Walter Pauli

« Désormais, c’est le contexte international qui détermine la politique nationale »

Walter Pauli Walter Pauli est journaliste au Knack.

Il n’y a pas d’Intérieur sans étranger. C’est là l’héritage principal de cette année. Des djihadistes partis en Syrie au terrorisme à Paris en passant par les flux de migrants depuis l’Afrique et le réchauffement de la planète : désormais c’est le contexte international qui détermine la politique nationale.

Les politiques belges n’en sont pas encore pleinement conscients. Les représentants du peuple au parlement et au gouvernement semblent toujours d’avis que leurs électeurs de Flandre-Occidentale, d’Anvers ou du Brabant wallon ne voteront pour eux que s’ils s’emparent et résolvent un dossier relatif à leur province. Entre-temps, toute l’Europe s’inquiète des atrocités commises par l’État islamique et du flux de réfugiés qu’elles provoquent.

Les récents développements internationaux suscitent beaucoup de questions et elles méritent toutes une réponse. Notre élite politique a-t-elle déjà réfléchi convenablement au rôle que notre pays peut et doit jouer dans la lutte contre ce terrible EI ? Continuons-nous à nous limiter à l’aide logistique et aux tâches de défense ? Le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders dispose-t-il de la compétence de participer à la réflexion à propos d’une intervention militaire ? Les attaques contre l’EI, après l’opération désastreuse de l’OTAN en Libye, restent-elles limitées par définition à un soutien maritime et aérien ? Le déploiement de troupes au sol est-il tabou ? Quel est notre objectif par rapport à l’EI ? Poursuivons-nous les discussions sur l’endiguement du flux de réfugiés venus de Syrie ? Allons-nous engager de plus en plus d’argent et de moyens, sans oser parler de l’élimination de l’EI ?

N’est-il pas urgent de mener un débat de fond – et c’est valable autant pour le gouvernement de centre droit que pour l’opposition de gauche. Estimons-nous que l’EI représente une menace permanente pour la paix? Un état barbare frappe de manière inadmissible les droits individuels de femmes, d’homosexuels, de chrétiens, de Kurdes, d’yézidis et de centaines de millions de musulmans modérés ? Si oui, combien de temps faudra-t-il encore avant que nous justifiions moralement et éthiquement que nous abandonnons ces gens à leur sort ?

Combien de temps allons-nous encore éviter ce débat? Et ne sommes-nous pas obligés d’en faire un débat « intégré » : une discussion fondamentale à propos des Affaires étrangères sans même parler d’asile et d’aide au développement est-elle possible ? Comment la Syrie se reconstruira-t-elle si le riche Occident ne l’aide pas financièrement ? Si la communauté internationale ne participe pas à la construction de maisons et d’infrastructures, mais aussi au tissu social, aux soins de santé et à l’enseignement ?

Et est-il interdit de vérifier si une partie de l’aide au développement belge ne peut être réorientée vers l’Afrique subsaharienne ? Une région durement touchée par la sécheresse, la pauvreté, la faim et le terrorisme musulman – toutes les calamités du monde ? La Belgique a-t-elle le droit moral de rester absente d’une région qui implore une aide économique et humanitaire ?

Cette année, la Belgique a commémoré la Première Guerre mondiale. N’est-il pas urgent de se concentrer sur les régions dévastées d’aujourd’hui?

Cette année, ce pays a commémoré avec faste la Première Guerre mondiale et les « régions dévastées ». Ne doit-on pas se concentrer d’urgence sur les régions dévastées d’aujourd’hui ?

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