Theo Francken © BELGA

« Francken va encore plus loin que le Vlaams Blok »

Han Renard

Après l’attaque frontale de la N-VA envers l’Unia, Alexis Deswaef, le président de la Ligue francophone des Droits de l’homme s’interroge sur « la différence entre ce parti et le Vlaams Belang ».

ALEXIS DESWAEF: Du côté francophone, il y a surtout de l’estime pour Unia. Les politiques n’utilisent pas assez le travail fourni par le Centre de l’égalité des chances, mais personne ne s’interroge sur sa qualité et sa pertinence.

La charge de la N-VA vous a-t-elle surprise?

Pas du tout. Matthias Storme, qui siège au Conseil d’administration d’Unia au nom de la N-VA, plaide depuis des années contre la législation anti-discrimination et pour le droit de discriminer. Du coup, les déclarations de Zuhal Demir, la nouvelle Secrétaire d’État pour l’Égalité des Chances, ne sont pas étonnantes. Tout comme la vice-ministre-présidente flamande Liesbeth Homans, également compétente pour l’Égalité des Chances, elle ne connaît pas ses dossiers. L’origine turco-kurde de Demir rendrait ses critiques crédibles, mais c’est ridicule.

Le pire, c’est que la N-VA court derrière le Vlaams Belang. Le Secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Theo Francken va même plus loin que le Vlaams Blok dans son fameux plan en 70 points dans les années 90.

En quel sens?

Le point 48 du plan disait que les étrangers condamnés pour des délits doivent être expulsés, même s’ils sont nés en Belgique. À l’époque, tout le monde trouvait ça inacceptable. Le mois dernier, Theo Francken a fait approuver une loi qui permet d’expulser les étrangers ou les gens qui ont la double nationalité « qui représentent un danger pour l’ordre public ou la sécurité nationale « , mais qui ne sont pas condamnés, y compris s’ils sont nés et s’ils ont grandi ici. Des gens qui n’ont jamais mis un pied dans leur pays d’origine peuvent perdre leur permis de séjour pour un P.-V. de travail en noir ou des nuisances peuvent perdre leur permis de séjour. Même le Vlaams Belang n’aurait jamais osé en rêver.

Pourtant, les francophones sont nombreux à être charmés par l’approche de la N-VA, vu la popularité de Theo Francken en Wallonie.

Le message envoyé par N-VA apaise notre mauvaise conscience quand il s’agit de racisme et de discrimination. Pour beaucoup de gens, c’est rassurant : « Ah, nous ne sommes pas les mauvais. » À cet égard, une institution comme Unia, qui doit chaque fois relayer les mauvaises nouvelles – « Oui, on discrimine sur le marché du travail, et non, le racisme n’est pas relatif » – accomplit une tâche ingrate. Cependant, un jour Charles Michel devra nous expliquer ce qui différencie la N-VA du Vlaams Belang. Je suis de près l’actualité en Flandre, et je vois de moins en moins la différence.

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