Selon les mutualités, le budget des médicaments risque d'être encore un peu plus sous tension. © GETTY IMAGES

Faut-il s’inquiéter d’une hausse du prix des médicaments ?

Des consommateurs dénoncent déjà des hausses de prix dans les pharmacies, notamment sur certains produits demandés, comme les masques.

Jean-Philippe Ducart, manager lobby & press au sein de l’ASBL Test-Achats, se montrait prudent dimanche en expliquant qu’une analyse approfondie des plaintes était réalisée. La porte-parole du SPF Economie Chantal De Pauw assurait également durant le week-end qu’une attention était dirigée sur les prix pratiqués mais qu’aucun contrôle n’avait encore été ordonné à ce stade.

Jean-Philippe Ducart de Test-Achats remarque que « des consommateurs rapportent avoir vu des masques chirurgicaux vendus entre 6 et 9 euros, soit un effet multiplicateur de 10 à 15. Si tous les pharmaciens s’entendent sur ce prix, cela pose un problème. Si c’est un cas isolé, cela constituerait une pratique commerciale déloyale ». Il concède que l’augmentation des prix peut aussi venir des fournisseurs, ce que confirme Alain Chaspierre, porte-parole de l’Association Pharmaceutique Belge (APB) : « Les masques de type FFP2 sont réservés depuis un certain temps aux hôpitaux, qui n’en ont pas assez. Ils ne sont normalement plus vendus dans les pharmacies. Les prix des fournisseurs se sont cependant envolés. Mon médecin généraliste achète aujourd’hui dans les 17 euros un masque FFP2 au fournisseur et donc on ne peut pas reprocher aux pharmaciens qui en vendent encore d’être excessifs en les proposant à 20 euros, la marge étant de 3 euros ».

Jean-Philippe Ducart ajoute que Test-Achats a formulé des plaintes au SPF Santé publique et à l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) au sujet de la vente de ViruProtect, un produit jugé inutile voire dangereux par l’association : « Des produits de comptoir nous posent problème. C’est le cas du ViruProtect. On profite de la crédulité ou de l’inquiétude des gens. On lance lundi une initiative pour appeler les gens à témoigner sur ce type de pratique ».

Un manqe de reconnaissance

Alain Chaspierre estime que les pharmaciens souffrent au contraire d’un manque de reconnaissance de leur travail pourtant primordial dans cette crise. « L’ordre des pharmaciens a publié une note sur son site au sujet de l’étique professionnelle par rapport aux prix. On met des balises. Même s’il est possible qu’un ou deux pharmaciens tombent dans l’excès, je pense que la grande majorité fait un travail remarquable. Les pharmaciens ont mis en place des procédures pour assurer le suivi des soins et font du portage à domicile ».

Il note encore que les prix des médicaments sont fixes : « Les pharmaciens régulent la vente du paracétamol à une boîte par famille pour éviter que des gens ne fassent du surstockage dans les maisons. Le Plaquenil, qui contient de l’hydroxychloroquine, a été mis en quarantaine par l’Etat pour les réserver pour aux hôpitaux et aux malades chroniques qui en ont besoin pour traiter la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus érythémateux. Il faut se méfier plus que jamais des sites de vente en ligne, qui sont la grande porte d’entrée des médicaments falsifiés ».

Quant à l’envolée des prix de l’alcool, il note que l’Etat a autorisé les pharmaciens à se fournir auprès des distilleries pour fabriquer des solutions et gels hydroalcooliques.

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