La délégation syndicale. © Belga

Grève dans les prisons : toujours aucun accord

Une huitième rencontre entre le ministre de la Justice, Koen Geens et les syndicats des agents pénitentiaires n’a pas permis de trouver un accord. Vers 23h00, après près de cinq heures de négociation au cabinet du ministre, les discussions ont pris fin. Elles reprendront demain/vendredi à 16h00. La grève dans les prisons continue.

« Nous avons bien avancé », a déclaré le ministre de la Justice. « Mais ce n’est pas facile. Il y a une asymétrie, deux syndicats du nord du pays ont déjà consulté leurs bases et ont obtenu un résultat positif ». Les autres syndicats n’ont eu pas encore effectué cette étape.

Le ministre Koen Geens a également répondu aux critiques sur l’investissement du gouvernement fédéral. « Je suis pleinement soutenu par le gouvernement. Il ne peut pas y avoir d’hésitation là-dessus », a-t-il affirmé. « Cela arrive peu souvent que le Premier ministre soit si proche des négociations ». La question des prisons ne sera cependant pas abordée lors du conseil des ministres restreint prévu demain/vendredi.

« Il y a une bonne entente et j’espère que nous pourrons aboutir dans les jours qui viennent », précise Koen Geens. « Il y a plus de clarté aujourd’hui ». Un discours qui tranche avec celui des syndicats. « Hier, nous avons reçu de nouveaux chiffres de l’administration, qui sont très nébuleux. Aujourd’hui, nous n’avons toujours pas de tableau plus clair donc il n’y a pas d’accord », affirme Laurence Clamar, déléguée permanente de la CSC Services publics.

La syndicaliste signale que les agents pénitentiaires ne lâcheront pas sur leurs revendications et iront jusqu’au bout. Les négociations avaient pourtant permis d’avancer mercredi soir. Le ministre aurait proposé de recruter 75 agents en plus des 405 déjà évoqués dans le protocole d’accord proposé il y a deux semaines et la possibilité pour chaque prison d’adapter son plan de rationalisation. Les propositions se rapprocheraient donc des revendications des syndicalistes francophones qui exigent un retour au cadre de personnel de 2014 et l’arrêt de la rationalisation. « Et ce, jusqu’à la fin de la législature. Ce serait dramatique d’obtenir un gel des économies pour 2016 et que les problèmes recommencent par après ».

Cependant, les positions restent difficiles à rapprocher après plus de trois semaines de grève dans les prisons francophones du pays. Les néerlandophones ont, eux, d’autres revendications. Gino Hoppe, syndicaliste socialiste flamand avait affirmé à son arrivé au SPF Justice qu’il refusait de revenir à la situation de 2014.

Pour Laurence Clamar, c’est au ministre de trouver une solution qui puisse convenir aux deux parties, tel qu’un service à la carte. La syndicaliste admet que l’atmosphère des négociations était difficile et compliquée. « Les agents ont des revendications très claires et c’est très difficile d’y parvenir. Mais ils subissent des économies depuis tellement longtemps qu’ils ne peuvent pas accepter autre chose que ce qu’ils exigent ».

La grève qui sévit les prisons francophones fait débat, notamment à cause des conditions de vie dégradées des détenus. L’Etat belge a été condamné plusieurs fois pour non-respect des droits des détenus. L’ONG Amnesty International appelait jeudi/aujourd’hui à l’instauration d’un service minimum en cas de grève tout comme l’association des détenus des prisons francophones. Pour la CSC, « si les économies sont stoppées et que de l’argent rentre, il n’y aura plus de grève et donc plus besoin de service minimum ».

Un syndicaliste chrétien est consterné par le débat sur le service minimum. « Vous voulez l’instaurer? Allez demander aux agents de la prison de Forest. Eux, ils travaillent tout le temps en service minimum parce qu’ils n’ont pas le choix. Il n’y a pas assez d’argent et les structures sont trop dégradées. On demande de donner une douche un jour sur deux aux détenus alors qu’on ne sait même pas le faire en temps normal, à cause des structures défaillantes. »

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