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Fact-checking: certains traitements sont-ils niés?

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

La surmortalité, la grippe, le masque, l’immunité collective… Les avis sur ces sujets sont nombreux sur les réseaux sociaux. Dans un souci d’objectiver le débat, alors que les informations contradictoires circulent aussi vite qu’une épidémie, Le Vif a décodé les arguments que vous entendez souvent.

Ce qu’on entend: « Certains traitements, comme l’hydroxychloroquine, sont niés ». Pourquoi c’est en partie faux.

L’hydroxychloroquine (HCQ), un anti-inflammatoire connu depuis des décennies, aurait-elle également des propriétés antivirales contre le Sars-CoV-2 ? C’est l’espoir que faisaient miroiter, en février dernier, les résultats d’une étude chinoise sur des cellules de singe, avant qu’un scientifique français controversé, le professeur Didier Raoult, s’y intéresse également.

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« Depuis lors, il a toutefois été clairement démontré que l’hydroxychloroquine n’avait pas d’activité antivirale, ni sur des animaux, ni sur des cellules humaines de poumons », résume Nicolas Dauby, spécialiste en maladies infectieuses à l’hôpital universitaire Saint-Pierre (ULB) et chercheur qualifié en immunologie de la vaccination (FNRS). Au début de l’épidémie, l’administration d’HCQ à faible dose aurait certes permis de réduire d’un tiers le nombre de décès parmi les patients belges qui en ont reçu, selon une étude rétrospective cosignée par ce dernier et dirigée par Sciensano.

Mais la baisse du taux de létalité serait liée à ses propriétés anti-inflammatoires, puisque la Covid-19 sévère constitue précisément une maladie inflammatoire avant tout. Qu’importe : l’HCQ est bannie des hôpitaux belges depuis fin mai dernier. Désavouée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en juin, après la publication des résultats de l’essai clinique britannique Recovery, qui n’avait pas établi de réduction de la mortalité – sans toutefois tenir compte du faible dosage identifié dans l’étude belge. Evincée au même moment pour sa toxicité supposée, à la suite d’une étude parue dans la revue médicale The Lancet, avant que la véracité des données recueillies dans celle-ci soit entièrement remise en cause. L’étude Recovery a également mis en évidence les bénéfices d’un autre anti-inflammatoire, dont l’administration aurait permis de réduire de 20 à 30% le taux de mortalité.

Depuis mi-juin, c’est la dexaméthasone qui est ainsi devenue le traitement standard. « Quand les patients arrivent à l’hôpital, ils en sont en général à six ou sept jours de symptômes, explique Nicolas Dauby. C’est à ce moment-là que commence la phase inflammatoire et qu’ils peuvent avoir besoin d’oxygène. Dès que c’est le cas, il est recommandé d’administrer de la dexaméthasone. » Pour autant, le docteur regrette que la pollution du débat autour de l’HCQ ait à ce point sapé la recherche scientifique à son sujet, en l’associant par exemple à la dexaméthasone pour tenter de réduire encore davantage le taux de létalité. Non, l’hydroxochloroquine ne peut donc pas venir à bout de la Covid-19. Mais son apport anti-inflammatoire potentiel a bel et bien été renié prématurément, bien que l’alternative qu’est la dexaméthasone permet de soigner bien mieux les patients qu’en mars dernier.

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