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Dégressivité des allocations de chômage : un pas dans la bonne direction, selon le SNI

La dégressivité des allocations de chômage, qui entrera en vigueur jeudi 1er novembre, est « un pas dans la bonne direction », selon le Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI), qui estime cependant que la mesure ne suffira pas et qu’une « approche ferme des chômeurs est nécessaire ».

La dégressivité des allocations de chômage, qui entre en vigueur le 1er novembre, ne suffira pas, estime le SNI, qui veut que les allocations de chômage soient limitées dans le temps.

Le SNI s’inspire ainsi de pays voisins. « En Allemagne, l’allocation est limitée à 24 mois, tout comme en France pour les demandeurs d’emploi qui ont moins de 50 ans. Aux Pays-Bas, l’allocation est limitée à 38 mois. Si l’on ajoute une activation accrue à une telle politique, on rendrait plus de services aux 431.000 demandeurs d’emploi que l’ONEM comptait en septembre. »

Une approche ferme limiterait également le nombre de « faux candidats », selon le syndicat. « Maintenant que les chômeurs sont de plus en plus activés et qu’ils doivent prouver qu’ils sont activement à la recherche d’un nouveau job, beaucoup plus de PME reçoivent des sollicitations de personnes qui ne sont vraisemblablement pas intéressées par le poste vacant, mais qui ont quand même postulé pour ne pas perdre leur allocation de chômage. » Durant ces deux dernières années, 68% des patrons de PME auraient été confrontés à ces pratiques, selon une étude du SNI.

Associations et syndicats sont inquiets

La CSC dénonce « un appauvrissement collectif des chômeurs ». « Aujourd’hui déjà, plus d’un tiers des chômeurs sont pauvres et cette situation ne fera qu’empirer. Un chef de ménage chômeur de longue durée verra le montant de son allocation réduite à environ 1.090 euros par mois, soit 31% en dessous de la norme de pauvreté européenne. De ce fait, le risque de pauvreté des enfants augmente sensiblement. »

La réforme aura pour conséquence de renforcer une précarisation grandissante chez les jeunes, déplore le Conseil de la Jeunesse. « Dorénavant, les allocations d’insertion seront limitées à 3 ans pour les cohabitants (quel que soit leur âge) et à l’âge de 30 ans pour tous.

Ainsi, dès le 1e janvier 2015, des dizaines de milliers de jeunes seront purement et simplement exclus du chômage. » En outre, le stage d’insertion professionnelle sera allongé de 9 à 12 mois, relève le CDJ.

La plate-forme féministe socio-économique – qui regroupe 21 organisations – regrette que « le passage plus rapide au forfait affectera tout particulièrement les mères chômeuses ayant charge de famille, dont l’allocation pourra encore plus rapidement descendre jusqu’à 1.090 euros par mois, bien loin du seuil européen de pauvreté (1.300 euros pour une personne avec un enfant à charge) ». Par ailleurs, les restrictions concernant la définition d’un emploi convenable rendra impossible aux femmes avec charge de famille d’assurer à la fois emploi et soins aux enfants, estime-t-elle.

« Sachant que ces mesures concernent près de 130.000 personnes, on imagine que le gouvernement a pris cette mesure de manière responsable avec l’assurance que, en cette période faste, quelque 130.000 emplois correctement rémunérés attendent, en piaffant d’impatience, ces allocataires », ironise La Ligue des Droits de l’Homme.

Le Réseau wallon de Lutte contre la Pauvreté, dont le pendant flamand a déposé un recours au conseil d’Etat contre la mesure, évoque un « sacrifice des chômeurs et des travailleurs sur l’autel de l’austérité ».

La Fédération des Services Sociaux déplore « une représentation erronée du chômeur, qui laisse entendre que celui-ci développerait une mentalité d’assisté social » et une mesure qui va « précipiter les gens dans la pauvreté ».

Le Vif.be, avec Belga

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