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Demandeurs d’asile: Theo Francken débloque des fonds pour ouvrir des places d’accueil

Le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration Theo Francken a appelé jeudi les villes et communes à ouvrir ou rouvrir des places d’accueil pour les demandeurs d’asile, soulignant au passage l’expertise des pouvoirs locaux en la matière. Les communes et CPAS apprécient les annonces du gouvernement mais restent prudents.

Le gouvernement fédéral avait été interpellé ces derniers jours par les Unions des Villes et Communes de Flandre et de Wallonie qui se plaignaient de n’avoir pas été suffisamment associées à la gestion de l’afflux récent de demandeurs d’asile fuyant les conflits, essentiellement du Moyen-Orient. La concertation est programmée, a assuré M. Francken (N-VA) jeudi, en marge d’une réunion du nouveau groupe de travail (« taskforce ») sur l’accueil des demandeurs d’asile. Il dit attendre des pouvoirs locaux de nouvelles places d’accueil et proposera pour ce faire vendredi au conseil des ministres de dégager les moyens nécessaires sur le fonds de réserve de l’agence fédéral Fedasil. Ces fonds sont engrangés pour répondre à des afflux tels que celui que connaît l’Europe actuellement.

Les initiatives locales d’accueil (ILA) peuvent compter sur 40 euros par jour et par adulte accueilli et 29 euros par enfant, a rappelé le secrétaire d’Etat. « Le plus important est de garantir un accueil pour chacun. C’est un devoir non seulement vis-à-vis de l’international mais aussi un devoir moral », a affirmé M. Francken. « Mais il est aussi nécessaire d’assurer le traitement des dossiers et le retour des demandeurs d’asile déboutés vers leur pays d’origine », a ajouté le nationaliste flamand. Le secrétaire d’Etat refuse de qualifier de crise la situation actuelle, « car chacun reçoit une place ». La taskforce restera active dans les semaines à venir pour s’assurer qu’aucun demandeur d’asile ne passe l’hiver au froid, selon lui. Quant à l’évaluation de l’impact budgétaire de l’afflux sur les CPAS, M. Francken renvoie vers ses collègues de l’Intégration sociale Willy Borsus – qui attend pour la fin du mois une telle évaluation de la part de l’administration – et de la Lutte contre la pauvreté Elke Sleurs.

Les communes et CPAS apprécient les annonces du gouvernement mais restent prudents

« C’est bien, c’est précisément ce que nous avions demandé », a affirmé Piet Van Schuylenbergh (Association des Villes et Communes flamandes, VVSG) à l’annonce par le secrétaire d’Etat Theo Francken du déblocage de fonds de réserve de Fedasil pour (r-)ouvrir des places d’accueil ILA (Initiatives locales d’accueil), organisées par les communes et CPAS.

Ces trois dernières années, les CPAS ont vu la capacité de leurs ILA réduite de plus de 9.200 places à environ 6.000 places, en raison notamment de la baisse de la demande, selon l’Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW). « Mais il est tout à fait possible de revenir à niveau, lorsque l’accueil en ILA représentait 40% du total des places disponibles », selon M. Van Schuylenbergh. « C’est une bonne chose pour résoudre la crise », reconnaît Ariane Michel, conseillère à la Fédération des CPAS de l’Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW).

Mais le nombre de places ILA à (re-)créer reste incertain et dépendra de la volonté des CPAS. Vu les fermetures des dernières années et la fin de plusieurs conventions passées avec le Fédéral, avec licenciements à la clé, certains CPAS seront peut-être refroidis s’ils ne disposent pas de garanties durables de gestion du personnel, a fait observer Mme Michel. Elle rappelle l’inquiétude des CPAS qui devront assumer sur fonds propres les garanties locatives et les premiers loyers des réfugiés reconnus ou des bénéficiaires de la protection subsidiaire, ainsi que l’effort en ressources humaines pour accompagner toutes ces personnes. A ce titre, Ariane Michel juge positive la « réaction rapide » du ministre de l’Intégration sociale Willy Borsus qui a dit mercredi attendre pour fin août une évaluation de son administration, avec une éventuelle révision budgétaire à la clé. Les places ILA (re-)créées viendront en plus des 2.500 places supplémentaires annoncées ces derniers jours par le gouvernement, notamment dans les casernes militaires, et des 900 places d’urgence dans des unités mobiles sur les terrains de Fedasil.

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