Un mouvement de grève empare les hôpitaux ce jeudi 17 juin. Le Vif a rencontré un gréviste, Yanick Jammot, qui témoigne le ras-le-bol du personnel hospitalier. © Quentin Trippaerts

Grève dans les hôpitaux: « il nous faut plus de bras ! »

Julie Nicosia
Julie Nicosia Journaliste

« Plus de bras pour les soins de santé », c’est le slogan que n’arrête pas de scander Yannick Jammot aujourd’hui au CHC MontLégia. Il revient pour Le Vif sur le mouvement de grève qui a lieu ce jeudi dans les hôpitaux.

Ce jeudi, un appel national à la grève dans les hôpitaux a été lancé. Nous avons interviewé avec Yannick Jammot, employé à la logistique du bloc opératoire au CHC MontLégia à Liège et coordinateur syndical CGSLB qui fait actuellement grève.

Pourquoi faites-vous grève aujourd’hui ?

Au niveau des soins hospitaliers, il y a un manque chronique de bras. Des fonds sont arrivés, notamment le Fonds blouses blanches, et malgré les 400 millions de budget sortis par le gouvernement, nous n’avons toujours pas plus de bras. Nous pensons que les directions hospitalières prennent plus de temps pour discuter avec les syndicats des demandes de terrain et soient plus préoccupés par combler les trous causés par la crise sanitaire.

Quel est votre message que vous souhaitez faire passer et à qui ?

Nous avons besoin de plus de bras pour les soins. On a besoin de plus de personnel. Il y a un déficit au niveau scolaire. Prenons l’exemple d’un jeune infirmier qui sort de l’école, il ne gagne que 2718€ brut/mois alors qu’il a des responsabilités importantes dont la vie du patient en main. Les infirmiers ne sont pas assez valorisés. L’ajout d’une année au cursus diminue le nombre de personnes disponibles sur le marché de l’emploi. Par ailleurs, la pénibilité du métier, dont certains médias font la publicité, n’encourage pas les nouvelles inscriptions. Nous manquons cruellement de personnel soignant dans les hôpitaux et surtout au CHC qui est un hôpital énorme.

Il ne manque que du personnel infirmier ?

Non pas uniquement. Nous avons de plus en plus de médecins qui viennent de l’étranger. Il nous manque du personnel soignant comme les infirmiers mais aussi comme les aides-soignants, « des petites mains » et ce n’est pas péjoratif de le dire. Prenons l’exemple du brancardage. Le service est à pleurer au sein de notre hôpital. Des infirmiers prennent en charge ce service et ne peuvent être au chevet de leur patient alors que c’est l’essence de leur métier.

Aujourd’hui des médecins, des infirmiers, du personnel de nettoyage,… font grève. Y-a-t-il une véritable union au sein de l’hôpital pour faire face à la crise des soins de santé ?

Nous avons reçu l’information d’un mouvement de grève, au niveau national. Cela a été relativement court pour préparer la grève. Il aurait fallu penser au comité de grève avant mais nous avons été dans l’urgence. L’ensemble du personnel a été particulièrement motivé et a répondu en nombre à l’appel. Cela fait 24 ans que je travaille au sein de l’institution et personne n’a jamais fait grève. L’entièreté des soins intensifs est aujourd’hui en grève, c’est du jamais vu !

Comment cela se déroule-t-il alors ?

Quand, il n’y a personne dans un service les jours de grève, on fait appel à la réquisition. Les gens qui veulent faire grève peuvent être réquisitionnés lorsque le nombre requis de personnes pour assurer le service n’est pas atteint. Ces personnes sont réquisitionnées chez eux par la police.

La crise du Covid a fatigué beaucoup de monde. Avec l’ouverture du MontLégia (et on doit se faire nos maladies de jeunesse), les gens veulent marquer le coup. Pour vous dire, 117 personnes ont dû être réquisitionnées.

La pénibilité de votre métier est-il la pierre angulaire du débat ?

Sans doute. C’est un travail qui n’est pas ultra bien rémunéré par rapport aux responsabilités qui nous sont incombés. C’est un stress permanent car il nous est très difficile d’organiser un service avec un nombre de personnel moins important.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Plus de bras, pour les soins de santé !

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