Kristien Hemmerechts

Hier spreekt men Nederlands (Ici, on parle le néerlandais).

Hier spreekt men Nederlands (Ici, on parle le néerlandais). Tel fut le nom de l’émission télévisée (1962-1972) dont l’objectif était que les Flamands s’expriment correctement en néerlandais. Soir après soir, leur attention était attirée sur le fait que leur connaissance du néerlandais était susceptible d’être améliorée. Mais le message avait aussi une dimension politique : si les Flamands tenaient tellement à défendre leur langue, ils devaient la parler convenablement.

Par Kristien Hemmerechts – Ecrivaine

Depuis, les Flamands sont devenus plus sûrs d’eux-mêmes. Ils se sont émancipés des donneurs de leçons linguistiques. De nos jours, dans les séries à la télévision, on utilise couramment la langue parlée. A défaut de sous-titrage, les téléspectateurs hollandais ne comprendraient pas ce qui s’y dit. On n’y parle ni le dialecte ni le néerlandais (« algemeen Nederlands »), mais une sorte de langue intermédiaire, appelée aussi « verkavelingsvlaams » (flamand démembré). « Hoe noemt gij ? » (au lieu de « Hoe heet u ? ») est un bel exemple de ce flamand-là. Les rares puristes que compte encore la Flandre n’ont pas de mots assez durs pour qualifier cette « paresse » linguistique et ces « négligences inadmissibles ».

Cette assurance nouvellement acquise par les Flamands inspire aussi les paroliers. Ainsi, Stijn Meuris a chanté avec Marie Daulne Ik hou van u, je t’aime, tu sais, au lieu de « Ik hou van jou ». Mais, rien n’y fait, beaucoup de Flamands disent : « Ik hou van u. »

Des élèves francophones se plaignent que le néerlandais qu’ils apprennent à l’école ne leur soit d’aucune utilité pratique dans leur communication de tous les jours avec les Flamands. Donc, lancent-ils à leurs professeurs, à quoi bon faire des efforts ? L’excuse ne tient pas la route, bien sûr. Nulle part au monde les gens ne parlent comme dans les cours de langue.

Tout compte fait, moi, je proclame haut et fort que je parle le néerlandais. Il est déjà suffisamment malheureux qu’à longueur de journée on nous rebatte les oreilles avec « Vlaamse kust », « Vlaamse bieren », « Vlaamse schilderkunst », « Vlaamse bevoegdheden », pour que nous nous enfermions encore davantage dans « de Vlaamse taal ». De grâce, permettez-moi de compter davantage que le produit du lopin de terre où je suis née. Raymond van het Groenewoud, lui, chante : Trek mij uit de Vlaamse klei (Sors-moi de l’argile flamande).

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