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Discrimination antiprotestant à la CSC ?

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Un employé du service d’études de la CSC, en burnout, dénonce une discrimination contre les protestants. Il a averti Unia, et un consultant en prévention mène une enquête pour harcèlement moral et violence au travail.

Il est du bois, très dur, dont on fait les charpentes. Ou les bûchers. Français aux origines néerlandaises, Thomas Van Zwol est entré au service d’études de la CSC en avril 2015. Conseiller économique, il y est chargé de dossiers macroéconomiques, de protection des consommateurs et de marchés publics. Il est délégué syndical, aussi (de la CNE, la centrale chrétienne des employés, bien sûr : il n’y en a pas d’autre), suppléant depuis 2016. Il a, explique-t-il, retrouvé la foi chrétienne grâce à l’aumônier syndical confédéral, qui siège au bureau journalier, la plus haute instance de la CSC. Thomas Van Zwol, pourtant, n’est pas catholique. Il est remonstrant, une petite fraternité néerlandaise très progressiste (elle marie les homosexuels depuis 1986), dont il veut même devenir pasteur : il a entamé à cet effet, depuis septembre dernier, un master en études des religions et de la laïcité à l’ULB.

Mais revenons à la réalité matérielle : au travail, les choses se passent difficilement, pour Thomas Van Zwol comme pour tous les autres. Le service d’études est le « coeur nucléaire » de cette grosse machine qu’est la CSC, selon les propres termes du porte-parole du syndicat, François Reman. Une trentaine de personnes, dont la moitié de « purs » experts, y travaille à flux très tendu. « C’est extrêmement exigeant. On y produit note sur note, avec un portefeuille de compétences très large, il faut animer les nombreux groupes de travail et les conseillers sont envoyés pour représenter la CSC dans tous les organes de la concertation sociale », précise François Reman. Les burnouts sont fréquents, le turnover également, et le fatalement haut taux de syndicalisation ne va pas sans poser au management les problèmes bien connus des entreprises du secteur privé. Une mobilisation syndicale, au coeur même du coeur nucléaire, a d’ailleurs conduit en 2016 à la réalisation d’une étude sur les risques psycho-sociaux menée par le consultant en prévention Idewe, qui a révélé la délétère organisation du service d’études.

En septembre dernier, réalités matérielle et spirituelle, tensions structurelle et individuelle viennent ensemble à la vie. Thomas Van Zwol, que son statut de délégué syndical suppléant avait particulièrement exposé, est déclaré à deux doigts du burnout par la médecine du travail. Il demande à voir son chef de service, le patron du service d’études, Chris Serroyen, le 19 septembre. Il désire décélérer un peu. Notamment pour mener à bien son projet pastoral. Il donne à son chef de service une brochure de présentation de la fraternité remonstrante. « Des collègues disent que tu es dans une secte protestante ! », répond alors Chris Serroyen. Le ton monte. Thomas Van Zwol réclame une demande de pardon. Elle lui est refusée. Il tombe en arrêt-maladie, saisit Idewe et Unia (Centre interfédéral pour l’égalité des chances), et signale son cas au Mrax (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie). Ni Mrax ni Unia n’embraieront, parce qu’Idewe a entamé une enquête pour harcèlement moral et violence au travail. « Nous démentons catégoriquement ce type d’allégations. L’histoire, les valeurs et l’action quotidienne de la CSC démontrent amplement que le racisme et la discrimination quelle que soit sa forme, n’ont pas leur place dans notre organisation », déclare François Reman. L’enquête devrait livrer ses conclusions début février.

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