Claude Delbeuck © Belga Image

Fraude à l’OWD: Auditions jusqu’au bout de la nuit en commission du Parlement wallon

La commission Environnement du Parlement wallon a mis un terme, mercredi à 05h00, à près de vingt heures d’auditions quasi ininterrompues sur l’affaire des détournements de fonds au sein de l’office wallon des déchets (OWD) et la problématique de gestion des déchets par cet organe.

Après avoir entendu une bonne partie de la journée de mardi Brieuc Quévy, le directeur général actuel de l’administration wallonne de l’environnement, les commissaires ont consacré une bonne partie de leur nuit à l’audition de ses deux prédécesseurs, José Renard et Claude Delbeuck. Les députés, surtout de l’opposition, ont interrogé les deux hommes sur les suites données aux conclusions deux audits menés au sein l’OWD en 2008 et 2014, son mode de fonctionnement, et les tensions alléguées entre l’unité de répression des pollutions (URP) et l’OWD.

Si José Renard a reconnu que ces relations étaient perfectibles, Claude Delbeuck, qui a dirigé la DGO3 de 1985 à 2013, a lui estimé qu’il serait faux de croire que les deux services vivaient « à tout moment en opposition ». Aujourd’hui à la retraite, M. Delbeuck a profité de cette audition pour régler ses comptes avec Philippe Gobert, l’ancien patron de l’URP qu’il avait fini par licencier pour divergences de vues. Si des tensions ont pu apparaître, la responsabilité en revient à M. Gobert, a-t-il soutenu.

Proche du cdH qu’il sert toujours aujourd’hui en tant que conseiller à temps partiel auprès du ministre Carlo Di Antonio, Claude Delbeuck a essuyé au cours de cette audition nocturne une charge de l’opposition MR, Pierre-Yves Jeholet y voyant une sorte de « superministre » de l’ombre, Jean-Luc Crucke le qualifiant lui de « Machiavel » wallon prompt à écarter tout ceux qui, comme M. Gobert, ne partagent pas ses vues. Les députés wallons ont ensuite poursuivi leur nuit d’auditions avec Pierre Francaux, administrateur délégué de la société Comase qui a réalisé l’audit de l’OWD de 2014. Celui-ci avait déjà mis il y a deux ans le doigt sur divers manquements en matière de contrôle interne au sein de l’OWD et de tenue de la comptabilité. Un constat douloureusement confirmé par les malversations de René Tonneaux.

« Notre mission n’était pas d’auditer les comptes de l’OWD, mais d’évaluer les procédures et leur niveau de sécurité », a tenu à souligner M. Francaux. Cette séance marathon devait théoriquement s’achever par l’audition du ministre Carlo Di Antonio. L’opposition MR a toutefois réclamé que de nouvelles auditions puissent être menées, notamment celle de M. Gobert et des précédents ministres wallons de l’Environnement, Philippe Henry et Benoît Lutgen.

La majorité PS-cdH, estimant que ces nouvelles auditions n’apporteraient rien sinon un rallongement inutile des débats, a rejeté la demande des réformateurs. Dénonçant « une mascarade » de démocratie, ceux-ci ont alors quitté la salle, laissant les quelques députés de la majorité encore présents et le ministre Di Antonio entre eux. A l’absence de questions au ministre, la séance a alors été ajournée.

Contenu partenaire