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Enquête sur les « espions belges » en Afghanistan

Le comité permanent de contrôle des services de renseignements et de sécurité, dit « comité R », a ouvert une enquête sur la mission précise des « espions belges » – en fait les membres du service de renseignement de l’armée – déployés en Afghanistan, qui va être relancée après deux ans de mise en sommeil, rapporte lundi le journal ‘Le Soir’.

Un nombre indéterminé de membres du Service général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS) de l’armée sont présents en Afghanistan au sein des contingents belges de la force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf), dirigée par l’Otan. Ils constituent, de l’aveu du ministre de la Défense, Pieter De Crem, une « cellule nationale de renseignements » (Benic).

Selon ‘Le Soir’, qui a interviewé le président du « comité R », le magistrat Guy Rapaille, cette présence découle des recommandations émises par la commission d’enquête sénatoriale sur les événements au Rwanda en 1994 et la mort de dix Casques bleus belges le 7 avril de cette année à Kigali. « Toute mission de l’armée belge doit être accompagnée d’une cellule de renseignement (pour assurer la sécurité) », a rappelé M. Rapaille.

L’enquête lancée par le comité R voici deux ans était tombée en sommeil, mais elle va être relancée pour produire ses conclusions avant le terme de l’engagement militaire belge en Afghanistan – qui devrait se conclure en 2014, date de la fin prévue du retrait des « troupes de combat » occidentales de ce pays.

« Notre enquête avait initialement pour but de voir comment les informations remontaient aux autorités politiques et militaires. La particularité de l’Afghanistan, c’est que toutes les méthodes y sont utilisées, à la fois l’humain et les sources ouvertes, mais aussi les écoutes éventuelles et l’apport d’images satellitaires », a expliqué le président du comité R.

Selon lui, ce théâtre d’opération « est un exemple rare, à peu près unique, où on peut dire que toutes les méthodes de renseignement sont utilisées, y compris en coopération avec d’autres services de renseignements ». « Cela nous intéresse de voir comment se fait la synthèse de tout cela pour à la fois informer les ministres concernés, l’état-major et participer à la protection des troupes », a ajouté M. Rapaille.

Selon le président du comité R, l’un des buts de l’enquête en cours est de « voir si la mission légale du SGRS est bien remplie » et de « voir s’il n’y a pas de confusion avec les autres unités » belges susceptibles de faire du renseignement – comme le nouveau bataillon baptisé ISTAR (pour « Intelligence, Surveillance, Target Acquisition et Reconnaissance »), fort de 660 hommes, qui a vu le jour le 1er juillet dernier à Heverlee (Louvain) ou les forces spéciales.

Interrogé sur le caractère « offensif » du SGRS, M. Rapaille explique que cette notion signifie que le service de renseignement militaire est autorisé à avoir des agents à l’étranger et « éventuellement des informateurs payés ».

Mais, rassure-t-il, « ils ne mènent pas d’éliminations ». « Le SGRS n’est pas un service d’action: il ne faut pas le confondre avec la DGSE (la Direction générale de la sécurité extérieure) française, qui peut mener des opérations », souligne le magistrat.

LeVif.be avec Belga

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