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Fernand Koekelberg inculpé pour tentative de viol

L’inculpation ultra-rapide décidée par le juge d’instruction namurois Philippe Olivier est contestée par la défense. Fernand Koekelberg a été suspendu provisoirement pour garantir le bon fonctionnement de la police fédérale, selon le commissaire général Paul Van Thielen .

La nouvelle affaire Koekelberg est-elle un avatar, en ce début d’été, de l’affaire DSK et de l’affaire Leterme ? Au petit matin, les auditeurs des radios ont appris avec effarement que l’ancien commissaire général de la police fédérale, Fernand Koekelberg, avait été brièvement privé de sa liberté, à Namur, suite à une dénonciation pour viol d’une femme qui était sa compagne depuis quatre mois. En réalité, la nouvelle avait déjà « fuité » vers certains journalistes, la veille, à 22 heures.

Que s’est-il réellement passé ? Après avoir connu un drame dans sa vie privée (le suicide de sa fille de 16 ans), puis avoir été secoué par des accusations de dépenses somptuaires pour soutenir sa candidature à la vice-présidence d’Interpol, Koekelberg avait démissionné, tout en gardant la confiance de sa ministre de tutelle, Annemie Turtelboom (Open VLD). Une nouvelle fonction doit lui être confiée de façon imminente : coordinateur fédéral chargé d’animer un staff d’officiers de liaisons entre la police et les entités fédérées.

Tout aurait bien été si, il y a quatre mois, une femme ne s’était trouvée sur son chemin qui, aujourd’hui, l’accuse d’avoir abusé d’elle. Elle n’a pas déposé plainte à la police avant mardi, le 12 juillet, alors que les faits reprochés se seraient déroulés le dimanche 10 juillet. La jeune femme (une quarantaine d’années) souhaitait rompre, selon ses dires, et c’est dans ce contexte que la relation forcée aurait eu lieu. Elle appuie sa plainte sur l’existence d’ecchymoses provoquées par la soirée du dimanche et d’autres éléments de médecine légale.

Mais, avant le dépôt de la plainte, des SMS ont encore été échangés entre les deux protagonistes. De quelle nature, ces messages ? Le Vif/L’Express croit savoir que le juge d’instruction de Namur, Philippe Olivier, ne les avait pas encore tous lus lorsqu’il a décidé de priver de sa liberté l’ancien commissaire général, puis de l’inculper pour tentative de viol, le jeudi 14 juillet. Impossible de tenir sous le boisseau une nouvelle aussi sensationnelle. Le secret de l’instruction n’a pas tenu très longtemps, alors que l’enquête, menée par le comité P (comité permanent de contrôle des services de police) n’en est qu’à ses débuts et que la matière, humaine, parole contre parole, est délicate.

La jeune femme est défendue par l’avocat bruxellois Denis Bosquet, qui relève, pour le Vif/L’Express, que le juge d’instruction a remis en liberté Fernand Koekelberg sous conditions, ce qui suppose que «  »‘affaire est suffisamment sérieuse pour restreindre les allées et venues de l’inculpé par rapport à sa victime présumée ». Celle-ci va se constituer partie civile. C’est bien le juge d’instruction, saisi par le parquet, qui a donné un coup d’accélérateur à l’affaire, en inculpant rapidement Koekelberg. Une inculpation repose, en principe, sur des indices sérieux de culpabilité.

Fernand Koekelberg conteste ces « accusations ignobles » par la voix de son avocat, Me Marc Uyttendaele. Plainte en diffamation va être déposée. Une expertise psychiatrique de la victime présumée a été réclamée par la défense. « Pour le reste, les tout premiers devoirs d’enquête révèlent déjà des contradictions dans les dires de la plaignante. Monsieur Koekelberg a d’emblée sollicité des devoirs d’enquête précis qui seront de nature à démontrer qu’il est victime d’affabulations », a déclaré l’avocat de la défense. Le haut fonctionnaire de police regrette que les autorités judiciaires namuroises « se soient précipitées et aient décidé de l’inculper avant même d’avoir procédé à une instruction suffisamment sérieuse et complète ».

Marie-Cécile Royen

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