Didier Reynders, Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et de la Défense. © BELGA/atim Kaghat

Didier Reynders: « on est loin d’en avoir fini » avec l’EI

Le Vif

Les Etats-Unis ont confirmé, vendredi à Munich, à leurs principaux alliés de la coalition anti-EI le retrait de leurs troupes au sol dans la région dans un délai assez bref. Un délai qui se compte « en semaines plutôt qu’en mois », a précisé à la presse belge le ministre de la Défense et des Affaires étrangères Didier Reynders. La réponse à ce casse-tête peine à émerger, pourtant le temps presse pour les alliés: « on est loin d’en avoir fini avec Daesh », a rappelé M. Reynders.

Les ministres de la Défense des 13 principaux membres de la coalition se sont réunis vendredi matin en marge de la Conférence sur la Sécurité de Munich et ont fait le point sur la situation sur le terrain. Soulignant d’une part les « progrès énormes » enregistrés en Irak, où le processus de stabilisation politique s’accompagne d’une reconstruction du pays, et relevant par ailleurs un cas syrien plus chaotique où seule une aide humanitaire peut être apportée sans avancées sur le terrain politique.

Une observation commune: Daesh (acronyme arabe de l’EI) a reculé sur le terrain. « C’est un vrai succès pour la coalition », a estimé M. Reynders. Mais ce recul physique oblige le groupe djihadiste « à se reconvertir dans une autre forme de terrorisme » et certains groupes terroristes affiliés dans d’autres pays restent une préoccupation. « Nous sommes loin d’en avoir fini avec Daesh », a insisté M. Reynders devant la presse belge, rappelant également la problématique des returnees et le fait « que les recrutements se poursuivent » pour le groupe terroriste.

L’annonce d’un départ – des troupes au sol – américain dans les prochaines semaines met donc la pression sur la coalition. « Il est totalement hors de question d’avoir des Français au sol sans les Américains » sur le terrain, a d’ailleurs affirmé à l’AFP une source française.

Parmi les craintes soulevées par ce départ qui pourrait en entraîner d’autres, la situation à la frontière turco-syrienne est en bonne place. Plus tôt dans la semaine, le chef du Pentagone par intérim, M. Shanahan, avait évoqué la création d’une « safe zone », au nord-est de la Syrie. Il n’a pas donné vendredi plus de précisions, sur sa dimension, sa localisation exacte, les moyens mis à sa disposition, ni le cadre dans lequel elle pourrait être créée. Pour la Belgique notamment, « il faut un cadre légal, un mandat, une décision des Nations Unies, … ». Plusieurs alliés, dont la Belgique, seront par ailleurs confrontés à un autre obstacle dans la mise en place éventuelle de cette zone quand bien même elle répondrait aux critères précités: des élections qui se rapprochent et risquent d’empêcher les débats au parlement.

Si tous les membres du core group de la coalition sont « conscients des risques » encore bien présents dans la région, la réponse à donner au casse-tête du retrait américain annoncé n’est pas encore claire. L’objectif sera de garder les forces de la coalition à savoir « sa base très large, sa grande cohésion et son effectivité sur le terrain », selon M. Reynders.

Dans la foulée de la réunion, le ministre s’est entretenu avec son homologue aux Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov avec qui il a évoqué la situation en Syrie ainsi qu’en Ukraine, avant d’échanger avec le ministre de la Défense turc M. Hakar.

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