Bruno Lefebvre © Belga

Don de sang des homosexuels : le discours de Maggie De Block « inadmissible en 2016 »

La volonté de la ministre fédérale de la Santé Maggie De Block de restreindre l’ouverture du don de sang des homosexuels à la condition qu’ils aient respecté un an d’abstinence montre qu’une nouvelle fois, des pratiques sexuelles sont décriées pour exclure, a dénoncé mardi le député wallon Bruno Lefebvre (PS).

Pour le député-bourgmestre de Chièvres, initiateur d’une résolution au parlement wallon en faveur du don de sang des homosexuels, le critère à prendre en compte doit certes être celui des pratiques protégées, mais quelle que soit l’orientation sexuelle. Ce n’est qu’en fonction de cela qu’il convient de définir une éventuelle période d’interdiction.

Une législation telle que proposée par la ministre Open Vld « va une nouvelle fois stigmatiser une communauté et non pas des comportements sexuels à risque, et placer la Belgique dans les pays les plus rétrogrades d’Europe », craint M. Lefebvre. « Il n’y a pas de groupe ou de populations à risque, mais bien des pratiques sexuelles risquées », résume le député, qui insiste sur le renforcement des actions de sensibilisation auprès des jeunes et des moins jeunes.

« Pourquoi ne pas obliger les hommes homosexuels voulant donner leur sang à porter une ceinture de chasteté tant qu’on y est ? « , a renchéri le député Daniel Senesael (PS), pour qui cette obligation d’abstinence durant un an « est tout bonnement humiliante ». Seule la qualité du sang doit être examinée et non l’origine de la population dont il est issu, dit-il. A ses yeux, pour juger des risques de contamination du sang par une maladie sexuellement transmissible, il importe d’analyser les comportements sexuels, qu’ils soient entre personnes de même sexe ou de sexe différent et non l’orientation sexuelle du donneur.

Pour le cabinet de Mme De Block, c’est précisément ce qu’entend faire la ministre. « L’exclusion se fera bien sur la base de comportements à risque et pas sur base de l’orientation sexuelle. Les personnes présentant un comportement à risque seront exclues pour une durée déterminée. Les règles valent donc pour aussi bien pour les hétéros que pour les homos », soulignait mardi la porte-parole de la ministre.

Si l’exclusion à vie des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes reste le principe de base, un tableau détaillé reprendra une série d’exceptions ou d’exclusions temporaires. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ne pourront donner leur sang qu’à condition de s’être abstenus de tout rapport sexuel avec un autre homme pendant douze mois consécutifs, selon le cabinet de la ministre.

Le sujet n’est pas encore tranché. Il sera mis sur la table du gouvernement avant la fin de l’année afin de pouvoir le présenter au parlement au printemps 2017.

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