Le ministre Daniel Bacquelaine déposera prochainement une proposition concrète en vue de réformer le système des pensions. © Belgaimage

En quoi consistera la pension à mi-temps annoncée pour 2020 ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Partir plus tôt à la pension mais tout en travaillant encore 20 heures semaine ? Le ministre fédéral des pensions Daniel Bacquelaine (MR) compte instaurer la possibilité d’une pension à mi-temps d’ici le 1er janvier 2020 au plus tard. Explications.

La pension à points qui a été source de nombreux débats ne reviendra pas sur la table cette législature. C’était dans l’air depuis des mois, mais cela a été confirmé ce week-end par le ministre fédéral des pensions, Daniel Bacquelaine dans une interview à Sudpresse. Un coup dur pour le gouvernement actuel de Charles Michel, qui en avait fait, avec le relèvement de la pension à 67 ans, un des points centraux, de son programme de réforme des pensions.

En quoi consiste le régime de la pension à mi-temps? Concrètement, cela signifie qu’une personne qui a atteint l’âge légal pour prétendre à une pension anticipée aura une option supplémentaire qui s’offrira à lui: continuer à travailler à mi-temps pour la moitié de son salaire et à côté de cela, toucher la moitié de sa pension. Pour la plupart des travailleurs en Belgique, le régime peut être envisageable à partir de 63 ans. Les personnes qui ont commencé à travailler à 16 ans pourront en profiter à partir de 60 ans.

« De nombreuses personnes qui ont atteint l’âge d’une pension anticipée la prenne souvent un peu à contre-coeur. Elles aimeraient en effet pouvoir encore un peu travailler, mais pas à temps plein. Nous pensons que cette nouvelle mesure encouragera plus de personnes à rester actives« , déclare dans les colonnes du Morgen le porte-parole du ministre Bacquelaine.

La flexibilité du système restera toutefois limitée. Il s’agit bien d’une pension à mi-temps et non à temps partiel. Dans un régime de 40 heures semaine, cela représente donc 20 heures de travail, et 20 heures de pension. Le ministre parle d’une situation avantageuse pour les travailleurs: « Quand ils prendront leur pension complète et définitive, à ce moment-là ils auront une pension plus élevée que s’ils étaient partis simplement à la pension anticipée. » La situation se relève gagnante aussi pour l’employeur : « C’est une situation win-win. L’employeur est délesté de la moitié d’une lourde charge salariale, mais garde l’expérience qu’un travailleur plus âgé peut faire passer à ses jeunes collègues », ajoute Bacquelaine.

La pension à mi-temps viendrait supplanter les régimes actuels de fin de carrière comme le crédit-temps à partir de 55 ans. Avec une différence: dans le nouveau système, chaque année prestée comptera pour une demi. Cela permet au travailleur de lever le pied progressivement mais avec au final une pension plus élevée. « Avec un crédit-temps à mi-temps, l’allocation de l’ONEM est de 498 euros. Pour de nombreux travailleurs, une demi-pension sera plus élevée. »

Selon Vincent Van Quickenborne (Open Vld), la pension à mi-temps est surtout intéressante pour les indépendants qui ne peuvent pas profiter actuellement du régime des crédits-temps. Cependant, les textes de loi pour les indépendants ne sont pas encore finalisés. « La proposition qui sera présentée en octobre au parlement ne concerne que les travailleurs du secteur privé et les fonctionnaires. Concernant les indépendants, il doit encore y avoir des négociations« , précise le porte-parole de Bacquelaine.

Selon Marie-Hélène Ska, Secrétaire générale de la CSC citée par De Morgen, la mesure ne pourra profiter qu’à un nombre restreint de travailleurs. « Il n’y a pas beaucoup de femmes qui à leur 63 ans peuvent prétendre à 42 années de service. Cela semble plutôt être une manière de dévier l’attention sur le débat plus important relatif aux métiers lourds », argumente-t-elle.

Le ministre Bacquelaine compte déposer les textes pour sa proposition de pension à mi-temps début octobre au Conseil des ministres qui bénéficient déjà d’un accord de principe à ce sujet. Il table sur un vote avant la fin de législature pour permettre une entrée en vigueur au plus tard en janvier 2020. Si l’opposition ne fait pas obstruction, « cela pourrait même aller plus vite, avec une entrée en vigueur en juillet 2019« , envisage le ministre fédéral.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire