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Enquête sur le CRIOC : pourquoi les études sont remises en cause

La régularité des enquêtes du CRIOC étonne alors qu’enfle la polémique autour de la gestion du personnel. Le directeur général, Marc Vandercammen, est pointé du doigt dans une enquête réalisée par le Vif/L’Express. Les premières réactions ne se sont pas fait attendre.

Retrouvez notre enquête complète sur le CRIOC dans le Vif/L’Express de cette semaine.

La quasi-totalité des 35 travailleurs du Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs (CRIOC) ont quitté de gré ou de force cette fondation d’utilité publique au cours des trois dernières années en raison d’une gestion des ressources humaines calamiteuse et d’une dégradation de la qualité des enquêtes.

La régularité avec laquelle le CRIOC publie de nouvelles enquêtes ne cesse d’étonner, notamment dans les rédactions où elles arrivent plusieurs fois par semaine. « En fait, ces enquêtes manquent de la plus élémentaire rigueur scientifique », lance une chercheuse anciennement attachée au Centre.

Les données brutes des sondages ne sont en effet jamais communiquées aux chercheurs. Elles sont d’abord traitées par le directeur général du CRIOC, Marc Vandercammen, – ce que ce dernier confirme, en tous cas pour les enquêtes importantes. Les chercheurs sont ensuite priés d’analyser les tableaux de chiffres qui leur reviennent. « Nous ne savions pas comment fonctionnait le logiciel utilisé ni comment les chiffres étaient traités », déplore un expert qui a, depuis, quitté la maison. « Nous avions toujours l’impression que la direction voulait que les chiffres disent telle ou telle chose », ajoute une de ses collègues. Questionné par son personnel, le directeur général n’a jamais voulu expliquer quel traitement il réserve aux données. Même si, très régulièrement, des fautes y étaient détectées.

Vandercammen adaptait les résultats des enquêtes

Certains membres de l’équipe de recherche, convaincus qu’ils avaient été engagés pour donner du crédit scientifique à des études qui ne l’étaient pas, affirment même que Marc Vandercammen adaptait souvent les résultats des enquêtes quand ils n’étaient pas assez spectaculaires à ses yeux. Au risque de contredire ses précédentes études, ou d’autres. Ce que n’a pas manqué de relever, dans une question parlementaire de mars 2010, la députée du sp.a. Magda Raemaekers à propos d’une enquête du CRIOC sur les jeunes et la drogue. Dans sa réponse, la ministre de la Santé publique Laurette Onkelinx avait également remarqué que « de nombreux chiffres cités dans cette enquête ne concordent pas avec ceux produits par le terrain. »

Une mauvaise gestion du personnel

La gestion du personnel constitue l’autre explication aux nombreux départs. Celle-ci reposerait sur la peur qu’inspire l’actuel directeur général de l’institution. Ce que l’intéressé nie farouchement alors que le fonctionnement du CRIOC a fait l’objet à plusieurs reprises ces dernières années de questions parlementaires.

Johan Vande Lanotte analyse le dossier

Le ministre de l’Economie et des Consommateurs, Johan Vande Lanotte, a pris acte de tous les éléments révélés dans le dossier d’enquête réalisé par le Vif/L’Express. « Il compte les analyser et ne réagira qu’ensuite », a précisé sa porte-parole. Le cabinet de l’Economie et des Consommateurs, qui doit encore désigner en son sein un délégué du gouvernement appelé à siéger au sein du conseil d’administration du Centre de recherche et d’information des consommateurs, n’a pas encore arrêté sa décision.

« Aucune plainte déposée contre moi »

Marc Vandercammen se dit étonné des critiques. Concernant le manque de rigueur scientifique de certaines enquêtes, le directeur général explique qu’elles sont réalisées « sérieusement » et que si elles ne l’étaient pas, « elles ne seraient pas utilisées par les pouvoirs publics et les médias ». Il précise qu’il n’intervient qu’en tant que responsable éditorial. « Quel serait l’intérêt du CRIOC de pilonner des enquêtes », se demande celui qui est professeur d’études de marché depuis de nombreuses années. « Je vous invite à venir vérifier sur place », ajoute-t-il.

Sur le plan de la gestion du personnel, Marc Vandercammen souligne qu’il n’est pas responsable des ressources humaines. « Aucune plainte n’a été déposée contre moi concernant des faits de harcèlement », précise-t-il. Une chercheuse récemment licenciée réglerait ses comptes dans la presse, selon Marc Vandercammen. « C’est humain, mais encore faut-il pouvoir prouver ce que l’on avance », conclut-il.

Le Vif.be

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