Des premiers rendements corrects pour la pomme de terre malgré la vague de chaleur

Malgré les deux vagues de chaleur qui se sont abattues en juillet sur l’Europe, les premières pommes de terre belges offrent un rendement plutôt correct, évaluait lundi la Filière wallonne de la pomme de terre (Fiwap). Au rayon légumes, les récoltes d’automne devraient se remettre de leur coup de chaleur estival.

La pomme de terre est principalement récoltée durant les mois de septembre et octobre. La primeur a toutefois déjà pointé le bout de son nez. Pour cette sorte, « les rendements sont corrects à bons, surtout si l’on compare à l’année passée, qui était catastrophique », estime Pierre Lebrun, agronome à la Fiwap.

« Concernant les principales variétés de pommes de terre, on est dans une moyenne de rendement basse: on ne bénéficiera sûrement pas de récoltes records mais on ne craint plus une production extrêmement faible », nuance-t-il. « Les producteurs vont au moins pouvoir honorer leurs contrats. »

La météo déterminera la suite des événements. Si la pluie s’est faite attendre après la sécheresse et la chaleur, « la pomme de terre est un produit qui peut nous surprendre », ajoute M. Lebrun, qui ne se risque plus à établir des prévisions.

En outre, les variétés plantées aujourd’hui sont plus tardives qu’il y a une quinzaine d’années, lorsque la reine des frites, la Bintje, dominait. Cette dernière représente actuellement moins de 15% de la totalité de la surface cultivée. Le mois d’août sera donc encore déterminant pour la majorité de la production. « Chaque kilo compte pour que la culture soit vraiment rentable », conclut l’agronome.

Les caprices du ciel ont également influencé la production des légumes. À l’image du chou-fleur, dont le rendement a été quasi nul pendant au moins quatre semaines d’été. Conséquence: les prix à la criée ont triplé. La canicule a aussi brûlé les jeunes feuilles des cultures. Avec leur racine sous terre, les céleris-raves s’en sortiront donc mieux que leurs cousins à branches.

« La culture en plein air devient difficile, le temps est tellement changeant », remarque Alain Delvigne, conseiller technique au Centre interprofessionnel maraîcher (CIM) de Wallonie. Celui-ci estime les pertes de production à 40 voire 50% pour les plantes qui montent, comme la chicorée scarole ou pain de sucre ou encore la laitue. « Depuis quelques années, et particulièrement depuis deux ans, on assiste à de plus longues périodes de sécheresse, de pluie ou encore de froid ininterrompues. Ces changements sont également plus brusques. »

La douceur de la météo favorise la prolifération d’insectes ravageurs, comme les pucerons ou les papillons. Les grosses chaleurs portent, elles, préjudice aux cultures sous tunnel. Les fleurs des tomates, aubergines et autres concombres avortent en effet dès que les températures dépassent 25 à 30°C, ce qui empêche la fécondation du légume. « Une solution serait de blanchir les abris pour réduire le rayonnement lumineux », sous-pèse M. Delvigne. Cette technique permet de diminuer la température sous serre de 5°C environ. Toutefois, en Belgique, « nous n’y sommes pas habitués car il y a généralement peu de soleil ».

Une autre piste pourrait être de se tourner vers d’autres variétés de légumes. « Les nôtres ne sont pas adaptées à la chaleur et les hivers disparaissent », constate le conseiller au CIM, qui assure, sur une note plus positive, que les récoltes d’automne devraient, elles, se remettre de cet été versatile.

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