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Des bus pour remplacer les trains non rentables?

La ministre de la Mobilité Jacqueline Galant (MR) souhaite supprimer les trains non rentables et les remplacer par des bus, afin de faire des économies sur le budget de la SNCB, lit-on samedi dans De Morgen.

« Si des lignes ne sont pas rentables, il faut alors les remplacer par des services de bus », déclare-t-elle. Il s’agit de trains transportant trop peu de passagers pour couvrir les frais de leur circulation. « Je ne veux pas supprimer à l’aveugle. Mais si un service de train est trop cher, il est impossible de continuer à le prévoir. Dans ce cas, nous devons trouver une autre solution », estime la ministre.

Jacqueline Galant se dit convaincue que les sociétés de transports en commun régionales (TEC, Stib, De Lijn) pourraient remplacer les trains ainsi supprimés. L’accord de gouvernement stipule en outre que la collaboration entre celles-ci et la SNCB doit être plus importante.

Pour sa part, l’association des usagers des trains navetteurs.be s’inquiète de la possible suppression de certaines lignes « rurales » en Wallonie et le remplacement de trains non rentables par des bus.

« L’association estime qu’il est grand temps que le monde politique prenne conscience des enjeux de la mobilité pour tous les citoyens, qu’ils habitent dans des zones urbaines ou rurales », souligne navetteurs.be dans un communiqué samedi.

L’association reste dubitative quant à la mise en place d’une desserte alternative en bus pour les trains qualifiés de « non-rentables » étant donné que « De Lijn aurait déjà émis une fin de non recevoir tout comme pourrait le faire le TEC ». « Si ces lignes ne sont pas rentables pour la SNCB, pourquoi De Lijn devrait-elle commencer à les assurer? « , s’est en effet interrogé la société flamande.

Pour l’association de navetteurs flamande TreinTramBus, le remplacement de trains par des bus est aussi « inacceptable ».

L’opposition, tant francophone que flamande, dénonce les plans de Galant

Les partis de l’opposition, tant francophone que flamande, ont réagi négativement aux plans de la ministre de la Mobilité Jacqueline Galant.

« Pour le cdH, il est inacceptable que la SNCB et sa ministre de tutelle envisagent ainsi de sacrifier des zones moins densément peuplées où vivent 40% des Wallons. Il s’agit d’un manque de respect pour ces habitants qui seront ainsi confrontés à des problèmes de mobilité pour se rendre sur leur lieu de travail, à l’école, etc. Cette mesure économique va donc clairement à l’encontre de la politique de l’emploi et de la formation », souligne le parti humaniste dans un communiqué.

Le cdH demande dès lors à la ministre MR de « s’expliquer sur ses intentions en matière d’économies à la SNCB, notamment la suppression de lignes de trains ».

Ecolo se positionne également contre la proposition de Jacqueline Galant. « Pour Ecolo, ce démantèlement programmé de l’offre ferroviaire et ce transfert de charge de l’Etat fédéral vers les Régions sont absolument inacceptables », a réagi Ecolo sur son site internet.

Les écologistes estiment qu' »offrir des possibilités de mobilité durable, c’est garantir un avenir économique au pays: les coûts des embouteillages sont estimés à près de 7 milliards d’euros par an », précise le parti des verts rappelant que le budget des TEC est déjà « mis sous pression par le gouvernement wallon PS-CDH, qui a annoncé une réduction de 10% de la dotation à l’horizon 2017 et parle déjà d’y supprimer des services après 2015 ».

Le député PS Laurent Devin a quant à lui énoncé qu’il n’était « pas question de porter atteinte aux services publics en zone rurale. Conserver uniquement des lignes rentables ne répond pas à un objectif de service public. »

Il rappelle que le nouveau plan de transport de la SNCB préserve les petites lignes rurales et s’étonne dès lors « d’entendre maintenant la ministre dire qu’il faut remplacer des trains par des bus. N’est-ce pas un aveu clair que les colossales économies qu’elle veut imposer à la SNCB sont impossibles sans la suppression de nombreux trains ? « , se demande-t-il. « La charge des énormes économies imposées à la SNCB ne peut pas être reportée sur les autres réseaux de transport », selon le député socialiste.

Les partis flamands sp.a et Groen se sont également positionnés en défaveur des plans énoncés par Mme Galant. Les partis du gouvernement fédéral N-VA, CD&V et Open Vld déplacent ainsi une partie des économies à réaliser vers le gouvernement flamand, où ils siègent également et qui mène aussi une « lourde logique d’économie des coûts inacceptable », dénoncent les chef de groupe et parlementaire Groen, Björn Rzoska et Stefaan Van Hecke.

« Le gouvernement fédéral sait très bien que le gouvernement flamand ne va pas défendre bec et ongles le projet de remplacement de trains non rentables par des services de bus. Ces mêmes partis au pouvoir ont déjà imposé une économie de 30 millions d’euros par an à la société De Lijn », souligne Björn Rzoska.

Le parlementaire sp.a David Geerts estime que la ministre Galant veut réellement abolir le transport régional. « Si la ministre veut supprimer les lignes non rentables, il s’agit principalement de lignes qui relient les régions rurales aux capitales provinciales. Mais ce sont justement ces lignes-là qui sont utilisées par des travailleurs ou des étudiants qui ne disposent pas d’une voiture de société. Si ce plan est suivi, les personnes qui vivent en dehors des agglomérations resteront sur le carreau », note-t-il.

Le parlementaire flamand Joris Vandenbroucke (sp.a) juge pour sa part que les plans de Galant, tout comme les mesures d’économies avancées par le ministre flamand de la Mobilité Ben Weyts pour De Lijn, poussent les navetteurs vers la solution de la voiture.

Galant regrette « la mauvaise foi de l’opposition »

Après une journée de vives réactions politiques à l’encontre des plans envisagés par la ministre de la Mobilité, cette dernière a regretté, par voie de communiqué, samedi, « la mauvaise foi de l’opposition au sujet de la suppression de lignes ferroviaires » et surtout le fait que l’opposition ne retienne que cette piste.

« De nombreuses discussions doivent être menées. J’ai déjà rencontré des collègues régionaux et d’autres rendez-vous doivent être programmés. De très nombreuses pistes sont envisagées. Mais je regrette que les partis de l’opposition prennent cette piste comme étant la seule. »

La ministre, qui « travaille sur des économies tout en protégeant la qualité de l’offre et du service », a souligné que « la mobilité est une matière qui concerne les différents niveaux de pouvoir. Je souhaite le respect du fédéralisme de coopération. La mobilité est une chaîne. Nous devons y réfléchir de façon globale et transversale. Il serait insensé de ne travailler qu’à un seul niveau de pouvoir. »

La TEC également en défaveur des plans de la ministre Galant

La Société régionale wallonne des Transports (SRWT), l’organisme qui chapeaute les TEC, s’est dit prête à intensifier sa collaboration avec la SNCB mais pas à remplacer les trains non rentables par des bus, a indiqué Stéphane Thiery, porte-parole du groupe TEC.

« Nous sommes toujours prêts à collaborer avec les chemins de fer pour trouver une meilleure solution de mobilité en vue de satisfaire les besoins de nos clients. Néanmoins, les spécificités de la SNCB répondent à certains besoins et les TEC à d’autres. Le point de rencontre entre les deux, c’est d’améliorer les correspondances, mais pas de remplacer les liaisons ferroviaires par des bus », a souligné le porte-parole.

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