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Décès d’un SDF à Namur : réflexion en cours pour adapter les mesures d’accueil

L’accueil des personnes précarisées ne peut se faire sans aucune balise, a estimé mercredi l’échevine namuroise de la cohésion sociale, Stéphanie Scailquin, lors d’un point presse après le décès d’un SDF, qui a fait couler beaucoup d’encre.

Jean-Luc, un homme âgé d’une cinquantaine d’années sans domicile fixe, est mort dans la nuit du 6 au 7 mars dernier au CHR de Namur. Pour l’échevine, ne plus avoir aucun quota de nuitées autorisées à l’abri de nuit situé derrière la gare de Namur n’est pas une solution.

« L’accueil ne peut pas être inconditionnel pour des raisons évidentes de manque de place et de demandes trop importantes », a-t-elle dit. C’est pourquoi une réflexion va être lancée afin d’instaurer de nouvelles mesures en concertation avec tous les acteurs concernés pour être plus proche de la réalité des grands précarisés.

Celle-ci portera sur plusieurs facteurs: la disponibilité des lits (actuellement de 33), le nombre de nuitées, la question des températures minimales et l’assouplissement des dérogations. En outre, des réunions seront plus régulières entre les services pour s’assurer que chaque personne précarisée est prise en charge d’un côté ou d’un autre.

Autres pistes de réflexion: un abri de jour pour répondre à la question des très grands précarisés ou l’insertion d’un personnel médical au sein de l’abri de nuit. « Cela doit être mûrement réfléchi pour ne pas dénaturer le projet initial social de l’abri », explique Stéphanie Scailquin.

L’échevine a confié qu’elle-même, l’ensemble de la Ville de Namur ainsi que les travailleurs sociaux avaient une pensée émue pour Jean-Luc et sa famille. Elle a tenu a rappeler qu’il fallait contacter le 0800/124.20 si quelqu’un croise un jour une personne nécessitant de l’aide.

A l’abri de nuit, les SDF sont accueillis en permanence de décembre à février et le reste de l’année, ils ont droit à un quota de quarante-cinq nuits, sauf lors de nuits à -5 degrés de novembre et mars. Jean-Luc avait épuisé son quota de quarante-cinq nuitées. L’accès lui a donc été refusé comme le veut le règlement alors qu’il y avait encore des places disponibles. Mais le lien ne peut toutefois pas être encore clairement établi entre ce constat et son décès.

« Il a été admis au CHR le 6 mars à 20h22 (soit avant l’ouverture de l’abri de nuit à 21h00, ndlr) et est décédé le 7 mars au matin. Vu son état de santé, l’hôpital était l’endroit le plus approprié pour lui. Il est mort dans la dignité », a déclaré l’échevine.

Quand un journaliste lui a demandé quand Jean-Luc s’était présenté pour la dernière fois à l’abri de nuit, elle a répondu que ce serait à l’enquête de le déterminer. L’affaire a en effet été mise à l’instruction. « Nous attendons avec sérénité et confiance cette instruction. C’est une personne extérieure objective qui retracera le fil de l’histoire de Jean-Luc et ses derniers instants », a seulement répondu Stéphanie Scailquin. Elle regrette « les raccourcis et les mauvais jugements » qu’elle a pu lire sur les réseaux sociaux et ajoute que « travailler avec de l’humain est un travail quotidien qui demande une remise en question perpétuelle ».

En 2014, le nombre de nuitées à l’abri de nuit s’élevait à 8.131 et 645 personnes différentes y ont été hébergées (545 hommes et 100 femmes). La règle du quota de quarante-cinq nuits a été adoptée en juin 2012 par l’ensemble du conseil communal car « l’abri de nuit ne peut pas offrir de logement de façon permanente et doit être un transit vers une autre vie ».

Vu les événements dramatiques, les quotas seront levés jusqu’à la fin de mois de mars. Cette première mesure sera ratifiée lors du conseil communal de jeudi soir.

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