Drieu Godefridi

Destexhe chez Bachar : où est le problème ?

Drieu Godefridi PhD (Sorbonne), juriste et auteur

On reproche au sénateur Destexhe de s’être rendu en Syrie, d’avoir rencontré le président Bachar el-Assad, et visité la zone d’Alep. Il est facile de montrer que cette vilaine polémique n’a pas lieu d’être.

D’abord, sur la forme. Alain Destexhe est sénateur, représentant démocratique d’un pays dont les forces armées sont impliquées en Syrie. Il est donc évidemment dans son rôle quand il se rend en Syrie pour s’informer de la situation. De plus, il a pris la peine de notifier préalablement le Ministre des affaires étrangères Reynders. Avec la meilleure volonté du monde, il est donc impossible de reprocher quoi que ce soit, quant au respect des formes, au sénateur Destexhe.

Au fond. Pendant les années de l’effroyable guerre civile syrienne, des gouvernements européens ont choisi d’armer des « rebelles », prétendûment modérés, qui se sont avérés pour la plupart de féroces islamistes tortureurs et massacreurs de civils. Tenant compte de l’entrée en lice de la Russie aux côtés du régime syrien, les Occidentaux sont progressivement revenus à la raison, et ont cessé d’armer les islamistes. On ne sache pas qu’aucun des champions des « rebelles », tels Laurent Fabius, ait jamais regretté avoir armé les alliés objectifs de ces islamistes qui, en Europe, tuent, massacrent et écrasent des innocents. Et l’on voudrait reprocher à un sénateur la simple rencontre du président syrien, fût-il un concurrent sérieux dans l’abjection avec les islamistes précités ?

Autre exemple : les « returnees », ie les jeunes Européens partis s’engager aux côtés de Daesch avant de revenir tranquillement chez eux (chez nous). Tandis que le Premier ministre australien ne fait pas mystère de son objectif, qui est de « tuer ces traîtres », on entend régulièrement des responsables européens prétendre qu’il faudrait au contraire les réinsérer. Quelle est cette éthique qui accueillerait ceux qui sont, en droit pénal, des traîtres, les bras ouverts, mais qui se révolte à l’idée d’un sénateur parti se rendre compte, à Alep, des horreurs effroyables de la guerre ?

Il pourrait y avoir débat si le sénateur Destexhe avait plaidé ouvertement pour une aide au régime syrien — ce qu’il n’a pas fait. Quand même ce serait le cas, que faut-il comprendre ? Que l’Occident ne peut s’allier qu’avec des Bisounours ? Etrange concept de la diplomatie, qui nous aurait interdit l’alliance avec cet autre boucher célèbre, Joseph Staline, pour venir à bout des Nazis. Signalons d’ailleurs à ces belles âmes que par l’effet de la coordination des F-16 engagés sur place avec les aviations russe et syrienne, l’Occident est déjà en ligue de fait avec le régime de ce Bachar qu’il serait criminel de rencontrer.

Le vrai est que c’est la personne du sénateur Destexhe qui suscite la haine d’une fraction notable de la classe médiatico-académique, à gauche dans son écrasante majorité, et qui ne supporte pas qu’on puisse être de droite, agir et travailler en conséquence.

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