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Est-ce qu’un F-16 a tiré sur un autre F-16 ?

Muriel Lefevre

Le ministère de la Défense et le parquet fédéral enquêtent pour savoir si le F-16 qui a brûlé hier a été touché par les munitions d’un autre avion.

Est-ce qu’un avion a tiré sur un autre à Florennes ? Le chasseur F-16 qui a brûlé hier à Florennes aurait bel et bien été touché par des munitions d’entraînement de l’armée elle-même. La défense n’exclut rien, mais ne veut pas tirer de conclusions hâtives et attend les résultats de l’enquête de l' »Aviation Safety Directorate » (ASD), l’unité chargée au sein de la Défense de la sécurité aérienne et des enquêtes en cas d’accidents et incidents aériens. Le ministère public ne souhaite pas plus se prononcer sur ce sujet pour l’instant.

Ce que l’on sait

Un chasseur-bombardier F-16 a été complètement détruit jeudi après-midi par une explosion lors d’un entretien au sol sur la base de Florennes, un accident qui a fait deux blessés légers, a-t-on appris de source militaire. Deux blessés, des techniciens, ont été soignés sur place. Ils souffrent de troubles d’audition – et non de brûlures.

L’incendie s’est déclaré vers 14h10 au cours de travaux de maintenance, a précisé le service de presse de la Défense dans un communiqué alors que plusieurs médias ont publié des photos de hautes volutes de fumée noire s’élevant au-dessus de la partie sud-est de la base. Un deuxième appareil a subi « des dommages collatéraux », a-t-on ajouté de sources militaires sans préciser l’ampleur des dégâts subis.

Une des pistes possibles serait, selon le Standaard, que l’un des avions a été touché par des munitions tirées par un autre avion. L’un des techniciens qui a subi des dommages auditifs pendant l’incident travaillerait en effet sur les munitions de l’appareil.

Incompréhensible

Le commandant de la base de Florennes, le colonel Didier Polomé, exprime son incompréhension à la RTBF :  » En arrivant ici, je me dis que ce n’est pas possible. C’est certainement une suite de petites circonstances qui, au départ , n’ont peut-être aucune importance. C’est rarement la faute d’une personne qui aurait pris UNE mauvaise décision. Il s’agit d’une enquête à deux volets. Principalement la sécurité aérienne par une équipe spécialisée en accident d’avion qui vérifie plusieurs aspects. Il y a ensuite l’aspect juridique qui va analyser les fautes humaines possibles. Et analyser, si faute il y a eu, si l’erreur était intentionnelle ou pas. »

Il y a bel et bien une enquête du parquet fédéral

Le parquet fédéral a ouvert une enquête, confirme-t-on au parquet fédéral. Ce dernier s’est saisi de l’affaire comme le veut la procédure à chaque fois qu’un incident implique un avion militaire. « Nous sommes descendus sur place jeudi avec la DJMM, le service de police judiciaire en milieu militaire. Le but de cette enquête est de dégager les responsabilités: savoir s’il s’agit d’un accident ou non, si une faute a été commise, qui va rembourser, etc. », explique-t-on encore au parquet fédéral. A l’heure actuelle, les résultats de l’enquête ne sont pas encore connus mais le parquet fédéral avance la thèse de l’accident.

54 F-16

La base de Florennes abrite le 2ème wing tactique, équipé d’une bonne vingtaine de F-16 et disposant de deux escadrilles, la 1ère et le 350ème. Quatre de ces avions, servis par une cinquantaine de personnes, sont déployés depuis début septembre et pour quatre mois sur la base aérienne de Siauliai (Lituanie) dans le cadre de la mission de police aérienne de l’Otan baptisée BAP (« Baltic Air Policing »). La composante Air disposait, avant la perte de cet appareil – et éventuellement d’un second -, de 54 F-16, des avions vieillissants, livrés entre fin 1982 et 1991, dont le gouvernement a lancé la procédure de remplacement dans le cadre d’un marché d’un montant initial de 3,6 milliards d’euros.

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