Hans Bonte. © BELGA

Hans Bonte critiqué dans son parti pour une déclaration sur des « juges hors des réalités »

Le bourgmestre de Vilvorde, Hans Bonte (sp.a), a été critiqué dans son propre parti après avoir déclaré dans la presse que les juges se montraient parfois en dehors des réalités dans certaines affaires de radicalisme. « J’appelle tous les politiciens à respecter la séparation des pouvoirs », a indiqué la députée flamande Güler Turan (sp.a).

« Je me demande comment tout cela finira si ce n’est pas le cas », a-t-elle ajouté en faisant aussi référence à des déclarations récentes de membres de la N-VA, Bart De Wever et Theo Francken.

Dans le journal De Standaard, M. Bonte s’en est notamment pris aux juges francophones des tribunaux correctionnels de Bruxelles. Ceux-ci prendraient « plus de temps » et laisseraient « plus facilement les jeunes s’en sortir » dans les affaires de radicalisme. Cette attitude serait de nature à créer un sentiment « d’impunité », selon le bourgmestre socialiste flamand, qui pense que certains « juges sont en dehors des réalités ».

« Les uns après les autres, les politiciens font à tort ou a raison des déclarations sur le pouvoir judiciaire », a indiqué Mme Turan. « En tant que juriste, je constate cela avec regret. Il faut que ça cesse. Les personnalités politiques ont la possibilité de voter des lois et le pouvoir judiciaire de prononcer des jugements conformes à la loi. »

La parlementaire flamande reconnaît l’impuissance que son collègue peut ressentir, étant donné que son parti est dans l’opposition, mais ajoute que cela ne doit pas conduire à des déclarations sur le travail des juges.

Luc Hennart : « C’est terriblement délétère comme propos »

Luc Hennart, président du tribunal de première instance de Bruxelles.
Luc Hennart, président du tribunal de première instance de Bruxelles.© BELGA

« C’est terriblement délétère comme propos et ça jette le discrédit sur la démarche du juge alors qu’il n’est pas étranger à la réalité. Un dossier n’est pas l’autre et la décision que prend le juge doit être respectée. Aller considérer que les juges sont déconnectés de la réalité, c’est idiot. Et ça nourrit un climat extrêmement dangereux », s’est offusqué Luc Hennart, président du tribunal de première instance de Bruxelles, estimant par ailleurs que ce genre de considérations participent à la mise à mal de la fonction du juge dans un état démocratique.

« Pour prendre une décision, le juge a toute une série d’éléments en sa possession dont les personnes extérieures ne disposent pas. Le juge fait son métier du mieux qu’il peut. Malheureusement, il y aura toujours un exemple à contredire. Mais si il y a encore une justice dans la démocratie dans laquelle on vit, c’est parce que les juges n’ont de compte à rendre à personne. Le problème avec ce type de déclarations, c’est que les juges ne peuvent pas se défendre car ils sont tenus au secret professionnel. On peut jeter l’anathème, le juge, lui, doit se taire », a souligné M. Hennart. Les propos de M. Bonte sont d’autant plus frappants que le mois dernier, son parti (le sp.a) avait vivement critiqué la N-VA après les déclarations de son président, Bart De Wever, contre une partie de la magistrature.

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