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Emploi: les jeunes ont peur…pour les autres

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Les 25 à 35 ans sont confiants pour leur propre futur professionnel. Mais ne sont pas prêts à tout sacrifier pour le travail. Tels sont les principaux enseignements d’une enquête de la VUB.

Les jeunes adultes sont plutôt pessimistes sur leur sécurité d’emploi future : plus de 80 % des répondants s’attendent à ce qu’elle recule et 70 % considèrent que l’avenir sera pavé de statuts professionnels au rabais, qui n’offriront qu’une faible protection sociale. Mais ils n’imaginent pas qu’ils connaîtront eux-mêmes ce triste sort : seuls 43 % pensent qu’ils bénéficieront d’une sécurité d’emploi inférieure à celle dont jouissaient leurs parents et 20 % seulement jugent qu’ils pourraient perdre leur emploi. « Cette proportion est inférieure à ce que laissent présager la crainte de la précarité ou les messages inquiétants sur la précarisation du marché du travail », analyse Mark Elchardus (VUB), l’un des auteurs de l’enquête.

Par ailleurs, 52 % des répondants espèrent pouvoir travailler plus de 20 ans pour le même employeur (augmentation de 10 % en dix ans) et 45 % pensent pouvoir faire toute leur carrière dans la même entreprise. Les jeunes qui n’ont pas encore fait leurs premiers pas sur le marché du travail sont 29 % à vouloir conserver le même emploi pendant 20 ans ; mais le chiffre grimpe à 58 % lorsque les mêmes deviennent parents. « Ce n’est donc pas l’âge qui fait reculer la prédilection pour une carrière flexible, constate Mark Elchardus, mais les transitions accomplies ainsi que l’impératif d’équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale qui en découle. » Les hommes sont d’ailleurs plus enclins à préférer une carrière flexible et les femmes, une carrière fixe, visiblement perçue comme moins contraignante.

Les jeunes adultes comptent en tout cas sur leur profession pour y trouver une forme d’épanouissement personnel : 63 % sont prêts à être payés 20 % de moins pour effectuer un travail qu’ils jugent passionnant plutôt que d’accepter un poste financièrement plus attractif mais moins intéressant sur le fond, et 71 % se disent prêts à privilégier un travail intéressant, même s’il offre moins de possibilités de promotion, que l’inverse. Reste que 56 % des interrogés préfèrent une plus grande sécurité d’emploi à l’intérêt intrinsèque du travail Et 62 % opteraient pour un travail leur assurant davantage de temps libre, c’est-à-dire de temps disponible pour la famille, quitte à ce qu’il soit moins passionnant sur le contenu. S’ils devaient choisir entre consacrer du temps à leur travail ou à leur famille, 63 % affirment qu’ils privilégieraient toujours la deuxième. Pas surprenant : 82 % considèrent la famille comme la chose la plus importante de leur vie.

« Ce constat met en évidence une articulation passablement mauvaise entre d’une part, la motivation à travailler et, de l’autre, l’organisation économique et sociale du pays, souligne Elchardus. Malgré les efforts déjà consentis pour concilier vie professionnelle et vie privée, une motivation au travail forte et moderne ne semble pas pouvoir résister à la vie familiale. »

L’enquête a été réalisée en 2013 auprès de 1 964 jeunes flamands et francophones de 25 à 35 ans, à la demande de la Fondation P&V. Créée en 2000, elle est le mécène principal du groupe P&V Assurances avec pour mission de lutter contre l’exclusion des jeunes.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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