Benoit Henkinet et Rita Henkinet © BELGA

« Elle a été ‘déparentalisée’ et elle a craqué »: la défense de Rita Henkinet plaide le déséquilibre mental

Rita Henkinet se trouvait dans un état de déséquilibre mental grave le jour où elle a ôté la vie à ses deux enfants handicapés, a soutenu lundi devant la cour d’assises de Liège son avocat. Me Wilmotte a sollicité pour elle l’application de la loi de défense sociale et son internement. L’avocat a également plaidé l’acquittement de Benoît Henkinet pour les assassinats ou pour non-assistance à personnes en danger.

L’avocat de Rita Henkinet a souligné qu’elle a été confrontée à une situation d’exception après avoir donné naissance à deux enfants handicapés. Me Alexandre Wilmotte a détaillé la vie de sa cliente, faite d’angoisses, de peurs, de culpabilités et de souffrances.

« Pendant plus de 20 ans, elle a supporté, lutté et tout fait pour endurer le handicap de ses enfants. Elle était particulièrement inquiète pour l’état de santé d’Audrey. Elle a tout donné, jusqu’à l’épuisement », a relevé l’avocat.

La défense a dressé la longue liste des événements qui ont déstabilisé la vie de Rita Henkinet. En plus du handicap de ses enfants, l’accusée a été soumise à des maladies et des épreuves qui ont touché sa personne ou des membres de sa famille. Rita Henkinet a été confrontée à la solitude et à l’isolement après la fin de son couple. C’est elle qui supportait seule la charge de ses enfants. Me Wilmotte a insisté sur l’apparition d’une dynamique de plus en plus négative dans la vie de Rita Henkinet. Elle avait retrouvé un certain équilibre lors du placement de ses enfants dans l’institution verviétoise. Mais en 2009, ses espoirs ont été déçus. L’état de santé de sa fille Audrey ne s’est jamais amélioré et son comportement a décliné vers une forme de délire permanent. « La chute a été rude, terrible! « , a plaidé Me Wilmotte.

« Une vie sans douleur et pour l’éternité »

Selon la défense, Rita Henkinet n’était plus en mesure de faire la différence entre son ressenti et la situation objective vécue par ses enfants. Elle n’était plus en mesure de prendre le moindre recul. Ses appels à l’aide étaient évidents mais, en l’absence de réponse, elle s’est condamnée à mort. « Elle ne voulait pas abandonner ses enfants. Elle a décidé de les entraîner avec elle. Cette décision repose sur de mauvais fondements. Mais c’est l’état mental dans lequel elle se trouvait au moment des faits », a indiqué Me Wilmotte.

L’avocat a précisé que Rita Henkinet était en souffrance sur le plan anxieux. Cette souffrance a altéré son discernement. Elle était persuadée qu’elle allait mettre fin aux souffrances de ses enfants. « Elle a été ‘déparentalisée’ et elle a craqué. Elle s’est condamnée à mort. Dans son schéma mental, il s’agissait d’un acte d’amour et de la fin de ses souffrances. Elle voulait accéder à une vie sans douleur et pour l’éternité », a plaidé Me Wilmotte.

Selon ce dernier, Rita Henkinet était dans un état de déséquilibre mental grave au moment des faits. Elle se trouverait encore actuellement dans un état confus qui nécessite un suivi psychiatrique, un encadrement et un internement dans le cadre de la loi de défense sociale.

La défense a ensuite sollicité l’acquittement de Benoît Henkinet. Me Wilmotte a soutenu que son client n’a pas apporté une aide indispensable dans la commission des faits. Il n’était pas présent et n’a posé aucun acte participatif. La défense a affirmé que Benoît Henkinet n’a jamais encouragé sa soeur à commettre les faits. Selon Me Wilmotte, Benoît Henkinet doit être acquitté des assassinats des deux enfants ou des faits subsidiaires de non-assistance à personnes en danger. La délibération sur la culpabilité débutera mardi matin.

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