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Ford Genk : une totale « absence d’éthique »

La décision de fermer Ford à Genk, qui conduira à la suppression de quelque 10.000 emplois directs et indirects, a été prise la semaine dernière, a affirmé mercredi Stephen Odell, administrateur délégué de Ford Europe. Il y a quelques semaines encore, Ford confirmait l’arrivée à Genk de trois nouveaux modèles à produire.

Dans le dossier de Genk, l’ancien patron de Volvo Cars Gent, Peter Leyman, trouve que la position de la direction européenne de Ford « confine à l’absence d’éthique ». Il trouve particulièrement incompréhensible la confirmation, il y a quelques semaines encore, de l’arrivée à Genk de trois nouveaux modèles à produire. « Nous avons tout fait pour que Ford Genk reste ouvert », a déclaré mercredi le ministre-président flamand Kris Peeters à l’issue de sa réunion avec la direction de Ford Europe. D’après le gouvernement flamand, le constructeur automobile est revenu sur ses engagements formulés en 2010 et sur les propos tenus aux syndicats en septembre. Kris Peeters parle d’un « parjure ». Le gouvernement flamand étudie la possibilité de réclamer les 43,5 millions d’euros accordés.

Le gouvernement flamand veut entendre de la direction de Ford la raison de son revirement. Kris Peeters fait référence au plan d’avenir couché sur papier en 2010 et aux contacts existant en septembre avec les syndicats. « Comment est-ce possible que la situation se soit tant détériorée sur une si courte période? », s’insurge Kris Peeters.

Plus aucun avenir pour l’assemblage de voitures en Belgique

Peter Leyman, le directeur de Volvo Cars Gent entre 2001 et 2007, ne voit plus aucun avenir pour l’assemblage de voitures en Belgique. « Il n’y a plus de place pour la production de masse de produits standards comme les voitures », constate-t-il.

Pour Audi Bruxelles, il voit encore « un certain avenir ». « On y a mené un grand nettoyage pour repartir sur des bases saines. Mais si Volkswagen connaît des difficultés, eux aussi seront dans la tourmente », estime-t-il.

Volvo Cars à Gand, où Leyman a travaillé pendant 20 ans, est désormais aux mains du Chinois Geely. « Ils construisent des usines en Chine et aux Etats-Unis. Ils s’étendent alors qu’on est déjà en surcapacité. Je suis encore serein pour Gand pour les cinq prochaines années, mais après, la stratégie va sans doute changer », prédit-il.

« Les coûts salariaux en Belgique ne sont pas déterminants »

Pour expliquer ce phénomène, Peter Leyman renvoie aux coûts salariaux en Belgique. « Cela joue sans doute, mais ce n’est pas déterminant. L’Allemagne et les Pays-Bas ont le même problème. »

L’ancien patron pointe d’autres raisons à la décision de Ford. « Il n’y a pas de centres de décision en Belgique, qui est en outre un petit marché. Si tous les Belges arrêtaient d’acheter des Ford, cela n’aura pas un grand impact. C’est pour cette raison aussi que Renault a fermé son usine de Vilvorde. »

Mais Peter Leyman martèle surtout que le « climat qui règne en Belgique n’est pas favorable aux entrepreneurs » et que le marché du travail ne fonctionne pas bien. « On voit aussi de l’insécurité fiscale », ajoute-t-il.

Levif.be Avec Belga

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