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Extinction Rebellion: des dizaines de témoignages d’abus et une enquête ouverte

Le mouvement Extinction Rebellion a déjà rassemblé plus de 30 témoignages sur l’action de la police de Bruxelles-Ixelles dans le cadre de la répression de l’action de désobéissance civile sur l’urgence climatique de samedi, tant sur la place Royale que dans les cellules. Il est question de harcèlement et même de possibles mauvais traitements.

« Si ces déclarations s’avèrent correctes, ces actes sont naturellement inadmissibles », a déclaré Ilse Van de keere, porte-parole de la police zonale.

L’intervention des forces de l’ordre a fait l’objet de nombreuses critiques quant à la proportionnalité des moyens déployés face à des manifestants non violents et à la gratuité de certains gestes posés par des policiers. C’est notamment le recours à l’auto-pompe qui est questionné au niveau des décisions prises par les responsables. A titre individuel, des images diffusées dans les médias ont par exemple montré des manifestants aspergés de gaz lacrymogène alors qu’ils étaient immobilisés au sol. « Les gens ont été impressionnés, perplexes même, face à ce qui s’est passé », rapporte Linde Polfliet, porte-parole d’Extinction. « Le sentiment général c’est qu’ils ne s’attendaient pas à que cela soit possible en Belgique ». La police a déjà annoncé qu’une enquête serait ouverte pour évaluer l’intervention policière. Extinction Rebellion envisage de déposer une plainte collective sur la base des témoignages rassemblés, mais la question n’est pas encore tranchée. Pieter Geens, un autre porte-parole du mouvement, explique que « toute notre énergie se concentre pour l’instant à apporter du soutien aux victimes, physiquement, psychologiquement mais aussi juridiquement. On s’occupe d’abord des gens qui ont souffert et on verra dans un second temps si on décide de porter plainte. Ce n’est pas le plus important pour nous ».

Le journal De Standaard fait écho d’un incident particulièrement préoccupant qui aurait eu lieu dans les garages du commissariat central de la rue du Marché au Charbon, où une quarantaine de manifestants auraient été amenés après leurs arrestations. A un certain moment, des policiers auraient fermé toutes les portes du garage et l’un d’eux serait monté sur sa moto en dirigeant le pot d’échappement vers les manifestants et en accélérant à plusieurs reprises. Il aurait aussi fait des tours autour du groupe pendant environ 5 minutes. D’autres policiers auraient de plus commencé à fumer. Les manifestants qui avaient du mal à respirer auraient demandé de l’eau, qui leur aurait été refusée. Une jeune fille aurait fini par vomir et d’autres se seraient urinés dessus car les policiers refusaient de les laisser aller aux toilettes. Le quotidien parle encore de moqueries et d’intimidations.

Pieter Geens avance avoir eu des échos de cet incident dans les témoignages recueillis. « Si ces déclarations sont avérées, ces faits sont naturellement inacceptables », a déclaré Ilse Van de Keere. « Nous allons ouvrir une enquête ». Les militants envisagent de se mobiliser lundi au prochain conseil communal de la Ville de Bruxelles. Le bourgmestre Philippe Close a entretemps proposé de se mettre autour de la table avec les activistes pour voir comment ils peuvent organiser au mieux leurs éventuelles prochaines actions. « Nous sommes toujours prêts à dialoguer », a assuré Linde Polfliet. Pieter Geens estime que cette question de la violence policière élude leurs revendications premières qui concernent le climat: « Est-ce que le gouvernement veut nous aider à grandir en mettant en oeuvre un vrai dialogue démocratique ou est-ce qu’il choisit de nous réprimer en utilisant la violence? », s’interroge-t-il.

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