Freddy Tougaux, personnage créé par David Greuse. © DR

Freddy Tougaux : « l’humour est presque devenu d’utilité publique »

Le Vif

J’ai eu la même attitude que tout le monde au moment des attentats de Bruxelles : j’ai pris cela dans la tronche, comme si un 26-tonnes m’avait heurté alors que je traversais la rue.

« J’ai ressenti à ce moment-là un instinct de survie. Et, très vite, le besoin d’exprimer de la légèreté pour passer au-dessus de cette gravité insupportable. « 

Telle est la philosophie de David Greuse, créateur du personnage Freddy Tougaux. Graphiste à la Ville de La Louvière, ce fonctionnaire a imaginé une caricature du Louviérois pour se présenter seul en scène ou faire des vannes à la RTBF et sur Internet. Sa source d’inspiration ? Le film-culte Ghost Dog de Jim Jarmusch et son principe samouraï développé par Forest Whitaker en tueur-poète : il faut gérer tout ce qui est grave avec la légèreté nécessaire et tout ce qui est léger avec la gravité nécessaire.

Voilà pourquoi David Greuse publie rapidement sur Twitter, deux heures après les attentats, une photo de son Freddy Tougaux ridiculement défiant : « Ils n’auront jamais notre frite ». « Je me suis dit que je me ferais critiquer, reconnaît-il. Mais tout de suite, on m’a dit merci. C’est le rôle des amuseurs publics de donner un peu d’air alors que tout le monde était en train de suffoquer. »

Faire une blague, est-ce vital après un tel drame ? « Toute prétention gardée, l’humour est presque devenu d’utilité publique, il devrait être remboursé par la Sécu, dit-il. Ce n’est pas une arme, c’est davantage une contre-arme de défense massive face aux nombreuses agressions du quotidien. Je ne parle pas nécessairement des terroristes, mais aussi du mal de vivre. »

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David Greuse ne se considère pas comme un artiste engagé, plutôt un artiste « engageant ». Nuance… « J’ai créé le personnage de Freddy Tougaux comme un Monsieur Tout-le-Monde, un superhéros de la classe moyenne ou populaire. A travers lui, j’essaie d’amener un arrière-fond de profondeur. » Accessible à tous. A la fin de son succulent Micro-terroir à Molenbeek, diffusé dans l’émission Le Grand Cactus de la RTBF, il lance : « Sache que toi, l’abruti, tu auras beau tenter de nous arracher la vie, tu auras beau tenter de démolir ce que l’on a construit, jamais tu n’atteindras notre esprit. Parce que le Belge a l’esprit de la fête et parce que la vie est une fête. Si l’on doit revendiquer une seule fierté, c’est notre liberté. » Un sourire en coin dans la moustache, Freddy le Louviérois conclut : « On va te faire la fête, fieu ! » Allez, remettez une pinte à la santé des terroristes…

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