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« En Flandre, une image de vilain petit canard rapporte beaucoup de voix « 

Jurgen Ceder se retire des listes de la N-VA pour les prochaines élections communales à Dilbeek. Son passé d’ancien cadre du Vlaams Blok a suscité de nombreux remous au sein de la N-VA et en dehors.

Trois questions sur l’impact de l’affaire Ceder, à Peter De Roover, Secrétaire politique du Mouvement populaire flamand (VVB), un mouvement flamand plutôt radical. Il est aussi rédacteur en chef de la section politique du magazine du VVB Doorbraak.

Le départ de Ceder va-t-il apporter plus de voix à la N-VA que sa présence effective sur les listes ?

La décision de Ceder de se retirer des listes N-VA démontre qu’il ne s’agit pas, ici, d’ambition personnelle, mais plutôt d’une erreur de jugement. Il n’a jamais nié que si son arrivée à Dilbeek nuisait au parti, il se retirerait illico des listes. Il a visiblement sous-estimé l’impact médiatique de ce parachutage. Cette affaire, en donnant l’impression que la N-VA est traitée différemment et de façon plus rude que les autres partis, renforce l’image de vilain petit canard qu’elle peut avoir. Une position de Calimero de la politique qui, en Flandre, a tendance à rapporter plus de voix que cela n’en coûte

L’affaire Ceder met fin aux transfuges entre le Vlaams Belang et la N-VA ?

Je suppose que les membres du VB resteront au sein de leur parti et que seuls d’ex-VB pourraient éventuellement rejoindre les rangs de la N-VA. Bart de Wever a fait savoir que chaque cas serait analysé individuellement, même si pour l’instant il n’y a plus de candidat. Je pense tout de même que la N-VA va désormais traiter ces demandes avec une plus grande rigueur qu’auparavant, car ce genre de manoeuvre politique entraîne tout même de nombreux remous dans son sillage. Ceux qui l’ignoraient encore en sont désormais convaincus. Je peux parfaitement m’imaginer que les partis, et en particulier la N-VA, cherchent à éviter ce genre de polémiques puisqu’elles rejettent à l’arrière-plan ce qu’elles souhaiteraient mettre en lumière. Ce genre d’affaires brouille le plan média, ce que chacun cherche à éviter. Néanmoins, je trouve étrange que l’on parte du postulat qu’un ex-membre du Vlaams Belang ne peut, par définition, jamais changer d’opinion.

Dans quelle mesure l’affluence de nombreux anciens membres du Vlaams Belang entache le rêve de Bart De Wever de détourner le nationalisme flamand du giron de l’extrême droite ?

Rien que le mot « affluer » donne une image disproportionnée au phénomène. Nous connaissons les chiffres puisque la N-VA a largement communiqué sur ce sujet. Sur les listes de la N-VA, on retrouve des membres du cru, mais aussi une minorité de transfuges d’autres partis. Au sein de cette minorité, on dénombre, là aussi en minorité, quelques anciens membres du Vlaams Belang. L’attention qu’on leur porte est pour cela quelque peu outrancière.

Je vais redire ce que j’ai déjà écrit sur l’affaire Ceder : on doit se baser sur les faits et uniquement sur ces derniers puisque des procès d’intentions ne font rien avancer. C’est pourquoi je suggère que nous tenions la N-VA particulièrement à l’oeil – comme tous les autres partis d’ailleurs – tout en restant attentifs à ne nous concentrer que sur ce qui est effectivement dit et fait. Les partis traditionnels flamands comptent peut-être moins d’anciens membres de Vlaams Belang dans leurs rangs et pourtant ce sont eux qui sont à l’origine d’une catastrophique réforme de l’état. Et cela ce n’est pas des élucubrations, mais bien des faits avérés. Si l’on pouvait comparer des politiciens à des fumeurs, on constaterait que la distance entre la N-VA et le Vlaams Belang va s’accentuer avec les années. Il n’y a pas pire stakhanoviste dans la lutte antitabac qu’un ancien fumeur…

Simon Demeulemeester

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