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Des élections fédérales anticipées sont ce qui peut nous arriver de mieux

Même la N-VA, le plus grand parti du gouvernement, l’admet: le gouvernement de Charles Michel a perdu la niaque.

Soudain, tout le monde parlait de « dash » (niaque). Le président de la N-VA, Bart De Wever, a utilisé ce mot lors dans l’émission Terzake où il est venu défendre ce qui est à peine défendable : que le gouvernement Michel ne réussit pas à combler les attentes créées autour des finances publiques. Elles peuvent encore être satisfaites, a déclaré De Wever, mais « l’équipe a perdu la niaque ».

Au fond, la conclusion de Bart De Wever intervient bien trop tard. Avant même d’être à mi-chemin de la législature actuelle, il était clair que le gouvernement Michel faisait figure de chiffe molle. Le 10 octobre 2016, c’est devenu indéniable quand le vice-premier ministre Kris Peeters (CD&V) a quitté les négociations et n’est pas revenu. La réaction du Premier ministre Charles Michel (MR) a été d’une telle faiblesse, qu’ensuite on ne l’a plus jamais respecté comme leader. C’est comme nous l’écrivions déjà en 2016 : « On connaissait déjà le phénomène des jeunes qui traînent. À présent, nous sommes confrontés à des ministres qui traînent. Ils aiment surtout bavarder, faire les bravaches et offenser les partenaires de coalition. Manifestement, ils se moquent qu’on ne prend pas de décisions et que les réformes nécessaires se font attendre. »

En d’autres termes, ces dernières décennies nous avons dû subir des équipes gouvernementales fédérales cafouilleuses. En fin de parcours, le gouvernement Verhofstadt II (2003-2007) était épuisé. Le gouvernement intermédiaire Verhofstadt III (décembre 2007-mars 2008) ne représentait rien. Les gouvernements Leterme (mars-décembre 2008 et 2009-2011) et le gouvernement Van Rompuy (2008-2009) donnaient de molles représentations. Et le gouvernement Di Rupo n’a gouverné que deux ans et demi. Malheureusement, l’équipe actuelle cadre parfaitement dans la série.

Si le gouvernement Michel veut terminer son mandat: il doit encore persévérer un an : les élections fédérales et régionales sont planifiées le 26 mai 2019, quand nous allons voter pour le parlement européen. Cependant, on se demande si on peut encore se permettre un an de cafouillage apathique. La réponse est non. L’année dernière, l’économiste gantois Gert Peersman a réalisé à la demande de Knack une comparaison internationale de trois ans de politique économique du gouvernement Michel. La conclusion était déjà que dans pratiquement tous les domaines nous nous en sortons moins bien que la plupart des pays européens, et certainement que nos pays voisins. Cela a été confirmé par les perspectives économiques présentées la semaine dernière par la Commission européenne. Pour ne citer qu’un chiffre, la Belgique est, avec une perspective de croissance pour 2018 de 1,8%, avant-avant-dernière.

Non seulement personne ne croit encore que le gouvernement se ressaisira, mais l’ébauche du budget 2019 correspond aussi au sprint final vers les élections locales. Celles-ci aviveront de toute manière les tensions, et dans ces conditions on ne peut plus s’attendre à un budget sérieux. Pour le reste de la législature, la politique sera à l’avenant.

Des élections fédérales anticipées sont ce qui peut nous arriver de mieux. Cela permettra de connaître les positions de l’électeur et les possibilités de coalition. Même si celle-ci était identique à l’actuelle, ce serait avec d’autres ministres. Ils pourraient prendre un nouveau départ, et – avec la niaque – instaurer les réformes nécessaires. Le plus tôt sera le mieux. Si le gouvernement Michel jette l’éponge avant début septembre, les élections fédérales et locales peuvent coïncider le dimanche 14 octobre.

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