattacher ce choix politique à certaines déclarations que vous avez faites récemment », a répliqué Marco Van Hees (PTB).

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