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Grève des services publics ce 31 mai: à quoi faut-il s’attendre?

10.000 manifestants sont attendus dans les rues de Bruxelles ce mardi 31 mai pour une manifestation en front commun contre le désinvestissement dans les services publics. Les actions annoncées perturberont fortement le pays à commencer par les transports en commun. A quoi faut-il s’attendre?

Au moins 10.000 militants sont attendus par les syndicats dans les rues de Bruxelles ce mardi 31 mai pour une manifestation en front commun contre le désinvestissement dans les services publics. La CGSP, qui a appelé tous les services publics à la grève, prévoit également d’autres actions à Liège, Namur et dans le Hainaut.

Pourquoi cette manifestation ?

CGSP, CSC Services publics et SLFP dénoncent les restrictions budgétaires auxquelles sont soumis les services publics. Recul de l’âge de la pension, non remplacement du personnel retraité, économies sur les moyens de fonctionnement… « Ce désinvestissement dans les services publics est incompréhensible. Comment peut-on aller jusque-là? », s’interroge Alphonse Vanderhaeghe, vice-président de la CSC Services publics.

Dernier exemple en date, une nouvelle salve de 402 millions d’euros d’économies dans les départements fédéraux, dont celui des Finances est le plus touché (138 millions). La manifestation de mardi s’inscrit dans un plan d’action annoncé par le front commun syndical début mai. Parallèlement, la CGSP a appelé jeudi l’ensemble des services publics du pays à partir en grève le 31 mai, après avoir annoncé une grève totale du rail le même jour.

Des actions aussi à Namur et à Liège

Le syndicat socialiste prévoit également d’autres actions en Wallonie. Il donne rendez-vous aux militants à 10h30 devant l’hôtel de ville de Namur, tandis que des opérations « coup de poing » sont prévues à Liège et dans le Hainaut, selon Michel Meyer, président fédéral de la CGSP.

La CSC et le SLFP s’en tiendront strictement à la manifestation de Bruxelles. « Pas d’actions ailleurs ni de grève. Nous nous tenons au plan d’actions », martèle la CSC. Une grève du rail « hypothèque grandement l’organisation » de la manifestation dans la capitale « qui se voulait un signal fort à tous les décideurs », ajoute le SLFP.

Les transports en commun fortement perturbés

Quoi qu’il en soit, les actions annoncées perturberont fortement le pays mardi, à commencer par les transports en commun. L’ensemble des sociétés de transports publics belges (Stib, De Lijn, Tec et SNCB) s’attendent à de fortes difficultés sur leurs réseaux.

A la SNCB, la grève commencera le lundi 30 mai à 22 heures pour se terminer le lendemain à la même heure.

En raison des actions de grève prévues le 31 mai en Belgique et les 1er et 2 juin en France, des perturbations sont aussi attendues du lundi 30 mai au jeudi 2 juin sur les réseaux Thalys et IZY, indique la société Thalys vendredi dans un communiqué. Elle invite les voyageurs concernés à se tenir informés via son site internet thalys.com et son application mobile, qui peut être téléchargée gratuitement. (voir l’encadré ci-dessous pour plus de détails).

Il est demandé aux voyageurs de prévoir des alternatives aux transports publics. Les sociétés de transport les informeront en temps réel sur les réseaux sociaux et autres applications.

Pagaille sur les routes et au centre-ville

Les automobilistes devront une nouvelle fois s’armer de patience mardi, à l’occasion de cette journée d’action dans les services publics. Touring Mobilis prévoit déjà plus de 300 km de bouchons sur les autoroutes lors de l’heure de pointe du matin. Le mouvement de grève sur le rail a déjà causé des centaines de kilomètres de file lundi matin, et la situation ne sera pas meilleure mardi, selon les organisations de mobilité.

La circulation en voiture sera problématique aussi au centre de Bruxelles jusque 15h, prévient la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles. A partir de 11h, les tunnels de la petite ceinture seront interdits à la circulation dans le sens de Rogier vers la place Louise. La fin du tunnel Léopold II sera aussi perturbée car les véhicules devront quitter le tunnel vers la place Sainctelette.

Dès 9h30, la sortie du tunnel Botanique vers Rogier sera également fermée. Sa réouverture dépendra de la progression de la manifestation. La police ajoute que les tunnels pourraient être fermés à la circulation dans l’autre sens si cela est nécessaire. Les manifestants sont attendus sur le boulevard roi Albert II dès 9h (gare du Nord). Le cortège démarrera à 11h et empruntera le boulevard du Jardin Botanique, la porte de Schaerbeek, le boulevard Bishoffsheim, le boulevard du Régent jusqu’à la porte de Namur, la rue de Namur, la place Royale, la rue Montagne de la Cour, Coudenberg et le Mont des Arts. Il se terminera place de l’Albertine. Le 19 mars 2015, une action similaire en faveur des services publics avait rassemblé environ 5.000 militants, selon la police, sur la place de la Monnaie à Bruxelles.

