Rianne Teule

Enfin du mouvement sur le front de l’énergie?

Une lueur d’espoir à l’horizon ? Après des années de persévérance, nous apercevons enfin, en tant qu’organisation environnementale, des signes annonciateurs d’un changement de mentalité dans le débat énergétique. Le soutien croissant à un futur énergétique durable en Belgique, basé sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, est désormais indéniable.

Ironie du sort : la fermeture soudaine et peut-être définitive des réacteurs nucléaires Doel 3 et Tihange 2 joue un rôle important dans ce changement de mentalité, témoin d’une vision à long terme. Car les obstacles énergétiques rencontrés à l’heure actuelle placent tout le monde devant le fait accompli : notre forte dépendance à l’égard de l’industrie nucléaire risque de mettre notre sécurité d’approvisionnement énergétique en danger. La crise ukrainienne, qui laisse planer une lourde incertitude sur la sécurité d’approvisionnement gazier en Europe, renforce par ailleurs elle aussi l’idée que notre avenir ne doit pas être dicté par les énergies fossiles. Encore moins si nous souhaitons lutter efficacement contre le réchauffement climatique.

Il est aussi clair que la fermeture forcée de Doel 3 et Tihange 2 fait réapparaitre le spectre de coupures d’électricité. Avouons-le : ce serait là le résultat d’une mauvaise volonté politique, ne souhaitant pas aller à l’encontre de l’intérêt des grandes entreprises énergétiques. Les différents gouvernements en place depuis 2003 auraient dû activement préparer l’exécution de la loi sur la sortie du nucléaire. Mais ceux-ci ont choisi de ne rien faire. Des mesures structurelles, telles que la réduction de la consommation d’énergie, l’amélioration des interconnexions entre réseaux électriques de pays voisins et la promotion des énergies renouvelables ne figuraient pas sur leur agenda. Au grand dam des investisseurs qui, confrontés à l’incertitude entourant la fermeture des centrales nucléaires et au comportement attentiste de nos décideurs, ont été contraints de placer leurs investissements dans l’énergie propre ailleurs.

Nous ne pouvons à nouveau pas repousser l’échéance de dix ans. La fermeture de Doel 3 et Tihange 2 nous oblige à prendre des mesures urgentes pour compenser cette perte de sources énergétiques. Le cercle vicieux doit absolument être brisé, nous devons élaborer une stratégie énergétique avec le regard tourné vers le long terme.
Les géants de l’énergie entretiennent la crise

Greenpeace démontre, dans une étude récente, que les dix plus grosses compagnies d’électricité en Europe, qui assurent à elles seules plus de la moitié de la production d’électricité au sein de l’UE, ne génèrent que 4% à peine de leur électricité au départ de sources d’énergies propres, sûres et renouvelables (énergie hydraulique non-comprise). Ces entreprises, dont GDF-Suez, continuent d’investir principalement dans des centrales polluantes, alimentées aux combustibles fossiles, et dans la prolongation de la durée de vie de centrales nucléaires dangereuses. Ces entreprises ne sont pas seulement à l’origine de la crise énergétique, elles l’entretiennent aussi.

Heureusement, de plus en plus d’initiatives (coopératives) voient le jour ; un groupe croissant d’entrepreneurs perçoit l’impact que peuvent avoir les énergies durables ; et enfin, de plus en plus de voix s’élèvent au sein de la société pour demander un accord énergétique pour la Belgique. Greenpeace s’y associe et oeuvrera pour faire en sorte que cet accord libère la Belgique d’un système énergétique polluant, risqué et de moins en moins fiable, composé de centrales à combustibles fossiles et nucléaires.

Et nous ne nous contenterons pas de simplement faire entendre notre voix. Les organisations environnementales présenteront prochainement un scénario énergétique chiffré pour notre pays, avec des recommandations pour accélérer la transition énergétique. Cette étude montre que choisir en faveur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique sera moins onéreux que de poursuivre sur la voie de notre dépendance envers les combustibles fossiles et l’énergie nucléaire.
La transition énergétique ne se fera pas toute seule. Il faudra abandonner certaines positions et s’y atteler tous ensemble, à commencer par les responsables politiques qui négocient en ce moment l’avenir de notre pays. Mais lorsque, après des années de surplace, la transition énergétique sera enfin amorcée, l’avenir énergétique de la Belgique pourra rapidement évoluer vers plus de durabilité.

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