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Di Rupo: « Il est insupportable que De Wever et Homans défendent leur politique antisociale par leurs origines modestes »

« Il est insupportable que des membres de la N-VA se servent de leur origine modeste pour défendre leur politique antisociale. Tout le monde sait que je viens d’un milieu pauvre, mais je n’utilise pas cela pour défendre une politique asociale » déclare le premier ministre Elio Di Rupo.

Dans une interview croisée accordée au quotidien De Standaard, les socialistes Elio Di Rupo (PS) et Johan Vande Lanotte (sp.a) défendent la politique de leur gouvernement. La N-VA en prend pour son grade.

« Avec les socialistes, la dette publique a baissé de 137 pour cent à 80 pour cent. Sans la crise bancaire, on atteint les 60 pour cent » estime Di Rupo. « Alors quand je vois tout ce que propose la N-VA… Bien, je vais essayer de ne pas m’exprimer trop vivement, mais ce sont des recettes du passé. Nous avons vécu les sauts d’index dans les années 80 aussi, avec le gouvernement Martens-Gol. Puis-je faire remarquer que la dette publique a atteint une hauteur vertigineuse dans ces années-là ? Leurs propositions garantissent une instabilité sociale, des manifestations, des grèves et une lourde charge pour les entreprises ».

Vande Lanotte: « L’Europe a enfin compris qu’elle a permis un niveau d’inégalité trop élevé. Dans la plupart des pays, pas chez nous heureusement, ils se retrouvent au même niveau que durant la Première Guerre mondiale. Au moment où dans le monde on constate que ces mesures ne mènent à rien, la Belgique prendrait cette direction ? Cela ne rime à rien ».

Di Rupo et Vande Lanotte réfutent que la N-VA soit un parti social, mais non socialiste, comme les nationalistes flamands aiment le prétendre. « Il est supportable que des membres de la N-VA (Di Rupo parle de Bart De Wever et Liesbeth Homans, NDLR) utilisent leur origine modeste pour défendre leur politique antisociale. Tout le monde sait que je viens d’un milieu pauvre, mais je n’utilise pas cela pour défendre une politique antisociale ».

« Je ne conteste pas qu’ils aient peut-être vécu une jeunesse difficile, mais la mienne n’était certainement pas plus facile. Seulement, ils utilisent le fait d’avoir grandi dans des circonstances modestes pour justifier leur politique antisociale, comme autorisation pour attaquer les pauvres. Je trouve ça scandaleux. Les personnes qui ont une vie difficile méritent aussi le respect. En Flandre aussi, il y a des familles monoparentales et des enfants qui grandissent dans la pauvreté. Il y en a peut-être moins qu’en Wallonie, mais il y en a aussi ».

Vande Lanotte: « Sans index, les pertes s’accumulent année après année »

Vande Lanotte estime que la population « n’a pas encore réalisé qu’avec la N-VA ils n’auront pas d’indexation de leur pension en 2015, hormis les minima ».

« Il s’agit tout de même d’un petit 300 euros par mois pour quelqu’un qui perçoit une pension moyenne de grosso modo 1200 euros. Même si après ils se remettent à indexer, les pertes s’accumulent année après année. Après quatre ans, vous avez perdu un mois de pension. Désormais, nous allons répéter ce message à tous les retraités que nous croisons : avec la N-VA au pouvoir, vous perdez votre index ».

Vande Lanotte: « La société que nous avons créée est en jeu »

« Pour une fois » Vande Lanotte laisse « l’émotion prendre le dessus » : « J’ai rejoint le sp.a dans les années 80 pour lutter contre le thatchérisme et l’inégalité de la société. C’était l’origine de mon engagement politique. 26 ans plus tard, nous ne vivons peut-être pas dans la société parfaite, mais nous avons inversé cette propension à l’inégalité. Aujourd’hui, celle-ci est à nouveau en jeu. Je ne veux pas laisser perdre 26 ans d’engagement politique, un quart de siècle, c’est pour ça que je suis si ému. On peut détruire en cinq ans ce qui a été construit pendant toutes ces années. Pour ma carrière politique, ce n’est plus très important, mais pour la communauté, c’est fondamental ».

« La société que nous avons créée est en jeu. Même si la phrase peut sembler grandiloquente, c’est le cas. Le fait que quelqu’un comme le chef de faction Jan Jambon peut dire qu’il faut vendre sa maison après trois ans de chômage prouve la vision du monde de cet homme. Même s’il s’est trompé et que cette mesure ne figure pas dans son programme, c’est ce qu’il pense et défend. Rien que l’idée ».

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