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Débrancher les radars une fois les quotas atteints : le principe divise

La volonté du ministre de la Justice Koen Geens de remplacer les marges de correction supplémentaires lors des contrôles de vitesse par des quotas est « irresponsable », selon les syndicats policiers SNPS et SLFP.

Tous deux déplorent un mauvais signal envoyé à la population, et y voient un danger pour la sécurité routière. L’Institut belge pour la Sécurité routière (IBSR), quant à lui, tempère, mais voudrait aller plus loin.

Une zone de police sur six a recours à des marges de correction supplémentaires à celles légales lorsque les automobilistes sont flashés sur leur territoire. Les zones concernées étendent ainsi la marge de correction à 11 km/h, au lieu des 6 km/h appliqués par rapport à la vitesse maximale autorisée, dans le but d’alléger la charge de travail des parquets face à l’afflux de procès-verbaux.

Le ministre Geens ne veut plus de cette « tolérance », et souhaiterait la remplacer par des quotas. Concrètement, les radars seraient mis en veille une fois la capacité des parquets atteinte. La volonté du ministre divise. « C’est un mauvais message envoyé à la population », déplore Vincent Gilles du SLFP Police. « C’est ambigu et hypocrite, et contraire au véritable combat contre la vitesse. »

Du côté du syndicat, on craint surtout une mauvaise coordination entre les parquets et les policiers, qui pourrait engendrer une charge de travail inutile pour ces derniers s’ils traitent les images de radars finalement « hors quota ». Le SNPS s’interroge également sur la « plus-value pour la sécurité routière » et s’inquiète de la mise en oeuvre des quotas. « On ne peut pas simplement débrancher les radars une fois les capacités atteintes, c’est irresponsable », souligne le secrétaire national du SNPS, Jérôme Aoust.

Du côté de l’IBSR, on tempère. « L’idéal serait évidemment que les parquets aient la possibilité de sanctionner 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 les chauffards, mais leurs capacités sont ce qu’elles sont », commente le porte-parole Benoit Godart. L’avantage des quotas, si le système est mis en place intelligemment – entendu avec souplesse – est qu’il permettrait « de sanctionner effectivement les chauffards alors qu’aujourd’hui de nombreux procès-verbaux sont jetés par manque de capacités des parquets ».

L’essentiel reste que les conducteurs gardent le sentiment de pouvoir être flashés à n’importe quel moment, et que les radars soient donc mis en veille « de manière aléatoire ». Ceci dit, « il n’est pas normal que les capacités des parquets soient si rapidement atteintes », déplore l’IBSR qui voudrait aller plus loin, vers un système juridique simplifié tel qu’il existe en France. (

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