Formation fédérale : le désastre des exclusives et des tensions
L’impasse actuelle s’explique par des partis qui refusent de se parler ou qui se déchirent lorsque l’on évoque une ouverture. Coupable.
La Belgique est un pays complexe qui devient peu à peu ingouvernable. Pour bien comprendre la situation actuelle, il faut intégrer deux dimensions propres à la politique belge – singulièrement dommageables. Premièrement, depuis quelques années et en raison tant de la polarisation du paysage politique que de l’écart grandissant entre Flamands et francophones, les exclusives se multiplient entre partis, A ne veut pas gouverner avec B qui ne veut pas gouverner avec C… Deuxièmement, et consécutivement, les partis, qui ne sont plus des blocs monolithiques en raison d’idéologies en mouvement perpétuel, subissent des tensions internes non négligeables, accentuées par des élections présidentielles internes.
Dans des moments de crise comme c’est le cas aujourd’hui au fédéral, la volonté de certains de faire le choix d’un compromis – au risque de renoncer à des pans importants du programme – suscite de vives répliques. Démonstration – et ce n’est pas par l’absurde.
1 Ces désastreuses exclusives
Du côté francophone, Ecolo ne souhaite en aucun cas gouverner avec la N-VA. Groen est sur la même ligne, même si les écologistes flamands participent à des majorités locales avec les nationalistes. Le PS réitère dans toutes les langues, – plus d’une douzaine de fois depuis mai – qu’il ne veut pas gouverner avec la N-VA. Il s’agit d’être cohérent avec ce qui avait été annoncé durant la campagne, mais aussi de tenir compte des différences programmatiques fondamentales avec les nationalistes. Le député fédéral Patrick Prevot, un ancien du cabinet Di Rupo au Seize, faisant encore le débat ce matin en réitérant l’intransigeance du parti. Son président, Paul Magnette, se dit « ouvert à la discussion, mais fermé à la conclusion ».
https://twitter.com/PPrevot/status/1217736006176329729Patrick Prévothttps://twitter.com/PPrevot
Ce n’est pas une question d’ego, c’est une question de programme. On ne peut pas se faire élire sur un programme (et rester, malgré la diminution, le 1er parti en FWB) et s’asseoir sur toutes nos balises pour entrer dans un gouvernement.
— Patrick Prévot (@PPrevot) January 16, 2020
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Du côté flamand, la N-VA n’a pas été plus ouverte en affirmant régulièrement sa réticence à gouverner avec le PS... sauf pour mettre en place un confédéralisme imbuvable pour le PS. Ce n’est qu’au moment où le parti de Bart De Wever a senti souffler le vent du boulet avec l’imminence d’une formation gouvernementale sans lui, qu’il a tendu la main avec des avancées sociales.Ue évolution, donc: il a rebattu les cartes en incitant SP.A et CD&V à souhaiter une nouvelle tentative PS – N-VA. Sans que l’on ne croit, au PS et à Ecolo, à sa sincérité.
https://twitter.com/AlexanderPrym/status/1217741462466592768Alexander Prymhttps://twitter.com/AlexanderPrym
L’article date du 13/05 2019 (avant les élections) et @de_NVA est revenu sur ses propos, contrairement à @Ecolo et au @PSofficiel qui continuent avec leurs exclusives. Les moins constructifs/flexibles sont du coup de quel côté ? #begov
— Alexander Prym (@AlexanderPrym) January 16, 2020
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En s’excluant les uns les autres, N-VA et PS bloquent fondamentalement le jeu. Et rendent par exemple impossible une alternative à la Vivaldi sous forme d’une « Diables rouges » alliant PS, N-VA, SP.A, MR et CD&V). Une improbable majorité alternative sans le PS (N-VA, MR, CD&V, CDH, SP.A) semble peu probable, même si l’idée circule… plutôt à droite, faut-il le dire.
2 Ces déchirures internes
Il y a de quoi perdre son latin à suivre les derniers développements de la crise fédérale. Au SP.A, donc, le jeune président Conner Rousseau rouvre le jeu en direction de la N-VA, Johan Vande Lanotte appelle au dialogue entre les deux, la députée flamande Freya Van den Bossche (fille de) affirme que « SP.A et PS ne sont pas un parti unique », mais Bruno Tobback (fils de) privilégie toujours la piste arc-en-ciel (socialistes, libéraux, écologistes). Fortement fragilisé, sous les 10% désormais, le parti socialiste flamand cherche tout simplement à exister après le pari du renouveau à sa tête.
https://twitter.com/michelhenrion/status/1217736220173914112michel henrionhttps://twitter.com/michelhenrion
@BTobback : "Johan Vande Lanotte ne siège plus ni au Bureau du sp.a ni au Parlement: il ne parle ni en mon nom ni en celui d’autres socialistes flamands. Il dit juste comme moi que si quelqu’un dit quelque chose, il faut l’écouter. (rtbf) #BeGov
— michel henrion (@michelhenrion) January 16, 2020
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L’Open VLD n’est guère mieux loti. Sa présidente, Gwendolyn Rutten s’est avancée en faveur de l’arc-en-ciel, provoquant un solide débat interne, et a refusé toute idée d’un « front flamand ». Cette phase provoquée par l’Open VLD a provoqué une rupture avec la N-VA. Bart De Wever affirme que la présidente aurait reçu la garantie qu’elle deviendrait Première ministre – affirmation démentie. Voilà pourquoi il a désormais avancé uine alliance N-VA – CD&V – SP.A, sans l’Open VLD. Des cadres à la droite du parti, libéral flamand dont le bourgmestre de Courtrai Vincent Van Quickenborne, préfèrent une alliance avec la N-VA et saluent les avancées de la note Bouchez-Geens par rapport à la note Magnette.
Vous suivez toujours ?
https://twitter.com/PolBegov/status/1216347160872132608Veille infopolhttps://twitter.com/PolBegov
Rutten: ‘Front vormen doe je tegen iets. Ik doe aan politiek vóór iets’ Open VLD-voorzitster Gwendolyn Rutten verwerpt de uitlatingen van haar N-VA-collega Bart De Wever en de kritiek dat ze weigerde in te gaan op een uitnodiging voor een vergadering m… https://t.co/Xx9SM1Ef0A pic.twitter.com/NGiX4vnrnW
— Veille infopol (@PolBegov) January 12, 2020
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Van Quickenborne zaait verdeeldheid bij Open Vld: “Nota van Magnette ging echt niet, deze wel” https://t.co/LOMqPE5ipX via @HLN_BE
— Vincent (@fireondemand1) January 10, 2020
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Le CD&V détient plus que jamais la clé de la formation gouvernementale, mais son nouveau président, Joachim Coens, doit imposer sa marque lui aussi alors qu’il a été rapidement propulsé informateur. Or, ladite marque semble plutôt conservatrice.
Curieusement, jusqu’ici, les partis francophones semblent plutôt préservés par les fractures internes. Mais tous – PS, MR, Ecolo et CDH – n’en ont pas été avares ces dernières années et une éventuelle avancée vers une solution autre que la fameuse Vivaldi pourrait réveiller les vieux démons.
En attendant, pour l’instant, l’analyse se termine comme ça:
https://twitter.com/TwitPolitique/status/1217775979654938626TwitPolitique – RTBFhttps://twitter.com/TwitPolitique
#nevergov https://t.co/G6c4n2ub0Q
— TwitPolitique – RTBF (@TwitPolitique) January 16, 2020
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