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Enseignement : le PS freine le projet de tronc commun de cours philosophiques

Le Parti socialiste a réclamé mardi davantage de réflexion dans le débat sur l’introduction d’un tronc commun aux cours dits « philosophiques » dès l’école primaire, laissant peu d’espoir à l’aboutissement sous cette législature du projet de la ministre de l’Enseignement obligatoire Marie-Dominique Simonet (cdH), soutenu au moins partiellement par Ecolo et le MR.

« Continuons à en parler, mais donnons-nous encore du temps pour y réfléchir avec détermination », a conclu le chef de groupe PS Léon Walry, au terme d’une première matinée d’auditions en commission du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui, selon lui, n’a pas permis de trouver « le dénominateur commun ».

Le projet de la ministre vise un « tronc commun » à tous les cours de religion ou de morale, afin de développer la pensée rationnelle, logique et argumentative autour de trois grands axes: le questionnement philosophique, le dialogue interconvictionnel et l’éducation à une citoyenneté active.

Richard Miller (MR), partisan de l’introduction d’un cours de philosophie et d’histoire des religions, reconnaît que les objectifs du projet de Mme Simonet sont proches. « Mais que va faire le PS », s’interroge-t-il, conscient de la nécessité d’un accord politique préalable au sein de l’Olivier (PS-cdH-Ecolo).

Christian Dupont, disant s’exprimer au nom du PS, s’est demandé si c’était bien l’heure d’ouvrir ce débat, et a insisté sur les matières fondamentales de l’enseignement (lecture, sciences, enseignement technique et professionnel, etc.).

Il a mis en garde contre une réponse « bricolée », le contenu des cours de religion devant être déterminé par les chefs de culte et non le parlement. « Si les chefs de culte le veulent, qu’ils le fassent, le parlement lui n’est pas habilité à se prononcer là-dessus », a-t-il lancé, évoquant la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

L’ancien ministre de l’Enseignement a aussi rappelé qu’un manuel de la citoyenneté avait déjà été mis en oeuvre sous la précédente législature, et que l’on pouvait le doter de fiches pédagogiques.

Son collègue du PS Mohammed Daïf s’est interrogé pour sa part sur la faiblesse du nombre d’écoles dispensant un cours de religion islamique dans l’enseignement subventionné. Il estime que le tronc commun proposé serait un moyen de « connaître l’autre ».

Enfin, Olga Zrihen (PS) a appelé à faire clairement la différence entre un cours de religion et un cours d’éducation civique et/ou philosophique, réclamant un cours sur la laïcité de l’Etat.

Richard Miller a vu dans ces points de vue une incapacité du PS à se prononcer clairement sur le sujet.

Julie De Groote (cdH), elle, a préféré souligner le « pas en avant » dans la reconnaissance, par l’ensemble des intervenants, de l’urgence de renforcer l’esprit critique dès l’école primaire et la nécessité d’un cours de philosophie et d’histoire des religions.

Pour Yves Reinkin (Ecolo), l’enjeu est de voir si les interlocuteurs seront réellement capables d’avancer vers un « dénominateur commun » d’ici la fin de la législature. Il voit la proposition de Mme Simonet comme une solution intermédiaire. « J’ai l’impression que sur les trois axes (du projet de la ministre), vous êtes d’accord. Mais devra-t-on encore constater qu’on ne peut avancer car les opinions sont trop tranchées », a-t-il demandé, n’obtenant pas de réponse à sa question.

Le CEDEP (Centre d’étude et de défense de l’école publique, qui regroupe douze associations laïques) a répété sa demande de rendre facultatifs les cours dits philosophiques dans l’enseignement officiel, et obligatoire un cours commun reprenant les trois axes précités. Il s’est inquiété de voir des professeurs de religion appelés à dispenser des cours du tronc commun.

Le SeGEC (Secrétariat général de l’enseignement catholique), lui, a soutenu le projet Simonet, tout en relevant que la diversité des élèves dans les classes de religion de l’enseignement catholique en faisait déjà des « laboratoires de dialogue interconvictionnel ». La CSC a quant à elle chiffré le coût d’un cours supplémentaire à 15 à 18 millions d’euros et appelé à « améliorer avant tout ce qui existe ».

Ecolo propose une méthode plus participative

Ecolo a proposé à tous les partenaires de l’enseignement de déterminer comment aboutir à un changement pour les cours philosophiques, quel que soit le réseau.

Au cours d’une première série d’auditions au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les oppositions entre les tenants (le CEDEP, laïc) d’un cours de philosophie donné par des professeurs formés à cet effet, et ceux qui souhaitent une forme de statu quo plus ou moins améliorées (le SeGEC, enseignement catholique) s’est à nouveau fait sentir, selon le député Yves Reinkin. « On est en droit de se demander s’il y a une volonté chez chacun d’eux de faire un pas vers l’autre en cherchant un dénominateur commun », indique-t-il dans un communiqué.

Ecolo propose de porter la réflexion dans tous les réseaux et de garantir une dynamique inter-réseaux, tant au niveau de la formation initiale et continuée que de l’inspection ou des référentiels.

Il souhaite mener une réforme participative. « Il faut permettre aux profs de s’exprimer, s’inspirer de ce qu’ils ont déjà mis en place sur le terrain et surtout former les profs pour que la réforme soit bien préparée ».

Pour aborder la citoyenneté active, le dialogue interconvictionnel et le questionnement philosophique, Ecolo demande que le temps donné et la fréquence des cours soient suffisants.

De nouvelles auditions sont programmées le 13 novembre.

Le Vif.be, avec Belga

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