Thierry Denoël

Didier Bellens : diva ou patron grugé ?

Thierry Denoël Journaliste au Vif

L’ancien patron de Belgacom traîne son employeur devant les tribunaux. Début du procès ce mardi. L’affaire opposant Didier Bellens au gouvernement sera donc tranchée par la justice. Il n’y aura pas de petits arrangements entre amis. C’est une bonne nouvelle !

Dans ces cas-là, surtout lorsqu’il s’agit de gros sous, on préfère généralement s’arranger entre gentlemen ou entre copains. Très discrètement. Loin des micros et des caméras. En évitant au maximum les fuites dans la presse. Sans que l’opinion publique puisse s’en mêler. Bref, en volant à la démocratie son droit de regard, jugé malsain par les intéressés. Cette fois, cela ne se passera pas comme ça. Tout sera dit et décidé en public, devant un tribunal. Et c’est une excellente nouvelle.

Le procès de Didier Bellens contre son ancien employeur Belgacom débute aujourd’hui devant le tribunal du travail. L’ex-CEO réclame des indemnités de licenciement, car, selon lui, le gouvernement n’avait aucune raison valable de mettre fin brutalement à son mandat. Il réclame le salaire qu’il aurait touché s’il avait été jusqu’au bout de la course fixée au départ, soit environ 3,5 millions d’euros. Un joli pactole, aux yeux du commun des Belges (et clients de Belgacom), dont très peu bénéficient d’un salaire annuel dépassant les 2 millions d’euros.

C’est un juge qui décidera si Bellens a joué les diva en s’autorisant des provocations à répétition à l’encontre du gouvernement, actionnaire de Belgacom, ou, au contraire, si le CEO a été évincé de manière totalement contraire au droit du travail. En clair, s’il y a eu faute grave ou non de la part de Didier Bellens qui avait notamment comparé Elio Di Rupo à un petit enfant venant chercher sa Saint-Nicolas lorsqu’il réclamait les dividendes de la société publique. Le match est ouvert. La partie sera passionnante, d’autant que le dossier est complexe : Bellens n’a pas critiqué l’entreprise mais son actionnaire principal et c’est ce dernier, et non l’entreprise, qui a décidé de l’éjecter. D’autant qu’il pourrait également y avoir du déballage, du linge sale lavé en public, avec la possibilité d’en apprendre un peu plus sur les relations entre le gouvernement et les patrons de sociétés appartenant à l’Etat.

Si c’est la justice qui aura le fin mot, le règlement de comptes sera toutefois soumis à l’appréciation populaire. Me Bigwood a pourtant encore essayé de pousser Belgacom à trouver un accord « à l’amiable », en février. En vain. Les débats seront bien publics. Et chacun pourra y aller de son commentaire, sur le côté Picsou de Didier Bellens, sur le droit des puissants de défendre leurs intérêts légaux comme n’importe quel citoyen, sur la responsabilité du gouvernement (surtout si Belgacom perd le procès) et, bien sûr, sur le salaire des grands patrons. Le verdict de la justice ne tombera qu’en 2016. C’est loin. Mais, d’ici là, les esprits se seront apaisés. La justice se prononcera en toute sérénité. Encore une bonne nouvelle.

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