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Décès de Mawda : Francken menace les recteurs d’universités d’un « retour de boomerang »

« Si les recteurs veulent jouer à un petit jeu politique sur les dossiers de migration, ils seront confrontés à un retour de boomerang. Tant sur le fond que publiquement », a tweeté jeudi matin Theo Francken (N-VA), le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration.

Mardi, les 11 recteurs des institutions universitaires francophones et néerlandophones de Belgique avaient adressé une lettre au Premier ministre Charles Michel dans laquelle ils disaient appuyer la demande de régularisation définitive de la famille de Mawda.

Cette régularisation permettrait à la famille de la fillette, tuée par une balle de la police, « de suivre la procédure judiciaire et de se recueillir sur sa tombe », écrivaient-ils notamment en exprimant par ailleurs leur préoccupation « devant le climat actuel à l’égard des migrants qui conduit à une dégradation progressive du respect dû aux personnes et de la protection des plus vulnérables dans nos sociétés ».

Une lettre qui a fait réagir, jeudi matin, Theo Francken sur Twitter, celui-ci y menaçant les recteurs d’un « retour de boomerang, tant sur le fond que publiquement ». Ce tweet polémique faisait suite, lui-même, à deux autres messages, postés également jeudi matin et dans lesquels le secrétaire d’Etat s’interrogeait entre autres sur le respect de l’esprit académique de la part de recteurs « ne connaissant pas les détails du dossier ». « Les recteurs qui signent une lettre collective à propos d’un dossier dont ils ne connaissent pas les détails et pour lequel l’enquête est encore en cours. N’est-ce pas contraire l’esprit académique lui-même? Si triste », s’interrogeait-il ainsi dans l’un des tweets.

« Les recteurs connaissent-ils le dossier? Je ne sais pas s’il est sage pour des recteurs de s’engager dans cette voie. J’ai l’impression que de nombreux professeurs appuient ma politique », ajoutait-il.

D’autres, par contre, n’ont pas manqué de faire part de leur désapprobation et de leurs craintes. « Ce gouvernement aura profondément repoussé les limites de la décence et de la responsabilité politique. Et c’est terriblement inquiétant pour notre démocratie », a ainsi répondu, sur le même réseau social, Patrick Dupriez, le co-président d’Ecolo. Un avis partagé, du côté des verts, par Zakia Katthabi, Philippe Henry ou encore Jean-Marc Nollet.

« La démarche des recteurs, par delà les clivages philosophiques et linguistiques, relève d’une fonction morale et intellectuelle qui est celle des universités dans notre démocratie. La réponse qui leur est opposée n’a pas sa place dans le débat public », a de son côté tweeté le ministre-président bruxellois, Rudi Vervoort. « Il est totalement inacceptable que Theo Francken menace les recteurs de nos universités qui sont pleinement dans leur rôle et leur mission de conscience morale et intellectuelle. Jusqu’où oseront-ils aller ? @CharlesMichel @FranckenTheo », a renchéri Jean-Claude Marcourt, le ministre en charge de l’enseignement supérieur à la Fédération Wallonie-Bruxelles. « Un nouveau cap est franchi dans la #brutalité et la #terreur! @FranckenTheo menace les #universités d’un « retour de #boomerang ». Si les #recteurs ne peuvent plus s’exprimer aujourd’hui qui le pourra encore demain??? « , a ajouté André Flahaut tandis que la FGTB a pointé un gouvernement « qui aura décidément fait tomber toutes les barrières de la décence et fait voler en éclats les valeurs démocratiques ».

Constat identique au cdH où Catherine Fonck a tweeté: « Par contre BDW, lui, peut s’exprimer car il connaît les subtilités et les éléments confidentiels du dossier qu’il a balancés publiquement….Et qui lui ont été fournis par le #begov? #NoLimit #Mawda ». Le député George Dallemagne interpellera le Premier ministre à ce sujet ce jeudi après-midi à la Chambre, rappelle par ailleurs le parti.

En fin de matinée, Theo Francken a finalement nuancé son propos. Après avoir estimé qu’il s’agissait de « faits » et non de menaces à l’égard des recteurs, il a indiqué, toujours sur twitter, trouver « bien » que ces derniers fassent entendre leur voix. « Mais sur un dossier de migration individuel pour lequel il existe encore tant d’incertitudes, il vaut mieux être prudent. Dans le cas contraire, le boomerang menace », a-t-il toutefois mis en garde.

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