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Début du ramadan en Belgique: un double bouleversement pour les musulmans cette année

Le mois de jeûne du ramadan commence vendredi pour les musulmans de Belgique, en pleine pandémie de coronavirus. Plus que jamais cette année, ce mois particulier bouleversa les habitudes des fidèles, tiraillés entre privation de nourriture et confinement.

Jusqu’à la prochaine nouvelle lune, les musulmans sont invités à s’abstenir de manger, boire, fumer et avoir des rapports sexuels de l’aube au coucher du soleil. Ce mois est également un moment de dépassement et de maîtrise de soi, pendant lequel il est notamment vivement déconseillé de se laisser submerger par la colère ou de médire sur autrui.

« La période du ramadan est un mois de réjouissance, de retrouvailles en famille, de solidarité et de redécouverte de soi », explique l’imam de la plus grande mosquée de Verviers, Frank Hensch. « La privation de nourriture nous permet de découvrir d’autres volets de notre humanité et de notre potentiel », ajoute-t-il.

En raison des mesures de confinement afin d’endiguer la propagation du coronavirus, certains rites seront cependant modifiés. La rupture du jeûne quotidienne le soir, lors du repas de « l’iftar », se fera ainsi chez soi, en privé, alors que les communautés, les familles et les amis se réunissent habituellement pour casser la croûte tous ensemble.

« Le bouleversement sera donc double pour les musulmans cette année », expose Frank Hensch. « D’abord parce que le ramadan est un mois particulier qui bouscule nos habitudes et qui laisse place à l’introspection. Ensuite, parce qu’avec le confinement, tout le vécu communautaire ne pourra pas avoir lieu. Au mieux, les fidèles verront le visage de leurs proches apparaître sur un écran pour rompre le jeûne » virtuellement ensemble.

Sauf nouvel ordre, aucun rassemblement pour les grands repas du soir ne sera en effet permis cette année, ni même pour la prière nocture à la mosquée (tarawih). Il va sans dire que les voyages dans les villes saintes de l’islam sont également proscrits.

« Toutefois, le jeûne couplé au confinement nous fera goûter au manque, encore plus que les années précédentes. De quoi peut-être développer de l’empathie pour les personnes qui sont isolées toute l’année« , indique M. Hensch. Sans célébrations dans les mosquées, aucun récitateur ni prédicateur provenant de l’étranger ne seront nécessaires pour venir prêter main forte aux imams de Belgique. « Cela n’empêche toutefois pas la pratique du culte. On peut très bien prier sans imam, même s’il n’y a pas le ressenti fraternel qu’on éprouve lors de la prière collective », concède Frank Hensch.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs capsules vidéos offrent un soutien spirituel aux fidèles. La Grande mosquée de Bruxelles diffusera par ailleurs des discours religieux.

Le ramadan est le neuvième mois du calendrier lunaire hégirien, dont le premier jour est déterminé localement par l’apparition de la nouvelle lune. Il est considéré comme le mois au cours duquel le Coran a été révélé au prophète Mohammed. Il s’agit d’une période de prière et, pour ceux qui ne sont pas dispensés en raison de leur état physique, de jeûne, lequel constitue l’un des cinq piliers de l’islam. Il se termine avec la fête de l’Aïd al-Fitr, un mois plus tard.

Le ramadan commence vendredi en Belgique, selon le conseil des théologiens, rattaché à l’Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB), qui s’est réuni jeudi soir. L’EMB a adressé à cette occasion « ses meilleurs voeux » à toute la communauté musulmane de Belgique et souhaité « que ce mois béni s’inscrive dans la sagesse, la patience et la solidarité, en particulier dans ce contexte de pandémie que nous vivons. »

Pour cette année exceptionnelle, l’organisation mondiale de la Santé (OMS) a clairement préconisé « l’annulation des rassemblements sociaux et religieux », y compris « dans des lieux associés aux activités du ramadan, tels que les lieux de divertissement, les marchés et les magasins ». Mais elle précise toutefois que le confinement ne dispense pas les musulmans « en bonne santé » de jeûner, « comme les années précédentes ».

La Belgique compte approximativement 600.000 personnes de culture musulmane, selon une estimation datant de 2018 de la professeure en sciences politiques à l’ULB, Corinne Torrekens. Aucune statistique officielle sur les confessions religieuses de la population n’existe en Belgique.

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