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Drieu Godefridi : « Pour que le MR se reprenne, il faudrait que le clan Michel abandonne son empire »

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Drieu Godefridi a été envisagé comme candidat pour les prochaines élections par Mischaël Modrikamen et Alain Destexhe. Il leur répond aujourd’hui et souhaite que les deux formations, convergentes en de nombreux points, trouvent un terrain d’entente. Interview.

Vous affirmez que Mischaël Modrikamen et Alain Destexhe vous ont proposé de vous présenter aux élections fédérales pour leur formation politique. Après réflexion, quelle est aujourd’hui votre position ?

Drieu Godefridi : Je n’accepte de me présenter sur la Liste Destexhe que s’il y a une abstention du Parti populaire dans l’arrondissement du Brabant wallon. En tant qu’intellectuel, je lis les programmes. Sur le fond, il y a une convergence à 90% entre le Parti populaire et les Listes Destexhe. Ils sont tous deux pour la prolongation du nucléaire. Et sur l’immigration, malgré des différences de formulation, ils souhaitent tous les deux une limitation importante, voire drastique, du nombre d’arrivées. Destexhe dit que Modrikamen veut supprimer l’immigration, mais je ne pense pas que cela soit le cas. Si un Belge épouse une Américaine, je ne crois pas qu’il veuille l’empêcher de ramener sa femme en Belgique.

. Sur le fond, il y a une convergence à 90% entre le Parti populaire et les Listes Destexhe.

Mais il y a des difficultés qui doivent être surmontées dans les deux formations. Dans le cas de Modrikamen, c’est quelqu’un qui a du mérite et qui a fait une brillante carrière d’avocat d’affaires, mais je trouve que sa communication, sur le plan médiatique et politique, est exécrable. Et cela continue à lui faire du tort. En termes de communication, je me reconnais nettement mieux dans la démarche de Destexhe que dans celle de Modrikamen. Le côté populiste, ce n’est pas ma tasse de thé. Du côté des Listes Destexhe, il y a pour le moment une forme d’excès de confiance.

Dans l’absolu, votre ambition est-elle de vous présenter aux élections et d’être élu ?

On doit pouvoir se présenter pour avoir une chance d’être élu, sinon ça n’a pas de sens. Dans le cas du Brabant wallon, pour être élu à la Chambre, il faut environ 27.000 voix. Si le Parti populaire se retire, atteindre ces votes serait difficile, mais faisable. S’ils se présentent en même temps, c’est impossible.

Si on est condamné à l’opposition, une carrière politique n’a pas de sens.

Sincèrement, je ne pense pas que je ferais baisser le niveau de la Chambre. Mais il faut faire partie d’un groupe politique pour faire changer les choses, et ensuite éventuellement faire partie d’une majorité de gouvernement. Si on est condamné à l’opposition, une carrière politique n’a pas de sens. Et dans ce cas ça ne m’intéresse pas.

Il faudrait donc des arrangements entre les deux partis. Est-ce vraiment réaliste ?

Selon moi, ils doivent aller aux élections chacun avec leur programme, et surtout avec leur sensibilité, car elles sont très différentes, mais sans se tirer dans les pattes, avec une série d’accords et de désistements réciproques. Et voir ensuite qui l’emporte. Mais il faut que ça aille dans les deux sens, avec par exemple une abstention des Listes Destexhe dans le Hainaut, où Modrikamen va se présenter. Cela suppose un peu moins d’excès de confiance dans le chef des Listes Destexhe, car Modrikamen n’est pas quelqu’un qu’on peut traiter par le mépris. Sinon, il y aura une neutralisation réciproque.

L’idée, c’est que ces deux partis soient dépassés après les élections pour avoir une nouvelle formation politique qui a vocation à se substituer assez rapidement au MR en tant qu’offre de droite libérale cohérente. Il y a un certain nombre de personnalités de droite encore au MR aujourd’hui, qui partagent cette convergence de programme. Il faudrait que tous ces gens se retrouvent pour former une formation de droite libérale.

Vous invitez à une nouvelle formation pour, à terme, se substituer au MR. Ce parti est fini selon vous ?

Il faut que les forces de droite libérale se joignent pour former une nouvelle et grande formation politique

Cela va être très difficile pour le MR. Leur chance, c’est que les partis flamands veulent gouverner avec eux au fédéral, c’est un peu leur bouée de sauvetage. Mais ils n’ont pas encore disparu. Pour que le MR se reprenne, il faudrait que le clan Michel abandonne son empire et qu’une nouvelle génération prenne le relais. Je pense à des gens comme Willy Borsus ou David Clarinval, qui selon moi serait le meilleur choix. Si on continue avec la ligne actuelle Michel-Crucke, qui se positionne à la gauche d’écolo sur un certain nombre de sujets, je crains que ça n’aille de mal en pis.

Ce qui me parait souhaitable, c’est que les forces de droite libérale se joignent pour former une nouvelle et grande formation politique. J’exclus de ça les partis authentiquement extrémistes de type Nation ou autres partis d’extrême-droite.

Drieu Godefridi est un intellectuel belge francophone et philosophe, né en 1972. Diplômé en droit fiscal et en philosophie, il se considère de sensibilité libérale. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, récemment sur la droite européenne, la politique de Donald Trump ou encore le GIEC.

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