EXCLUSIF : L’eurodéputé Dehaene ne déclare pas ses bonus

Dans sa déclaration d’intérêts financiers, à laquelle tous les eurodéputés sont soumis, Jean-Luc Dehaene ne fait pas mention de ses bonus AB InBev (3 millions d’euros). Il aurait dû le faire. Cela inquiète les associations concernées par l’influence des lobbies. Elles ont adressé un courrier à Martin Schulz, le président du Parlement européen, pour lui faire part de ce conflit d’intérêts.

Décidément, les 3 millions d’euros de bonus que Jean-Luc Dehaene est censé toucher en tant qu’ancien administrateur du géant brassicole AB InBev font couler beaucoup d’encre. Cette fois, ce sont les associations Alter-EU et FoEE, soucieuses d’une meilleure transparence et régulation en matière de lobbying, qui rouvrent le dossier : selon elles, l’eurodéputé Dehaene aurait du inscrire ces bonus dans sa déclaration d’intérêts financiers. Les nouvelles règles duCode de conduite des membres du Parlement européen (PPE) stipulent même que les élus doivent mettre à jour leur déclaration dès qu’un changement intervient.

Visiblement, JLD ne l’a pas fait dans sa déclaration . En page 5 du document, une case lui permettait pourtant d’inscrire ces bonus (« financiële belangen »). Aurait-il dû le faire, avant de les avoir touchés ? « Absolument, nous dit-on chez Alter-EU. C’est prévu par l’article 1 du Code de conduite. En outre, il ne s’agit pas d’un montant insignifiant. Le conflit d’intérêt entre cette importante rémunération et son travail d’eurodéputé est évident. » En effet, le parlement est amené à voter des textes décisifs concernant l’industrie agroalimentaire dont AB InBev fait partie. Entre autres : l’étiquetage alimentaire qui fait l’objet d’un intense lobbying pour éviter un maximum de contraintes dans l’indication des ingrédients riches en graisse ou en sucre.

Alter-EU et FoEE ont adressé, ce 15 mai, un courrier au président du Parlement européen pour lui faire part de ce manque de transparence de la part de Dehaene. La lettre rappelle clairement les règles du Code de conduite. A l’heure où les institutions européennes cherchent justement à devenir plus transparentes en matière de lobbying et de conflits d’intérêts, le cas de JLD paraît emblématique. La réponse de Martin Schulz est très attendue.

Thierry Denoël

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