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Ford Genk ferme définitivement ses portes

La fermeture définitive ce 18 décembre de l’usine Ford à Genk est un coup dur pour le Limbourg. Cela n’a pas seulement un impact social important, mais aussi économique puisque l’usine représentait 10 000 emplois directs et indirects.

La dernière Ford Mondéo devrait quitter l’usine dans le début de la matinée. Après, Ford Genk fermera ses portes et plus de 4000 personnes se retrouveront sans emploi. À son ouverture, le 2 janvier 1964, l’usine lance la production de la Ford Taunus 12M. En 1993, l’usine emploie 14.000 personnes et atteint un pic de production en 1994, avec 478.053 voitures. Mais au début des années 2000, l’usine connaît ses premiers soubresauts et 3.000 employés perdent leur emploi. Ce ne sera pas la dernière restructuration. On craignait déjà à l’époque que l’usine suive le même chemin que les mines, malgré les millions de subsides. À raison, puisque le 24 octobre 2012, la direction de Ford annonce la fermeture définitive de Ford Genk pour la fin de 2014.

Jusqu’à aujourd’hui, beaucoup ont cru à un miracle. Mais ce n’était que de faux espoirs. Un véritable drame pour cette région qui compte déjà l’un des plus hauts taux de chômage de Flandre. Les employés de Ford gagnaient bien leur vie et sont des employés qualifiés dans un domaine très spécialisé. Accepter un travail sous-payé ne sera, pour beaucoup, pas une évidence. Pourtant, il n’y a que l’usine MINI Born qui pourrait offrir des conditions similaires, mais toutes les places sont prises.

Au moment de l’annonce de sa fermeture, l’entreprise de Ford Genk représentait près de 10.000 emplois directs et indirects. Ford y dégageait un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros et contribuait pour 15% à la valeur ajoutée du secteur automobile belge. À cette époque, on annonçait que la fermeture de l’usine diminuerait notre PIB de 0,3% et causerait la perte à 9.460 emplois. « Dans l’usine Ford même, 4.300 ouvriers et employés travaillent. De plus, 1.305 personnes sont employées dans les entreprises reliées au ‘convoyeur’. À cela s’ajoute également une quarantaine d’autres sociétés travaillant parfois comme fournisseurs exclusifs pour Ford Genk », précisait alors Agoria, avant de poursuivre. « L’usine de Genk est la victime d’une combinaison entre la surcapacité dans un secteur touché par la crise et la concurrence des usines des autres pays. Bien que la Belgique se situe parmi les pays les plus chers en raison des coûts salariaux, des charges fiscales locales et des coûts énergétiques, la prime d’équipe fédérale rend le secteur automobile dans notre pays un peu meilleur marché par rapport à l’Allemagne. Cet avantage s’amenuise cependant en raison de l’inflation élevée et de la progression plus rapide des salaires. » Quatre entreprises, où travaillaient 1.300 personnes et qui étaient reliées directement à l’usine de Ford Genk par un système de transports, ont également dû/devront fermer leurs portes.

La fermeture de Ford Genk n’est donc pas seulement regrettable pour tous les travailleurs qui perdent leur emploi, mais également pour les nombreux et souvent petits fournisseurs qui dépendent largement de l’usine Ford Genk. « Avec la fermeture de Ford Genk, c’est le plus gros moteur économique de la province qui est soudainement débranché, et ça produira un effet boule de neige qu’il ne faut pas sous-estimer », réagissait à l’époque Gert Schreurs, de l’association patronale VKW Limburg. « Il est logique que la fermeture d’une usine aussi importante ait des conséquences sur les entreprises qui travaillent, directement ou indirectement, pour Ford Genk », précisait-il encore.

Deux minutes de bruit en hommage aux travailleurs

Un grand vacarme a retenti jeudi vers 12h30 à Genk et dans le reste du Limbourg afin de rendre hommage aux travailleurs de l’usine Ford, qui ferme ses portes aujourd’hui. Des milliers de personnes onf fait hurler sirènes et klaxons dans toute la province alors qu’une centaine d’ouvriers formaient un cercle aux portes du site pour marquer la fin de la production.

L’action est une initiative de l’administration communale de Genk destinée à mettre du baume au coeur des quelque 5.300 personnes qui perdent leur emploi après une première vague de 1.288 licenciements. Le message est bien passé puisque les Limbourgeois ont fait le plus de bruit possible pendant deux minutes à 12h30.

Un adieu émotionnel a également eu lieu devant les grilles de l’usine. Une centaine de travailleurs s’y sont rassemblés main dans la main pour former un cercle alors que les véhicules garés sur le parking faisaient retentir leurs klaxons. Certains (ex-)travailleurs qui n’étaient pas de service étaient également présents, applaudissant leurs collègues. Les ouvriers émus et parfois en larmes n’ont pas voulu réagir face à la presse. L’un d’entre eux a symboliquement attaché le sac à dos avec lequel il s’est rendu à l’usine pendant 20 ans à la grille d’entrée

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