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Des recrues para-commandos maltraitées au cours de leur formation à Namur

Entre missions irresponsables et brutalités gratuites, les recrues du centre d’entraînement de commandos de Marche-les-Dames (Namur) seraient régulièrement victimes de maltraitance de la part de leurs instructeurs, rapporte jeudi De Morgen sur la foi de quatre témoignages anonymes d’ancien et actuels para-commandos.

De Morgen cite huit exemples concrets d’abus dans le camp militaire d’entrainement de para-commandos situé à Marche-les-Dames (Namur). L’un des témoignages concerne des coups portés par trois instructeurs à plusieurs recrues en 2015.

Le parquet de Namur a proposé un règlement à l’amiable aux trois instructeurs visés en 2017, mais un seul d’entre eux s’est acquitté de la transaction dans les délais imposés. Les deux autres ont récemment comparu devant le tribunal de Louvain, qui devrait rendre son verdict le 16 juillet.

Les francophones d’un côté, les néerlandophones de l’autre

Une enquête judiciaire a également été menée dans le cadre d’une autre affaire s’étant déroulée au cours de la formation militaire. Les recrues ont, en juillet 2016, été attachées et laissées dans une étable. Le groupe a alors été divisé en deux, les francophones d’un côté, les néerlandophones de l’autre. Les recrues du groupe francophone ont subi des insultes et des coups portés à la tête durant plusieurs heures par leurs instructeurs. Finalement relâchés, les candidats paramilitaires ont été autorisés à quitter la ferme et retrouver le chemin de Marche-les-Dames par leurs propres moyens, sans se faire repérer par leurs instructeurs. Lorsque trois recrues ont malgré tout été interceptées, de nouvelles scènes de violence ont éclaté et attiré l’attention de témoins. L’un des instructeurs a alors sorti son arme afin d’éloigner les curieux. Lorsque la police s’est rendue sur place, l’instructeur en question a déclaré avoir été menacé au couteau.

Menée six mois plus tard, l’enquête interne n’a presque rien donné. Aucune mesure n’a été prise et la justice n’a pas été informée de ces abus. C’est un para-commando ayant eu vent de l’histoire et s’en étant indigné qui a alerté les autorités judiciaires en 2018. Une enquête menée par le parquet fédéral est actuellement en cours et plusieurs témoins doivent encore être entendus.

Selon les témoignages recueillis par De Morgen, les mesures mises en place par le haut commandement ne suffisent pas à enrayer le problème. Les unités militaires se débarrasseraient des hommes dont ils ne veulent pas en les chargeant de former les recrues, ce à quoi ces instructeurs ne sont pas suffisamment préparés.

La Défense a réagi à l’article du journal en déclarant ne pas vouloir s’immiscer dans les enquêtes judiciaires en cours. « Sachez que nous désapprouvons tout manque de respect envers nos recrues. Si, par le passé, les instructeurs ont dépassé les bornes, nous le regrettons et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que cela ne se reproduise à l’avenir ».

Selon le syndicat militaire ACMP-CGPM, les exigences spécifiques du métier sont telles qu’il « peut y avoir des écarts par rapport aux normes et aux valeurs qui s’appliquent dans d’autres organisations de la société. Toutefois, ces écarts ne doivent pas être une excuse ou une raison pour tolérer des excès et des abus ». Le syndicat condamne vendredi dans un communiqué tout comportement inapproprié au sein de l’armée et souligne que « ce sont des excès contre lesquels la chaîne de commandement doit agir rapidement et de manière décisive ». Un bon encadrement des troupes d’élite, comme les paramilitaires, est par ailleurs crucial, estime l’ACMP-CGPM, « car ce sont précisément ces types d’unités qui souffrent des plus grandes pénuries en personnel ».

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