Bart De Wever © BELGA

Éditorialistes flamands: « De Wever a eu l’audace qui manque aux autres « 

Le Vif

Dimanche, le président de la N-VA Bart De Wever a lancé une mise en garde à ses partenaires fédéraux. « Si on demande à Theo Francken de se retirer, alors la N-VA se retirera. À ce sujet, je suis très clair. Je soutiens Theo Francken et je ne le laisserai pas tomber », a-t-il déclaré à la chaîne flamande VTM.

La sortie de Bart De Wever intervient après les déclarations de la présidente de l’Open VLD, Gwendolyn Rutten, qui a déclaré que le Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken (N-VA) « devait se regarder dans un miroir » par rapport à la question du Soudan. Le président du CD&V Wouter Beke avait également appelé Francken à démissionner : « Votre crédibilité est votre bien le plus précieux. Si elle est atteinte, il faut en tirer ses conclusions en tant que politicien. »

Les menaces du bourgmestre d’Anvers et la position du Premier ministre Charles Michel provoquent les réactions des éditorialistes flamands dont certains ne cachent pas leur admiration pour « l’audace » de Bart De Wever.

« Francken a boosté l’assurance de la N-VA, en témoignent les déclarations du président Bart De Wever. Dans des circonstances normales, la façon dont le Secrétaire d’État a remis en question l’autorité du Premier ministre aboutit toujours à une démission », écrit Bart Brinckman du quotidien De Standaard.

Il n’hésite pas non plus à critiquer l’attitude de Charles Michel. « Charles Michel fait comme si de rien n’était. Il s’est défendu en disant qu' »il ne faisait pas les quatre volontés de la N-VA ». En politique belge, il y a une règle simple. Les politiciens qui disent d’eux-mêmes qu’ils ne mentent jamais sont les plus gros menteurs. Si Charles Michel veut se profiler comme Premier ministre, il ne peut le faire que par les actes », ajoute-t-il.

Chute du gouvernement

Le journal Het Nieuwsblad rappelle que Theo Francken constitue un atout électoral qui rapportera gros à la N-VA, particulièrement en cas de chute du gouvernement et de fusion des élections locales et fédérales cette année. « Alors Bart De Wever pourra faire campagne à Anvers et dans toutes les paroisses. La conquête des conseils communaux ferait de la N-VA le parti du peuple dont il rêve et détrônerait définitivement le CD&V. À la N-VA, ils disent tout que faire tomber le gouvernement n’est pas une stratégie délibérée. Mais si cela arrive, c’est toujours ça de pris. Tant que la N-VA n’est pas blâmée, car généralement c’est le retour du bâton », estime l’éditorialiste Peter Mijlemans.

Gros risque

Pour le journal Gazet van Antwerpen, De Wever a été très clair. Et en ignorant l’enquête menée sur les tortures infligées aux Soudanais expulsés, il montre à quel point la position du Premier ministre Charles Michel est faible. Mais pour l’éditorialiste Kris Vanmarsenille du journal Gazet van Antwerpen, la clarté du président de la N-VA offre un contraste criant avec les positions du CD&V et de l’Open VLD. « Wouter Beke trouvait d’une part que certaines choses étaient inacceptables et d’autre part il n’osait pas se prononcer sur une démission de Francken. Quant à la présidente de l’Open VLD, elle attend les résultats de l’enquête et trouve que c’est à Francken de savoir s’il peut encore fonctionner. »

Mijlemans ne cache pas son admiration pour l’audace de Bart De Wever tout en soulignant qu’il prend un gros risque. « Personne n’a eu le courage de rappeler à l’ordre la N-VA et son homme politique le plus populaire, le Premier ministre non plus. Bart De Wever a eu l’audace qui manque aux autres ».

Il estime toutefois que De Wever prend un gros risque, car il part du principe « que la population ne trouve pas problématique que le Secrétaire d’État mente au parlement et au Premier ministre, il jette les résultats d’une enquête demandée par le gouvernement à la poubelle (…) De Wever se retrouve seul, mais cela n’a pas beaucoup d’importance. Il souhaite surtout convaincre des électeurs. Il compte sur le fait que la popularité de Francken auprès de la population est assez grande pour risquer cette crise. Il compte sur le fait que son parti est assez fort pour profiter d’élections anticipées. Il compte sur le fait que les résultats économiques de sa politique se sentent déjà suffisamment pour gagner des voix. Et il compte sur la faiblesse de ses opposants. Cette manoeuvre peut être un coup de maître. Mais en fin de compte c’est l’électeur qui décide. Et celui-ci ne se laisse pas mettre au pied du mur. Il faut le convaincre », conclut-il. (CB)

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