Les écoles perturbées par le manque d’enseignants

Le fonctionnement des écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles sera perturbé par le manque d’enseignants, mardi, à l’occasion de l’action menée par les travailleurs des services publics, ont indiqué lundi les syndicats socialiste et chrétien. L’ampleur du mouvement demeure néanmoins difficile à évaluer. (Plus de détails ICI).

Nouvelle grève nationale le 24 juin

La contestation sociale s’exprimera encore à plusieurs reprises dans les semaines à venir. Les affiliés seront donc encore mobilisés en juin. Le 24, la FGTB appelle à une grève nationale, alors qu’au courant de ce même mois de juin, la CSC réfléchit à des actions de sensibilisation. Après les vacances, syndicats socialiste et chrétien annoncent aussi une manifestation nationale en front commun, sans doute à Bruxelles, le 29 septembre prochain. Et la date du 7 octobre est retenue aussi, selon CSC et FGTB, pour une grève générale menée en front commun.

La solution: le covoiturage

De nombreux usagers ont opté pour la prévoyance et recherchent déjà des options de covoiturage pour se déplacer en prévision de la manifestation fédérale dédiée aux services publics et de l’appel à la grève de la CGSP le 31 mai prochain. Alors que les services de covoiturage enregistrent une importante affluence, d’autres initiatives se mettent également en place localement.

Option déjà privilégiée lundi et mardi en raison de la grève à la SNCB, le covoiturage se prépare déjà pour les jours à venir. « Nous enregistrons 4 fois plus de trafic sur notre site », indique Sandrine Vokaer, responsable de l’asbl Taxistop, dont Carpool.be est l’un des services. De nombreuses annonces sont publiées à la fois par des conducteurs qui proposent spontanément de la place et par des usagers qui cherchent une solution pour se déplacer. En parallèle aux services habituels (Carpool.be, BlaBlaCar ou encore Karzoo), la Fédération des étudiants francophones (FEF) a décidé de mettre en place un covoiturage solidaire.

Depuis jeudi soir, elle a ainsi lancé, via Facebook, l’opération « Portière ouverte », en vue de permettre à un maximum d’étudiants de se rendre sur le lieu de leurs examens malgré les perturbations attendues. Quelque 600 personnes ont déjà rejoint le groupe créé sur la toile. « Cela fonctionne assez bien. Les étudiants viennent de partout: Hainaut, Liège, Arlon, … », souligne la fédération, qui précise par ailleurs être en contact avec les délégations locales de covoiturage. Outre le covoiturage, diverses initiatives sont proposées, notamment celle des « Kots ouverts » mise en place à l’Université libre de Bruxelles (ULB), en vue d’offrir un hébergement aux étudiants qui le souhaitent, ajoute encore la FEF.

Des perturbations à prévoir dans les trains Thalys et IZY du 30 mai au 2 juin

Dans le détail, le lundi 30 mai, la circulation des Thalys devrait être proche de la situation normale. Seuls deux trains au départ de Paris (à 15h50 et 17h49) en direction de Dortmund circuleront uniquement entre Paris et Cologne. En revanche, les gares de Düsseldorf, Duisbourg, Essen et Dortmund ne seront pas desservies.

Le mardi 31 mai, jour de manifestation nationale en Belgique, accompagnée d’un mot d’ordre de grève dans les services publics décrété par la CGSP wallonne, aucun Thalys n’effectuera la liaison entre Paris et l’Allemagne. Il en va de même pour le train reliant Bruxelles et Paris de 17h43, qui sera supprimé.

A partir du 1er juin, c’est la France qui sera touchée par les actions sociales. Par conséquent, de nombreux Thalys seront limités, annulés ou accuseront du retard. C’est le cas des Thalys Bruxelles-Paris dont les départs sont prévus à 07h13 et 16h37. Ils partiront avec respectivement 30 et 36 minutes de retard. Au départ de Paris à 06h49, le train qui doit rejoindre Bruxelles ne circulera pas, tandis que ceux de 09h19 et 18h52 circuleront avec respectivement 36 et 21 minutes de retard. Les trajets des Thalys prévus entre Amsterdam et Lille à 07h17 et 15h17 seront, eux, limités entre Amsterdam et Bruxelles. Dans le sens inverse, les Thalys Lille-Amsterdam, dont le départ est prévu à 11h59 et 19h07, circuleront uniquement entre Bruxelles et Amsterdam.

Enfin, le jeudi 2 juin, le Thalys Paris-Bruxelles, dont le départ est à 06h49, ne circulera pas. Les trains reliant Amsterdam et Lille de 07h17 et 15h17 circuleront, eux, uniquement entre Amsterdam et Bruxelles. Et les Thalys Lille-Amsterdam (départ à 11h59 et 19h07) circuleront uniquement entre Bruxelles et Amsterdam. Concernant les trains IZY, le service ne sera assuré ni le mercredi 1er juin, ni le jeudi 2 juin. « Dans ce contexte, IZY met en place de manière exceptionnelle une procédure de replacement de ses passagers sur certains trains Thalys au plus proche de leurs horaires de réservation », précise la société dans un communiqué. Par ailleurs, tous les billets réservés pour les trains Thalys supprimés sont échangeables selon disponibilités ou remboursables sans frais supplémentaires auprès du point de vente initial.

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